A quelques mois du prochain scrutin présidentiel, les appels ne cessent de se multiplier de part et d’autres pour une candidature de Paul Biya. Dans une récente tribune publiée sur les réseaux sociaux, Eloi Bidoung – un cadre RPDC et Maire pour le compte du parti au pouvoir- estime que ces appels couvent une « hypocrisie » et un manque de courage qui s’est installé au sein du parti au pouvoir pendant plusieurs années.
Ci-dessous l’intégralité de la tribune :
On les a vu rassemblés, mobilisés, entassés tant à Akonolinga, à Bagangté qu'à Yaoundé, se tenant par la main et, à l'unisson, scandant des slogans, réclamant et revendiquant à cor et à cris la candidature de Paul Biya à l'élection présidentielle de 2018.
En dehors des "Saint Eloïstes", qui n'y étaient pas, les autres étaient tous là : les "Marafistes" de la première heure, les "Mebaristes" purs et durs, les "Mbombo-njoaistes", les "Sadïstes", les "Mebengoïstes" et même les "Omgbadamaistes". Il s’agit d’un ramassis d'apprentis sorciers tapis dans l'ombre, tous porteurs de la douloureuse et sincère hypocrisie ambiante. Les sous-groupes des grands groupes, cités plus haut, se sont livrés une bataille sans merci pour le leadership politique dans la capitale. Ces traitres se bagarrent, pour celui qu'ils poignardent dans le dos et au nom de qui ils boivent du sang, si ce n'est plus, au cours de séances obscures, mystiques ou illuminées.
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Ainsi, dans la capitale, la fratrie des "Mbargamboaistes" affronte, depuis longtemps et plus encore ces derniers jours, le clan des "Etoundingoaistes". Lui aussi est à couteaux tirés avec le club des "Tsimievounaistes" qui affrontent, de jour comme de nuit, les "Séraphistes" et les Mamafoudistes". Quelle belle famille ! Que ne ferait-on pas pour conserver le pouvoir ? Pas de celui de Paul Biya, bien sûr, mais le leur.
La sérénité et la sincérité ne sont pas au menu, encore moins au rendez-vous. Voilà les principales caractéristiques de ces fratricides odieux dans la capitale. Pourtant, tous ces pyromanes ont arboré la camisole de sapeur-pompier, pour revenir éteindre le feu qu'ils ont eux-mêmes allumé la veille au sein du parti, avec pour conséquence la mise à l'index de certains militants comme Saint Eloi Bidoung, qui confesse pourtant n'avoir rien contre les appels à la candidature.
Saint Eloi, lui, interroge plutôt la sincérité des appelants. Ces frères ennemis vont jusqu'à lancer un appel à candidature pour le recrutement d’experts en appel à la candidature de Paul Biya. Les critères étant la loyauté prouvée et éprouvée à Paul Biya, ainsi que la probité morale des candidats. Un appel qui ne rencontrera pas plus de deux candidats, en dehors de Saint-Eloi Bidoung et d'un autre camarade du parti, dont nous taisons le nom.
Forcés, contraints et abusés, les citoyens demandent à chaudes larmes la candidature de Paul Biya pour un énième mandat à la tête du Cameroun. Ils sont victimes d'une stratégie savamment orchestrée, au profit et par ceux qui ne servent même pas Paul Biya. Ils n’en meurent pas tous, mais tous sont touchés par la fièvre. Personne n’en a échappé jusqu’à présent. Même des défunts figurent dans des listes de signataires, aux côtés de certains qui ne se souviennent pas avoir participé à une séance de sorcellerie ayant abouti à une "motion de soutien et de déférence" ou à un "appel à la candidature" de Paul Biya.
Le président de l’Assemblée nationale, du haut de son perchoir et tel le renard flattant le corbeau, a tonné et donné le ton de l’ambiance en ce début d’année. Non satisfait, le vieux «Cavalier» est remonté sur son vieux cheval pour aller contraindre, sous menaces et chantages, les pauvres populations de Tokombéré dont les apprennent le syllabaire sous les arbres et à même le sol dans des écoles publiques, à assister à une séance de vaudou pour un "appel à la candidature de Paul Biya".
Les élites du Sud, le "Pays organisateur", ont voulu rattraper leur retard sur l’affaire et ont donné de la voix, dans un chaos qui fera date, aveuglés par tout un éminent professeur d'université, qui ne sait plus ni lire ni écrire les noms des "signataires" de motions de soutien. Dans le Ndé, à l'Ouest Le président du Sénat à dansé comme un laveur de voitures de Bangangté qui vient de gagner au Pmuc. Il a fait voler par-dessus la tête des billets de banque, sans pudeur ni honte, sous la bénédiction suspecte du roi des Bamouns qui a révélé, après le spectacle de cirque, que Paul Biya est "condamné" à la candidature.
