Ignorée lors du réaménagement gouvernemental du 2 octobre 2015, alors que bon nombre d’observateurs de la scène politique lui vouaient une place au sein du gouvernement, la fille cadette de l’ex-Président du Cameroun serait à la croisée des chemins.
Selon L’œil du Sahel N°748 du lundi 19 octobre 2015, Aminatou Ahidjo vit aujourd’hui accrochée à toutes sortes de promesses et de rumeurs, comme celle qui est répandue et qui l’annonce à la tête de la Société Nationale des Investissements (SNI), en remplacement de Yaou Aïssatou.
En effet, le journal indique que c’est une grande surprise qu’Aminatou Ahidjo ne fasse pas parti de l’équipe gouvernemental après son étonnant encartage dans les rangs du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), parti au pouvoir, en septembre 2013, à quelques jours seulement des élections législatives et municipales. Une absence qui surprend bien d’observateurs politiques, lesquels n’ont eu de cesse de supputer sur l’épaisseur du strapontin ministériel qui devait lui être royalement attribué.
Aujourd’hui, Aminatou Ahidjo est plongée dans le doute. «Elle n’est pas sereine en ce moment. Après tout, ses conseillers lui avaient mis en tête qu’elle devrait normalement être récompensée et cela n’a pas été le cas», a expliqué au journal un de ses rares fidèles qui croit encore à son étoile. La «petite» a pourtant bousillé jusqu’à sa propre génitrice, indique L’œil du Sahel qui s’appuie sur le témoignage d’un proche de Germaine Ahidjo.
Cette source indique: « Elle [Aminatou Ahidjo] a poignardé dans le dos sa mère qui, moralement et physiquement, est sérieusement affaiblie. Paul Biya n’a pas eu besoin de déployer un trésor d’imagination pour lui faire payer ses interviews virulentes dans les médias. Sa fille s’en est chargée. Quand Mohamadou Ahidjo a été nommé ambassadeur itinérant, elle n’a pas été particulièrement gênée parce qu’elle s’attendait un peu à cette trahison. Mais là, c’est son propre sang qui est passé avec armes et bagages chez l’ennemi. Dans son fort intérieur, il me semble qu’elle ne souhaite pas une carrière politique à sa fille».
Paul Biya aurait donc dérogé à la règle qui veut que soient récompensés tous ceux qui ont trahi à son profit. Pour ce qui est des régions septentrionales, les exemples sont légion. L’œil du Sahel cite ainsi Issa Tchiroma: «Une de ses plus belles prises». Grand pourfendeur du Renouveau, il a amorcé son rapprochement avec le régime en février 2008, à la faveur du débat sur la modification de la Constitution pour être récompensé quelques années plus tard par une entrée au gouvernement.
Des mauvaises langues affirment que ce n’est pas Issa Tchiroma que le Président récompensait de sa magnanimité. «En offrant sa «grâce ministérielle» à Tchiroma, il encourageait ses détracteurs à faire volte-face, à renier leur engagement politique, à marcher tête baissée, bref à se vider d’une certaine substance», écrit le Bi-hebdomadaire.
Avant lui, en 2004, Dakolé Daïssala, leader du Mouvement démocratique pour la défense de la République et Hamadou Moustapha, président de l’Alliance nationale pour la démocratie et le progrès (Andp), qui avaient tous les deux tordu férocement le cou à une dynamique régionaliste organisée autour du «Mémorandum sur les problèmes du Grand Nord», avaient eux aussi été récompensés par des fauteuils ministériels. Un membre du bureau politique du Rdpc, originaire du Grand-Nord et qui accompagne le Président depuis plusieurs années a indiqué dans les colonnes du journal que: «Le chef de l’Etat est un parfait politique, qui sait tirer partie de toutes les situations. C’est sa grande force. En politique, il n’y a pas de place pour les émotions».