Né de l’éclatement du Minatd en deux entités distinctes avec d’un côté l’administration du territoire et de l’autre la décentralisation, les résultats de ces deux nouveaux départements ministériels, trois mois, après semblent encore mitigés sur le terrain.
95 jours déjà que le président de la République du Cameroun a choisi de modifier la structure du gouvernement et des compétences des deux ministères issus de l’ancien ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation. La création du ministère de l’Administration territoriale (Minat) et celui de la Décentralisation et du développement local (Minddevel), lors du remaniement du 2 mars 2018 a suscité l’espoir de finir avec la guerre et l’insécurité qui menacent d’embraser tout le Cameroun et de l’éternel problème de la décentralisation et du transfert de compétence aux collectivités territoriales décentralisées.
L’objectif de l’éclatement du Minadt étant : une plus grande coordination de ces questions sensibles qui sont au cœur de la paix, du développement et des libertés civiles et politiques dans toutes les grandes démocraties. Le temps passe, mais les agendas des ministres de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji, et celui du ministre de la Décentralisation et du développement local, Georges Elanga Obam ne cesse de se surcharger au quotidien.
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Quelques jours seulement après son entrée au gouvernement l’on a vu la « méthode Atanga Nji » se mettre en branle. Les descentes sur le terrain se sont multipliées, ainsi que les arrêtés et les circulaires au fil du temps. Paul Atanga Nji a fait savoir par courrier confidentiel, daté du 7 mars 2018, aux sous-préfets, préfets et gouverneurs qu’il souhaitait être informé deux fois par jour, à 11 heures et à 16 heures, de la situation dans leurs circonscriptions respectives. Le lendemain, le 8 mars, Paul Atanga Nji a ordonné aux gouverneurs de prendre des mesures d’interdiction de l’activité des motos-taxis, pour une durée de sept à dix jours, dans le département du Ndian, arrondissement de Muyaka ; dans le département du Fako, arrondissements de Kumba I, Kumba II, Kumba III ; et les arrondissements de Mbonge et Konye dans le département de la Mémé.
« Cette activité noble et exercée par plusieurs compatriotes de bonne foi, est malheureusement aujourd’hui envahie par des sécessionnistes, des bandits de grand chemins et des repris de justice qui œuvrent pour le compte de forces obscures » se justifiait le Minat. En vue de limiter la prolifération et la circulation illicite des armes à feu et des munitions qui, à son avis, constituent une menace à l’ordre public, le Minat a interdit la vente des armes dans certaines régions du Cameroun. À travers un communiqué de presse daté du 4 avril 2018. « Les chiffres officiels présentent quelques 3800 autorisations de port d’arme délivrées. Mais, une enquête a révélé que plus de 27 000 armes sont en circulation au Cameroun. Alors, des dispositions sont en train d’être prises pour mettre un terme à la circulation illicite des armes à feu et des munitions qui constituent une véritable menace pour la sécurité de notre pays » a déclaré en substance Paul Atanga Nji.
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Autant de mesures vu l’ampleur de la situation dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest qui n’ont pas permis de « désescalader » ce conflit qui perdure. Puisqu’entre Janvier 2018 et mai 2018, les chiffres font état de 57 personnes tuées dans le cadre de cette guerre selon « international crisis group » pour à peu près une vingtaine d’attaques enregistrées dans ces deux régions. Même si le gouvernement réfute ces chiffres.
Le ministère de la décentralisation dans la rue
Créé le 2 mars dernier, le Minddevel était aussi présenté comme une réponse à la crise anglophone. Mais pour l’heure, Le dernier né des ministères au Cameroun, cherche encore des locaux et squatte, pour le moment, quelques bureaux de l’ancien ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation. L’absence d’organigramme plombe l’entrée véritable en activité de ce département ministériel. Curieux retard, quand on sait que le chef de l’Etat, le 15 mars 2018, en Conseil ministériel, affirmait que la création du Minddevel, s’inscrit dans l’optique « d’apporter une solution rapide » aux problèmes des populations à la base. Le président Paul Biya attendait alors de ce département ministériel « à brève échéance, des propositions détaillées et un chronogramme relatif à l’accélération du processus de décentralisation en cours ».
Trois mois après la décentralisation qui piétine depuis plus de 21 ans déjà prend encore un coup de grippe à cause des lenteurs dans la mise en place du ministère pourtant chargé de l’accélérer. Au-delà du budget de 11,477 milliards de FCFA alloué à ce nouveau département ministériel, Georges Elanga Obam devra veiller à l’application de la réglementation relative à l’état civil. Choses quasiment impossibles sans les rapports annuels 2015 et 2016 sur l’état de la décentralisation et le fonctionnement des services locaux au Cameroun, toujours pas disponibles. Pas plus que le premier rapport national sur le développement local dont la production était pourtant prévue en 2016. Pareil pour l’Indice de Développement Local au Cameroun, encore aux oubliettes. De plus, le projet de Stratégie nationale de la décentralisation qui vise à servir de cadre de référence au gouvernement dans la conduite du processus de décentralisation pour les cinq prochaines années (2017-2021) n’est pas encore mis sur la table. Un gros défi !.