Par effet de mimétisme, les sénateurs ont sauté sur l’affaire et donné la voix. Ceux du Centre, pour dire merci à celui qui les a nommés, reconnaissant par-là que personne d’autre n’aurait jamais voulu les élire. En retour, ils se sont donné le devoir et l’obligation de réclamer, d’exiger, d’exhorter et de quémander la candidature de Paul Biya en 2018 et en 2025, voire en 2032 et 2039.
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Le public est prié d'attendre, dans les prochains jours, les appels des ministres d’État, des ministres et ministres délégués ; des secrétaires d’État, directeurs généraux, pompiers et instituteurs vacataires. Très attendus aussi, les "anciens camarades de classe de Chantal Biya", la Presby, la Jachabi, la Brendabi et les copains de boîte de nuit de Franck et Junior Biya (Juniorbi et Franckbi). Les anciens du Séminaire d'Akono, bien qu'étant déjà très peu en vie, ne se laisseront pas damer le pion sur le jeu des "appels" par les associations de bendskinneurs de Bertoua.
Des hypocrisies à la pelle. Un scénario de spectacle de larrons en foire, un cirque où les bouffons et les prestidigitateurs rivalisent de tours. Avec comme figurants et spectateurs les populations, qui ne comprennent rien à l'intrigue de la pièce, mais connaissent les intrigants. Le ton, l'abondance et les commettants de ces appels ont du mal à cacher leur caractère vicié, maculé de mensonges théâtralisés.
D'abord parce qu'ils sont organisés dans la plupart des cas à l'insu et aux dépens des "signataires". Organisé ? C'est le mot, car ces billets de banque qui circulent en cachette pour l'organisation de meetings et réunions devant aboutir à des appels à la candidature, produisent une aliénation de la sincérité des requêtes émises surtout par les "élites extérieurs et intérieures", les "forces vives" et les bandes à mines, hors participation du bas peuple et qui prétendent se soucier de l'avenir du Cameroun.
Qui ignore que le président Biya avait juré qu'il ne partira pas du pouvoir tant que la majorité des Camerounais meurt encore de faim, n'a pas d'eau potable et d'électricité ; tant que le taux de chômage jeune est au-delà de 60% ; tant que les hôpitaux publics sont toujours des mouroirs ?
Paul Biya ne partira pas du pouvoir tant qu'il n'aura pas réduit en cendres Boko Haram, à qui il a déclaré publiquement la guerre. Acceptera t-il de tourner le dos à l'ennemi en quittant le palais d'Etoudi ? Étant entendu que la lutte contre Boko Haram est un projet inscrit dans les "Grandes ambitions", les "Grandes résolutions" et les "Grandes réalisations". Sûrement aussi dans les "Grandes désillusions" !
Paul Biya, homme raffiné, digne et noble, ne peut pas partir du pouvoir et perdre ainsi la face devant les "Ambazoniens" ! Pourquoi partir après avoir anéanti ceux qui lorgnaient sur son fauteuil et qui croupissent en prison ? Ce serait un gâchis.
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On comprend donc pourquoi les "appels du peuple", les contre appels et les "appels à la candidature" en rajoutent à la peine du peuple, surtout à la peine de ceux qui se donnent cette peine qui s'annonce inutile. Car cette bouffonnerie, qui revient de manière cyclique, n'a pas donné de leçons à tous ces renards de la fable. Aucun ne se souvient que l'appel du peuple contre le multipartisme, ponctué par une longue marche et couronné par une messe pontificale dite par tout un archevêque en sa cathédrale, avait eu pour réponse de Paul Biya : "Préparez vous à faire face à la concurrence".
A l'appel contre l'entrée du Cameroun au Fonds monétaire international, Paul Biya avait répondu par l'acceptation du plan d'ajustement structurel avec tous ses malheurs et ses douleurs, jamais apaisés à ce jour. Plus pathétique encore, l'appel à la candidature pour l'élection présidentielle anticipée en 2016.
Chers camarades, soyons sincères, bien que cela ne nous soit jamais facile : si notre président national venait à... ou décidait de... que feriez-vous ? C'est en tout cas le thème de notre prochaine tribune. Rdpc oyé!