Actualités of Sunday, 9 February 2025

Source: www.camerounweb.com

Armée, réseaux économiques... Ils contrôlent tout le pays, mauvaise nouvelle pour les Camerounais

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Dans une intervention remarquée sur Canal Presse de Canal 2, l'analyste politique Richard Makon a dressé un tableau saisissant de la concentration du pouvoir au Cameroun, mettant en lumière les défis considérables auxquels font face les forces d'opposition dans leur quête de changement politique.


L'analyse de Makon révèle une structure administrative particulièrement centralisée, où le parti au pouvoir, le RDPC, exerce un contrôle quasi-total sur l'appareil d'État. Cette emprise se manifeste à travers une chaîne de commandement hiérarchique minutieusement orchestrée. Au niveau le plus local, ce sont 360 communes qui sont sous la tutelle directe du pouvoir central, chacune étant supervisée par l'un des 360 sous-préfets alignés sur les directives gouvernementales. À l'échelon supérieur, 58 préfets exercent leur autorité au niveau départemental, assurant une transmission efficace des orientations politiques. Au sommet de cette pyramide administrative territoriale se trouvent les dix gouverneurs de région, véritables représentants du pouvoir central, dont la plupart sont soit membres du RDPC, soit étroitement liés à l'idéologie du parti au pouvoir.


Le système en place ne se contente pas d'un contrôle administratif, il s'étend également à l'ensemble des ressources nationales du pays. Le gouvernement dispose d'une mainmise totale sur les ressources financières de l'État, gérant ainsi l'ensemble des flux monétaires et des investissements publics. Cette domination s'étend également aux richesses naturelles du pays : le sous-sol et ses minerais précieux, les vastes étendues forestières qui font la richesse du Cameroun, les ressources halieutiques dans les eaux territoriales, et même la faune sauvage qui peuple les parcs nationaux. Cette concentration des ressources entre les mains du pouvoir central constitue un levier d'influence considérable et un obstacle majeur pour toute velléité de changement politique.
Les Verrous Institutionnels

Au-delà du contrôle administratif et économique, l'analyse de Makon met en lumière la mainmise du pouvoir sur les institutions censées garantir l'équité du processus démocratique. Elections Cameroon (ELECAM), l'organe responsable de l'organisation et de la supervision des élections, se trouve sous l'influence directe du pouvoir en place. De même, le Conseil Constitutionnel, qui devrait être le garant de l'État de droit et de la régularité des processus électoraux, n'échappe pas à cette emprise. Cette situation crée un verrouillage institutionnel qui rend pratiquement impossible toute alternance politique par les voies démocratiques conventionnelles.


Dans ce contexte extrêmement verrouillé, la question posée par Makon prend toute sa dimension : comment une formation politique isolée pourrait-elle espérer transformer un système aussi hermétiquement fermé ? L'opposition se trouve confrontée à un appareil d'État qui contrôle non seulement les rouages administratifs mais aussi l'ensemble des ressources et des institutions démocratiques. Cette situation pose la question fondamentale de la nature même du processus démocratique au Cameroun et des possibilités réelles d'alternance politique.


Cette analyse approfondie du système de gouvernance camerounais soulève des questions cruciales sur l'avenir politique du pays. La concentration excessive des pouvoirs entre les mains d'une seule entité politique représente un défi majeur pour l'évolution démocratique du Cameroun. Elle met en évidence la nécessité urgente d'une réflexion nationale sur les mécanismes qui pourraient permettre une ouverture progressive du système politique. La question de la séparation effective des pouvoirs et d'une véritable décentralisation de l'autorité devient ainsi centrale pour l'avenir du pays.