Du Mali à la République centrafricaine, les responsables des pays africains où le groupe Wagner est actif, réagissent avec prudence à l'annonce de la mort de son chef, Evgeniy Prigojine.

Des milliers de mercenaires du groupe Wagner sont implantés dans un certain nombre d'États africains, ce qui a permis à la Russie d'accroître son influence sur le continent. Cette influence est aujourd'hui remise en question après l'accident d'avion de Prigojine.

L'accident est survenu peu après l'apparition de Prigojine dans une vidéo où il affirmait être au Sahel pour combattre les militants d'Al-Qaïda et de l'État islamique et libérer l'Afrique.

Sa mort, si elle est confirmée, a déjà suscité une avalanche de rumeurs sur l'avenir de la Russie et du groupe paramilitaire en Afrique.

Alors, que va t-il se passer maintenant ?

Qu'en est-il de la sécurité en Afrique ?

Le Mali et la République centrafricaine dépendent fortement des mercenaires de Wagner, qui seraient impliqués dans des transactions illicites et lucratives en échange de services de sécurité.

Depuis 2018, le groupe militaire se trouve en République centrafricaine pour combattre les rebelles qui se sont emparés de vastes étendues de ce pays riche en diamants.

Ils ont été invités par le président Faustin-Archange Touadéra, qui a été vu en public flanqué de mercenaires de Wagner membres de sa garde rapprochée.

Quelle est la prochaine étape pour la Russie en Afrique ?

Lors de son deuxième discours virtuel au sommet des Brics, le président Vladimir Poutine a réitéré sa promesse que la Russie continuerait à aider les pays africains les plus démunis.

Il a rappelé à son auditoire que la Russie avait offert 25 à 50 000 tonnes de céréales gratuites à six pays africains, dont le Mali, le Zimbabwe et la République centrafricaine.

Le groupe Wagner a été un instrument de substitution dans la diffusion du "soft power" russe dans certaines parties de l'Afrique, le Kremlin cherchant à se démarquer de l'Occident.

Certains pensent que la décapitation des dirigeants du groupe pourrait contraindre la Russie à réévaluer ses tentatives d'influence dans la région.

Mais, de nombreux experts estiment que le commandement décentralisé du groupe en Afrique devrait lui permettre de poursuivre ses opérations sans être gêné par la mort de Prigojine.

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Mais de nombreux experts estiment que le commandement décentralisé du groupe en Afrique devrait lui permettre de poursuivre ses opérations sans être gêné par la mort de Prigojine.

Le Dr McFate, qui est également l’auteur de The Modern Mercenary: Private Armies and What They Mean for World Order, a déclaré à la BBC que le modèle commercial mis en place par Prigozhin n'a pas besoin de lui pour réussir.

"Rien ne changera, car le modèle commercial mis en place par Prigozhin continuera d'exister", a-t-il déclaré, ajoutant que Prigozhin avait conçu un modèle permettant à quiconque de gérer une activité mercenaire lucrative.

Quelle est la suite des opérations de Wagner en Afrique ?

On ne sait pas exactement qui est en pole position pour reprendre le groupe Wagner.

Les analystes pensent que le groupe va probablement changer de marque tout en conservant son modèle opérationnel. Il est également probable qu'il recommence à opérer dans l'ombre, comme il le faisait avant la guerre en Ukraine.

Selon M. McFate, il est probable qu'une nouvelle direction dotée de moyens financiers importants et loyale envers le Kremlin soit mise en place.

Selon lui, le personnel de Wagner en Afrique provient principalement de la vieille garde mieux formée de l'entreprise, recrutée des années avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Ils ont bénéficié de contrats miniers lucratifs sur le continent.

"Ils ont choisi de rester parce qu'il y a plus d'argent à gagner en Afrique", explique-t-il.

"Les mercenaires sont fidèles à leur chèque de paie. Il ajoute que "nous pourrions voir certains des combattants de Wagner se séparer pour créer leurs propres groupes paramilitaires".

Cela pourrait conduire à la prolifération de mercenaires dans toute la région, ce qui, à son tour, pourrait conduire à une plus grande déstabilisation, à une plus grande violation des droits et à une plus grande exploitation des ressources minérales.

Quoi qu'il arrive, les bénéficiaires seront la Russie, les dirigeants de Wagner et les chefs des juntes militaires africaines, affirme M. McFate.

Il est peu probable que les gens ordinaires en retirent un bénéfice direct, ce qui pourrait entraîner d'autres conflits à l'avenir.