Actualités of Monday, 26 February 2018

Source: cameroon-info.net

Amnesty International dénonce la surpopulation carcérale au Cameroun

La prison centrale de Yaoundé accueille 4 400 détenus alors que sa capacité maximale est de 1500 La prison centrale de Yaoundé accueille 4 400 détenus alors que sa capacité maximale est de 1500

Dans son rapport annuel 2017 / 2018 publié sur son site Internet le 23 février 2018, l’Organisation Non-Gouvernementale (ONG) Amnesty International analyse la situation des droits de l’homme dans plusieurs pays dont le Cameroun.

S’agissant de notre pays, l’organisation dénonce la détention en secret et la surpopulation chronique dans nos prisons notamment à Maroua dans l’Extrême-Nord et à Yaoundé dans le Centre.

« Les conditions carcérales demeuraient désastreuses : surpopulation chronique, nourriture insuffisante, soins médicaux limités, et conditions sanitaires et d’hygiène déplorables. La prison de Maroua accueillait 500 détenus, soit plus de quatre fois la capacité prévue. La population de la prison centrale de Yaoundé était d’environ 4 400 détenus alors que sa capacité maximale est de 1 500 prisonniers. Cette surpopulation carcérale était principalement due aux vagues d’arrestations, depuis 2014, de personnes accusées de soutenir Boko Haram, au grand nombre de personnes détenues sans inculpation, et à l’inefficacité du système judiciaire. Les autorités ont achevé la construction d’au moins 10 nouvelles cellules à la prison de Maroua », relève le rapport.

Amnesty International estime qu’entre 2017 et 2018, les forces de sécurité ont arrêté « arbitrairement » des personnes accusées de soutenir Boko Haram, « souvent sur la base de preuves minces, voire inexistantes, et parfois en ayant recours à une force injustifiée ou excessive ». L’organisation relève que les personnes arrêtées ont souvent été placées en détention dans « des conditions inhumaines, qui mettaient leur vie en danger ».

Selon les données d’Amnesty, au moins 101 personnes ont été détenues au secret entre mars 2013 et mars 2017 dans plusieurs bases militaires gérées par le Bataillon d’Intervention Rapide (BIR) et dans des centres des services de renseignement, « où elles ont été torturées et maltraitées ».

Elle indique que ces pratiques systématiques se sont poursuivies en 2017, même si au moins 20 personnes semblent avoir été transférées fin août à la prison centrale de Maroua depuis la base militaire du BIR à Salak. « Des militaires américains étaient aussi régulièrement présents à la base du BIR, et une enquête a été ouverte pour déterminer s’ils auraient pu être au courant des violations des droits humains qui y étaient commises ; ses conclusions n’avaient pas été publiées à la fin de l’année », informe Amnesty.

L’ONG regrette le fait que les autorités camerounaises n’ont mené aucune enquête sur les allégations de détention au secret, de torture et d’autres mauvais traitements, et n’ont rien fait pour empêcher ces pratiques ni pour poursuivre en justice et sanctionner les responsables.