Actualités of Monday, 2 October 2017

Source: 237online.com

Armée: des sécessionnistes recrutent à l'université de Buea

L'armée ambazonienne  (Archives) L'armée ambazonienne (Archives)

Les séparatistes et leur armée de communicants ont trouvé en cette institution un vivier de jeunes pour étoffer leurs rangs.

Le campus est sur une mauvaise pente. Si l’action politique n’y veille pas avec soin, ce brasier encore tiède va exploser !». Pour qui ne comprend rien, ces mots d’un étudiant renseignent. «Ils insinuent que cet espace est depuis la semaine dernière, traversé par des forces obscures», explique-t-on à la délégation régionale de la Sûreté nationale du Sud-ouest.

Auprès d’une bonne brochette d’étudiants, la même source dit avoir obtenu que depuis le 21 septembre 2017, un fichier de 1 523 noms de leurs camarades est tenu par les partisans de la sécession. «Certains étudiants ont été forcés, d’autres pas.

Reste que dans un cas comme dans l’autre, le tout se situe dans la perspective du programme concocté pour le 1er octobre et les jours d’après», affirme un fonctionnaire proche du dossier. Des informations confirmées par les états-majors de certaines formations politiques locales indiquent le profil des «recruteurs». D’aucuns parlent

d’un essaim de jeunes qui vibrionne dans les quartiers Molyko, Bukwango et Great Soppo D’autres sources prétendent que «des mercenaires sont venus de Bamenda pour conduire l’opération ici». Si personne ne se prononce clairement sur les autres pans du déploiement de la «bande» venue du Nord-ouest, tous restent unanimes sur le fait que ce sont aussi des étudiants, «chargés de redonner vie au courant sécessionniste en réelle perte de vitesse dans la région».

Psychose
Ce 27 septembre 2017, la déprime règne sur le campus. Elle flotte dans l’air comme une musique de fond dans un film d’horreur. «Ils nous saisissent via nos téléphones et nous intiment l’ordre de nous joindre à eux», glisse fiévreusement un étudiant. «Beaucoup parmi mes camarades, ajoute-t-il, sont enrôlés chaque jour pour jouer le rôle d’idiots utiles au service des rapports de force qui vont dans le seul intérêt des donneurs d’ordre». Face à eux, allègue-t-on, les étudiants n’ont pas de temps pour raisonner. L’émotion plutôt que le raisonnement. Puis, la pulsion plutôt que l’émotion.

Sous le manteau, un autre étudiant fait savoir que le discours des sécessionnistes à l’Université de Buea a, depuis peu, été reformulé dans le vocabulaire d’«une guerre entre les forces de l’ordre et les étudiants anglophones». La raison est simple, à l’en croire: ce discours a donné un cours politique qui isole et rabougrit l’audience de ses tenants éparpillés dans la ville et à l’intérieur de l’Université même. Leur ritournelle: «La sécession, c’est l’action du peuple qui procède à la récupération totale de sa souveraineté dans tous les secteurs de la vie. C’est pourquoi, toi étudiant, tu dois te joindre à nous». «L’environnement ici est hautement inflammable», valide un doctorant. Des informations à la disposition de ce dernier situent sur le calendrier des «recrutements».


«Ils m’ont envoyé un message selon lequel nous les étudiants des cycles de doctorat devons-nous faire enregistrer dès le 11 octobre 2017», marmonne-t-il tremblant de voir que cette date n’est plus une probabilité, mais déjà un rendez-vous. Depuis sa maison familiale, une étudiante assure que les hiérarchies de la puissance semblent avoir changé. Celle-ci évoque les principaux canaux d’enrôlement : les réseaux sociaux. «On s’interroge sur le comment ces personnes ont pu rentrer en possession de nos numéros whatsapp et autres», dit-elle sous fond de colère mélangée à la peur. Plus loin, elle s’interroge encore: «On ne sait pas comment ces gens procèdent pour retrouver les étudiants dans leurs chambres; à croire que les autorités universitaires n’ont pas les moyens de leur barrer la route», lance la jeune femme.

Sur la question, personne dans le cabinet du vice-chancelor ne s’ouvre au reporter. Tout ceci intervient malgré le report la rentrée académique 2017-2018 dans cette institution. La date du retour dans les amphis par les étudiants est pour l’heure déclarée inconnue, même au sein de l’administration universitaire.