Ces dernières années, les Camerounais font face de plus en plus à une nouvelle forme de cybercriminalité : l’arnaque à la webcam.
Sur le principe, il s’agit d’user de ruses pour obtenir des informations ou des images compromettantes sur des internautes et de les utiliser pour en faire du chantage. Egalement au Gabon, les cas similaires ont connu une recrudescence et le gouvernement s’est récemment doté d’une législation en la matière. Pour mieux comprendre le phénomène, TIC Mag est allé à la rencontre de Christelle N. (qui a souhaité garder l’anonymat), une cadre d’une grande structure bancaire camerounaise qui s’est retrouvée pris au piège d’un réseau de cybercriminel.
D’après elle, tout a commencé un soir lors d’une sortie entre amies : « J’ai fait la connaissance d’un homme qui m’a dit être Gabonais et s’appelait Joël Kanga. Deux jours après notre rencontre, il m’a contacté sur Facebook et tout est allé vite. Au départ, c’était juste des conversations amicale. A un moment, il a commencé à m’envoyer des photos de lui, et à réclamer que j’en fasse autant. Au départ, j’étais méfiante, mais il m’a convaincu, au point où je lui ai envoyé des photos et vidéos compromettantes.
Après les avoir obtenu, il a coupé contact et ne répondait plus à mes messages. Deux mois après, je reçois un mail avec mes photos et vidéos compromettantes en pièce jointe. Dans le corps du message, l’expéditeur menace de publier ces documents si je ne lui fais pas un transfert d’argent d’un montant de 700 000F. Dans un environnement comme le mien, si la hiérarchie en vient à être au courant, je peux être certaine de perdre mon boulot ».
Christelle N. explique par la suite que face à la peur, elle a cédé en envoyant de l’argent au cybercriminel via Western Union. Alors qu’elle pensait avoir classé pour de bon ce dossier, elle reçoit un autre mail du même genre six mois plus tard. Cette fois l’adresse n’est plus la même, et le cybercriminel réclame un million de francs. Pourtant, ce sont les mêmes photos et vidéos : « J’ai d’abord pensé à payer à nouveau. Mais rapidement j’ai compris que cela ne s’arrêtera jamais, et j’ai décidé d’en parler à la police ».
Déboussolée, Christelle N. fait appel à la police camerounaise : « La police a pris le dossier en main. En concertation avec les banques, on s’est rendu compte que le cybercriminel était en fait un étudiant de l’Université de Yaoundé II Soa. Au moment du paiement, la police l’a arrêté. Après son exploitation, il a restitué toutes les images qui étaient en sa possession, et est aujourd’hui en prison ».
Même si son pourfendeur est aujourd’hui aux arrêts, Christelle N. n’est toutefois pas en complète sécurité et dit s’attendre à de nouveaux rebondissements : « c’est vrai qu’on l’a arrêté. Mais, malgré les garanties des forces de l’ordre, je n’ai aucune garantie qu’il n’avait pas fait des copies de ces images, ou qu’il n’a pas de complices à qui il aurait donné. Et chaque jour, je crains une éventuelle vengeance, et de retrouver mes photos ou mes vidéos sur des sites à caractère pornographique ».
Quelques conseils pour ne pas tomber dans le piège de ces arnaqueurs et brouteurs
Ne jamais envoyer ses photos ou vidéos nues ou dans des positions compromettantes à des connaissances ou ami (e)s via le web (elles peuvent être interceptées par des tiers lorsqu’un individu par mégarde de votre conjoint a accès à ses comptes sur le web) Eviter autant que possible de se filmer dans des positions compromettantes Baisser l’écran de son laptop pendant les ébats (On peut avoir oublié de se déconnecter sur Skype ou sur tout autre programme de chat alors qu’on est encore connecté) Quand on est victime, ne pas verser d’argent à l’arnaqueur et prévenir la Police (Rien ne garantit qu’une fois l’argent versé, une nouvelle demande ne fera pas surface comme avec le cas de Christelle. La police dispose des techniques pour appréhender ce genre d’escrocs)