Actualités of Wednesday, 16 February 2022

Source: www.camerounweb.com

Analyse autour des 22.000 emplois directs créés en 2021 et des 600.000 emplois à créer en 2022

Beaucoup de points de ce discours font débat Beaucoup de points de ce discours font débat


• Paul Biya a annoncé des chiffres sur le nombre d’emplois créés ces dernières années

• C’était lors de son discours lors la fête de la jeunesse

• Le journaliste et sociologue Serge Aimé Bikoi analyse cette annonce


Le Président Paul Biya a annoncé des chiffres sur le nombre d’emplois créés ces dernières années. Mais la question qui se pose est de savoir de quels emplois il s’agit dans le contexte de l’existence des secteurs public, parapublic et privé.

Lisez l’analyse du journaliste et sociologue Serge Aimé Bikoi :

Par le passé, le président de la république avait évoqué des centaines de mil emplois créés et, aujourd’hui, 22.000 emplois directs. Dans quels secteurs d’activités ces emplois ont-ils été créés ? S’agit-il des emplois décents ou des emplois précaires? S’agit-il des coiffeurs, des couturiers, des moto taximen, des taximen, des ferrailleurs, des chaudronniers, des vanniers, des électriciens ou des carreleurs ?

Point n’est besoin, ici, de jeter le discrédit sur la typologisation de certains emplois dédaignés à tort ou à raison au Cameroun, mais il est question de maîtriser la structuration de l’emploi salarié qui en tient lieu en pareille circonstance. Quand on sait qu’il y a une précarisation des emplois au Cameroun avec la prolifération des situations de sous-emploi et d’auto-emploi marquées par la non-affiliation à la Cnps (Caisse nationale à la prévoyance sociale), l’inexistence d’une rétribution décente, l’absence de la couverture santé, etc, il y a matière à réflexion. D’après les derniers chiffres de l’Institut national de la statistique (Ins), le taux de sous-emploi est de 75% au Cameroun. A cause de cet état de choses, il est idoine que le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle(Minefop)informe l’opinion publique nationale sur la stratification de l’emploi, où 22.000 employés directs ont été comptabilisés en 2021. Histoire d’en savoir davantage.

S’agissant du plan d’action prioritaire à l’horizon 2030, qui va, selon le chef de l’État, créer 600.000 emplois par an, l’on s’interroge, dans le même sens, sur le caractère boursouflé d’un pareil chiffre alors que la boussole de la Stratégie nationale de développement (Snd 20-30) prévoit, dans son document théorique et programmatique, la création de 360.000 emplois par an. D’où sort alors le chiffre pompeux et creux de 600.000 emplois? Si ce n’est un chiffre évasif purement et simplement démagogique sans ancrage dans la réalité conjoncturelle et structurelle.

En plus, bien que ce soit dans le secteur des Collectivités territoriales décentralisées (Ctd), ces emplois méritent d’être structurés à telle enseigne que l’on puisse arriver à une répartition à l’ensemble des 360 communes du Cameroun en fonction de la densité des besoins et de la configuration des actions de développement des Ctd. Pour ce faire, il faut, impérativement, une agence nationale d’emploi, qui doit, en collaboration avec le Fonds national de l’emploi(Fne), travailler sur la recherche des profils adéquats destinés à être mis à profit lors du recrutement dans ces Ctd. C’est, d’ailleurs, à partir de cet instant qu’il est urgent de commencer à penser et à bâtir la double orientation académique et professionnelle des jeunes dans leur cursus de formation afin que le moment venu, ils puissent bénéficier d’une intégration socioprofessionnelle dans ce secteur d’activités.

La sempiternelle question du règlement de l’inadéquation entre formation et emploi est impérieuse et mérite d’être résolue à long terme. Les filières techniques et professionnalisantes, qui sont, aujourd’hui, des secteurs porteurs d’emplois méritent d’être mieux investies, voire capitalisées par les jeunes afin de réussir, plus tard, une insertion socioprofessionnelle. Si l’on ne parvient pas à former, dans les années à venir, les diplômés desdites filières aptes à affronter le marché de l’emploi dans ces secteurs d’activités concernés, les promoteurs risquent, sans conteste, d’opérer les recrutements des personnels qualifiés issus des pays étrangers.

C’est ainsi que dans les projets des secteurs des Bâtiments et Travaux publics(Btp) au Cameroun, il y a une rareté des Ingénieurs qualifiés. D’où la sollicitation des Ingénieurs étrangers qui se retrouvent plus nombreux dans ces projets du secteur des Btp. Il en est de même des autres secteurs techniques et professionnels connus du grand public. La révision du système éducatif, la métamorphose du logiciel mental des apprenants enclins à s’intégrer à la Fonction publique après avoir, durant leur trajectoire, assailli les filières de l’enseignement général relèvent, entre autres, des déterminants sur lesquels il faut, de manière collective, réfléchir. Histoire de ne pas être en butte, chaque fois, au déficit criard des profils adéquats pour la division du travail, de plus en plus, portée au Know how(savoir-faire) requérant la qualification professionnelle des employés.

Mais au préalable, l’information étant une denrée rare dans les bureaucraties publiques, il est judicieux que les différentes institutions étatiques (ministères) et les 360 communes informent le grand public sur l’ensemble des offres et opportunités d’emplois à pourvoir cette année 2022. La rétention de l’information des décideurs des institutions concernées doit être expiée des schèmes mentaux afin d’œuvrer à l’égalisation des chances d’insertion socioprofessionnelle des quêteurs d’emplois potentiels, voire réels. Équation, certes, difficile à répondre au regard de la mentalité rétrograde des agents publics enclins à dissimuler l’information et à la véhiculer auprès de leurs tierces personnes. Une espèce de favoritisme à fustiger tout prix.