Maire de la principale ville de la région anglophone du Sud-ouest plongée depuis près de deux ans dans la désobéissance civile, Patrick Ekema Esunge qui a déjà fait parler à plusieurs reprises de son hostilité notoire pour le séparatisme qui fait courir certains de ses congénères, vient de se faire remarquer à l'occasion d'un entretien avec un journaliste de la radiotélévision gouvernementale, CRTV (antenne régionale du Sud-ouest) par une rocambolesque suggestion : l'arrestation des parents et proches des hors-la loi en lieu et place de ces derniers qui se révélent hors de portée des autorités camerounaises.
Rendu à l'antenne régionale Crtv pour annoncer la distribution par l'exécutif communal de Buea dont il est le chef du matériel scolaire aux élèves et étudiants de cette ville dans la perspective de la rentrée scolaire 2018-2019 qui a lieu lundi, l'édile de Buea qui est préoccupé par le mot d'ordre de boycott de toutes les activités y compris scolaires, lancé depuis fin 2016 par les sécessionnistes, a souhaité que pour mettre la pression sur les activistes partisans de la création d'un Etat anglophone regroupant les actuelles régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest du Cameroun, les autorités puissent mettre aux arrêts leurs parents.
« Une petite minorité ne peut pas établir des règles pour la majorité. Nous connaissons tous les familles de ces activistes auteurs de tous ces désastres », a averti le magistrat municipal, tout en affirmant déplorer le fait que la loi ne permette pas de les arrêter. Pour préciser sa pensée, Patrick Ekema a ajouté : « Il est vrai qu'on ne peut pas mettre la main sur les activistes de la diaspora. Je connais par exemple mon ami Njie Makongho David qui fait partie de ceux qui commettent ces massacres ».
Il y a un peu plus d'un mois, le maire de Buea s'est signalé en scellant les agences de grandes entreprises installées dans sa ville qui gardaient portes closes de crainte d'être attaquées par les sécessionnistes. Les agences Ecobank (banque) Mtn, Orange (opérateurs télécom) et des hôtels ainsi que des agences de voyages avaient ainsi subi ses foudres, et des commentateurs avaient accusé le maire de renforcer d'une certaine manière le mot d'ordre de « ville morte » à Buea où, comme partout dans les régions anglophones, toutes les activités sont aux arrêts. Par la suite, toujours pour manifester sa loyauté vis-à-vis des institutions qu'incarne le président de la République et président du parti-Etat Rdpc sous la bannière de laquelle il a été élu à la tête de la commune, il a mobilisé près de deux cents hommes et femmes pour braver les sécessionnistes en effectuant une marche sur quelques kilomètres pour appeler au retour de la paix dans les régions en proie à la violence.
Lors de son intervention à la radio, ce maire qui est accusé d'avoir abattu un manifestant anglophone le 22 septembre 2017 lors de la marche des populations anglophones pour exiger la libérations de leurs proches arrêtés, déportés à Yaoundé et détenus pendant neuf mois sans jugement ni comparution devant les tribunaux, a invité les populations de sa ville à tenir compte de l'impossibilité légale de mettre la main sur les familles des activistes séparatistes à l'instar de Tapang Ivo et Marc Bareta, et donc d'user à leur tour de méthodes illégales pour leur pourrir la vie. Pour ce faire, il suggère rien moins que de « bien tenir leurs familles en captivité, ainsi ils vont se rétracter et la paix sera restaurée ».
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Pour finir, monsieur Ekema s'est dit choqué par les dégâts causés par l'«égoïsme » des sécessionnistes, les pertes en vies humaines de «plusieurs centaines de jeunes, de personnes âgées, de militaires et de personnes de tous horizons».
Ce n'est pas la première fois que le maire de Buea s'illustre par des sorties aussi grossières qu'indignes et irresponsables pour une personnalité de son rang.
Lors de la timide marche du 31 juillet évoquée supra, il avait carrément imploré du président de la République la militarisation totale de la région du Sud-ouest alors que tout le monde reconnait ici au Cameroun, y compris dans les rangs du parti au pouvoir, que la solution à la crise meurtrière que connait la partie anglophone du pays ne saurait en aucune manière être militaire, mais que cette option ayant montré ses limites en faisant s'enliser le conflit, il est temps d'envisager une solution prioritairement politique.
Bien plus, à l'occasion de cette marche, qu'il avait organisée dans le double but d'exiger la libération des chefs traditionnels anglophones supposément enlevés par les sécessionnistes pour leur copinage avec le régime des "oppresseurs" de Yaoundé, et de dénoncer la conférence pour la paix convoquée par des dignitaires religieux anglophones dont le Cardinal Christian Tumi, Archevêque émérite de Douala et personnalité très respectée au Cameroun, ainsi que le greffier synodal de l'Eglise presbytérienne du Cameroun (Pcc) et les imams des mosquées centrales de Bamenda et de Buea, dans l'optique de négocier le retour de la paix dans les régions anglophones, ce bon truand de maire avait, devant un gouverneur du Sud-ouest ébahi, menacé de faire des ravages et de répandre le sang à Buea, si le gouvernement approuvait que ce tienne dans cette ville qu'il dirige, la conférence visant à rechercher une paix durable dans les régions tourmentées.
Un zèle idiot exprimé publiquement avec un sans-gêne notoire que n'avait pas semblé apprécier le gouverneur Okalia Bilai –pourtant réputé pour sa dureté-.celui-ci lui avait seulement répondu par une promesse de transmettre sa requête et ses préoccupations à qui de droita simplement promis de transmettre ses préoccupations à l'autorité supérieure. Non sans avoir appelé à la réconciliation, la paix, la non-violence et la coexistence pacifique, et affirmé que le dialogue avait déjà commencé et que ceux qui sont dans les buissons devaient abandonner leurs armes parce que le dialogue ne peut avoir lieu que dans un endroit où règne la paix.