Parmi les victimes enregistrées au courant de la semaine écoulée, une famille d’une dizaine de personnes dont des enfants d’un et 8 ans, des étudiants et un pasteur d’une église protestante qui serait d’origine ghanéenne.
«Hier (le 12 juillet dernier, ndlr), des militaires camerounais ont tué ma tante, mon cousin et 10 membres de ma famille étendue à Batibo. Ils vivaient en brousse depuis plusieurs mois et voulait simplement chercher à manger. Ils ont couru pour se mettre en sécurité dans une maison mais ils ont été abattus à l’intérieur », raconte sur son compte Twitter (voir le tweet plus bas) Achoh Ethel, chercheuse et bloggeuse originaire de Batibo. Le massacre a eu lieu précisément dans le village Tiben et d’après des investigations menées par www.hurinews.com, ce sont 15 membres de cette famille (voir la liste ci-dessous) qui ont été massacrés par des militaires camerounais.
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Isaac Attoh, pasteur ghanéen et des fidèles tués à Batibo
Une semaine d’enfer vient donc de s’achever pour les populations du Southern Cameroon. Le 8 juillet dernier, 6 civils dont un malade mental ont été abattus pour certains à leurs domiciles par l’armée camerounaise à Kumba au cours des combats entre cette dernières et des forces indépendantistes. Pour masquer ce crime, des photomontages des corps de ces jeunes ont été effectués par des agents du régime de Paul Biya avec des armes à leurs mains. Histoire de les faire passer pour des combattants indépendantistes. Le 11 juillet, 5 étudiants ont été sortis du campus de l’Université de Bambili à Bamenda et abattus à bout portant par l’armée, à en croire Center for Human Right and Democracy in Africa, une ONG dirigé par Me Agbor Balla, avocat et ancien détenu politique anglophone libéré fin août dernier.
Cour pénale internationale
Le 14 juillet dernier, le corps d’un pasteur et de 2 de ses fidèles ont été découverts au petit matin dans la cour de l’hôpital de Batibo. De sources concordantes, il s’agit d’un pasteur ghanéen arrivé la veille d’Accra au Ghana pour une mission évangélique. La famille du pasteur interrogée par nos confrères de National Telegraph accuse l’armée camerounaise de l’avoir tué et promet de traîner Paul Biya devant la Cour pénale internationale. Au total, 29 civils ont été massacrés par les forces de terreur du régime de Paul Biya dans le Southern Cameroon. Il est question pour ces dernières, de contenir les revendications indépendantistes anglophones qui, depuis octobre dernier, ont pris la tournure d’une révolte armée.
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Rappelons que le peuple du Southern Cameroon avait décidé en août 1959 que l’ONU lui soumette à deux questions au plébiscite : l’intégration au Nigéria ou l’indépendance totale. Mais l’ONU leur a imposé le rattachement au Cameroun en violation de sa Charte. Dès 1961, au lieu d’une union en bonne et due forme, le gouvernement de la République du Cameroun (français), en complicité avec la France, va engager un processus d’annexion du Southern Cameroon qui va se solder en 1972 par la division de ce territoire en deux régions appelées de nos jours « régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ». C’est contre cette annexion que se battent les Anglophones.