La nomination des membres de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme n’a pas apaisé les esprits.
Alors que l’on s’attendait à une accalmie, au lendemain de la publication du décret du président de la République, nommant les quinze membres de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme (Cnpbm), la ville de Bamenda semble afficher son indifférence. Notamment de la part des commanditaires de l’opération « villes mortes » qui, depuis le 16 mars 2017, menacent les populations qui tenteraient de mener leurs activités les 23 et 24 mars prochains, dates correspondant respectivement à l’audience des personnes interpellées dans le cadre de la crise anglophone à Yaoundé et à la célébration du 32ème anniversaire du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), le parti au pouvoir.
L’appel au boycott, lancé à partir de Sms, vient renforcer le climat de panique qui règne dans la principale ville de la région, depuis l’incendie d’une partie du marché dénommé « Food Market » à Bamenda, survenu dans la nuit du 13 au 14 mars 2017. Les tenants de la politique des « villes mortes » en rajoutent à la frayeur ambiante lorsqu’ils mettent en garde des agences de transport qui commençaient à assurer un service minimum, de même qu’à celle des étudiants de l’Université de Bamenda qui ont repris le chemin du campus.
« Même si le président de cette Commission est anglophone (Peter Mafany Musonge Ndlr) ainsi que quelques membres, ce n’est pas notre priorité. Ce que nous demandons, c’est la libération inconditionnelle des personnes qui ont été arrêtées depuis l’entame de la crise », lit-on dans un message signé de ceux qui se présentent comme membres de l’Ambazonia Council, un mouvement indépendantiste.
« Tout le monde doit rester à la maison », ajoutent-ils. Au cas où ces menaces sont respectées, Bamenda tournera au ralenti la semaine prochaine, d’autant plus que trois jours seront perturbés : lundi (jour de débrayage imposé), jeudi et vendredi.
Contrairement aux appels au boycott répandus par des inconnus, une frange de la population attend d’apprécier les membres de la Commission nouvellement désignés, à l’oeuvre : « Je jugerai les maçons au pied du mur.
Parce qu’au Cameroun, ce ne sont pas de bons textes qui manquent. C’est la manière de les appliquer qui pose problème », analyse un fonctionnaire de la justice à la retraite. L’exemple cité de manière récurrente, est celui de la décentralisation dont la mise en oeuvre effective explique-t-il, aurait évité ce qui se vit dans les régions anglophones.