Le Rhedac est en pourparlers avec l'homme d'église après le premier échec enregistré dans l’organisation d'une conférence générale anglophone.
La rencontre s'est déroulée le 14 août 2018 à Douala.
Entre Maximilienne Ngo Mbe, la directrice exécutive du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac), Me Alice Nkom, avocate et présidente du conseil d'administration du Rhedac, et le cardinal Christian Tumi, archevêque émérite de Douala. Au centre de leur conciliabule, la crise anglophone. Précisément, la possibilité de l'organisation d'un débat national autour de cette crise sociopolitique en cours dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Si le Cardinal Christian Tumi propose la «All conference anglophone» comme point de départ d'un dialogue national inclusif, le Rhedac penche plutôt en faveur d’une «Commission vérité, Justice et Réconciliation».
Deux démarches complémentaires dans la recherche de la paix. «Nous allons rencontrer le cardinal Tumi afin que nous nous accordions sur certaines choses», dira simplement Maximilienne Ngo Mbe. Le Rhedac propose plus concrètement, la suspension du processus électoral en cours, et la désignation d'une "pré-équipe" chargée d'identifier les parties prenantes à cette assise.
Pré-équipe composée de la société civile, 20 personnes dans les 10 Régions, la Commission nationale des droits de l'Homme et des libertés (Cndhl), et des hommes d'église. En deuxième étape, le Redhac envisage la convocation de quelques personnalités africaines pour la facilitation des travaux : Thabo Mbeki, Helen Johnson Serleaf, Amadou Toumani Touré, Jerry Rawlings, les anciens présidents d'Afrique du Sud, du Libéria, du Mali et du Ghana, et Paul Kagame du Rwanda, président en exercice de l'Union africaine (UA).
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Seront également convoquées, les victimes des exactions des forces de sécurité, leurs familles, les victimes des exactions des sécessionnistes, de Boko Haram et autres groupes rebelles de l'Est, leurs familles, les partis politiques, les forces de défense, les hommes d'église, les chefs traditionnels et des représentants de quelques ministères du gouvernement. Au total, 2000 personnes. Le cardinal Christian Tumi et Me Alice Nkom joueraient le rôle de conseillers.
MYSTÈRE
Pourtant, l'archevêque émérite de Douala entend également faire prospérer sa propre démarche, celle d'une conférence générale anglophone proposée le 25 juillet à Douala. Prévue pour se tenir les 29 et 30 août 2018, l'assise a été renvoyée sine die. D'après le cardinal Christian Tumi, accompagné d'Alhadji Mohammed Aboubakar et Tukur Mohammed Adamu, les imams des mosquées de Buea et Bamenda, ainsi que du chef de l'église presbytérienne du Cameroun, la «All anglophone conference » a pour objectif de «désigner les représentants anglophones dans l'éventualité d'un dialogue national sur la crise anglophone ».
Ces représentants seront choisis parmi, dit le communiqué final du 25 juillet 2018, ceux dont les ancêtres sont issus des 13 départements qui composent les deux Régions anglophones du Cameroun, et ceux dont les ancêtres s'y sont installés permanemment avant 1961. Simon Munzu, ancien assistant et porte-parole de Ban Ki Moon, l'ex-secrétaire général des Nations-Unies, avait été choisi pour conduire la conférence générale dont la tenue devait être précédée par un «cessez-le-feu» bilatéral entre les belligérants.
Le gouvernement camerounais s'est vivement opposé à cette dernière proposition même s'il est favorable à «toute initiative, d'où qu'elle vienne», pourvu qu'elle contribue à consolider la paix, à restaurer la paix sur l'ensemble du territoire, là où cette dernière est menacée. «Toutefois, on ne peut pas se permettre de placer au même niveau l'armée républicaine dont la mission régalienne est la protection des frontières de la Nation, de l'ordre républicain des hommes et de leurs biens et des bandes armées, des terroristes qui tuent, égorgent et brûlent des écoles», dixit Issa Tchiroma Bakary, le ministre de la Communication.