En attendant la libération de leur leader Julius Ayuk Tabe arrêté au Nigeria puis extradé au Cameroun, les séparatistes anglophones viennent de désigner un chef intérimaire. Et Samuel Sako Ikome promet déjà de poursuivre la « légitime défense » face à Yaoundé.
Le Conseil national du sud du Cameroun (SCNC), mouvement indépendantiste de la partie anglophone de l’ouest du Cameroun en passe de prendre des allures d’une hydre. Alors que l’on présageait son essoufflement suite à l’arrestation en janvier de son chef Julius Ayuk Tabe, le groupe refait parler de lui. De manière fracassante. Les séparatistes ont désormais un nouveau chef: Samuel Sako Ikome.
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Pas assez d’informations sur le profil du nouveau leader. Moins encore sur la manière dont il a été porté à la tête du mouvement. Toutefois, Sako Ikome se définit comme le président par intérim de la « République d’Ambazonie ».
Et en guise de prestation de serment, le leader par intérim s’est exprimé dans un message de près de 21 minutes posté sur Youtube. Question de définir les axes prioritaires de sa gouvernance.
« Maintenant, c’est l‘ère de l’autodéfense. Une autodéfense qui se veut efficace conformément au plan légitime de protection de la communauté d’Ambazonie. Cela nous permettra de stopper la destruction aveugle des vies et des biens dans l’Ambazonie », a déclaré Samuel Sako Ikome.
Une entreprise dont le succès dépend de la cohésion entre les membres de la communauté. “Nous allons donc oeuvrer à fédérer et rassembler tous les groupes d’autodéfense et de sécurité et je les rejoindrai dans les jours à venir”, a-t-il ajouté.
Dénonçant l’opération « planifiée » par les gouvernements nigérian, français et camerounais pour l’arrestation de son leader avec 46 autres membres du groupe indépendantiste, Samuel Sako Ikome se dit disposé à continuer à « servir et protéger les Camerounais résidant dans les zones anglophones contre les zones camerounaises d’expression anglaise ».
En novembre dernier, les autorités camerounaises ont émis des mandats d’arrêt internationaux contre quinze dirigeants du SCNC. Principale personne visée, Sisiku Ayuk Tabe, d’après un site camerounais.
Entre 7000 et 28000 personnes réfugiées dans l‘État de Cross river
Pour Yaoundé, le SCNC serait à l’origine de la flambée de violence dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest. Les deux zones connues sous le nom de « Cameroun anglophone » ont été théâtre des affrontements entre les forces pro-gouvernementales et les sécessionnistes.
Ces affrontements ont débuté en octobre 2017 lorsque la Force publique a réprimé « violemment » voulu empêcher la proclamation symbolique de l’indépendance de la République d’Ambazonie. Plusieurs personnes ont été tuées, blessées et arrêtées, selon des ONG.
Suite aux attaques contre les forces de sécurité (police, soldats, gendarmes), le président Paul Biya a déclaré la guerre au groupe. Les représailles menées par les forces de sécurité ont poussé des milliers de personnes à l’exode au Nigeria. Selon le Haut commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (UNHCR) plus de 7000 personnes se seraient réfugiées dans l’Etat de Cross river au Nigeria. L’Agence nigériane de gestion des urgences (SEMA) évoque pour sa part le chiffre de 28 000.
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