Le nouveau président du Tcs crée une rupture d’avec la spectacularisation des arrestations des personnalités observée autrefois.
Entre le lundi 19 et le mercredi 21 mars dernier, Jean William Sollo, Max Ayina Ohanda, Bekolo Ebe, Dieudonné Oyono et Dieudonné Maah ont été cuisinés par les officiers spécialisés du Tribunal criminels spécial (Tcs). Ils ont passé des nuits blanches dans les murs de cette institution sans qu’un seul média fût capable d’affirmer qu’ils y étaient ou pas. Ceci, jusqu’à leur mise sous mandat de détention provisoire à la Prison centrale de Yaoundé-Kondengui, dans la nuit de mercredi à jeudi.
La discrétion qui aura entouré leur interpellation et l’instruction qui s’en est suivie ont créé une épidémie de « Fake news » sur les réseaux sociaux et désarçonné la presse traditionnelle. Nommé il y a neuf mois au poste de président du Tcs et installé dans ses nouvelles fonctions le 02 février dernier, Emmanuel Ndjere, au moment où il ordonne ses premières arrestations sur fond de relance de l’opération Epervier, semble ainsi créer la rupture d’avec la spectacularisation des arrestations qui avait cours jusque-là.
Qui ne se souvient de l’interpellation, le 27 février 2006, d’Alphonse Siyam Siwe, qui avait donné lieu à une mise en scène spectaculaire – il avait été arrêté devant des caméras de télévisions moins d’une heure après son limogeage du gouvernement -, ou de celle de l’ancien directeur général du Chantier naval et industriel du Cameroun, Zacchaeus Forjindam, au terme d’une session du conseil d’administration de l’entreprise qui venait de le déposer, le 13 mai 2008 ? Les images d’Olanguena Awono passant la nuit sur un matelas à même le sol le 31 mars 2008 dans une cellule de la direction de la police judiciaire à Yaoundé avaient encore été plus choquantes.
La méthode Ndjere s’oppose d’emblée à cette justice-spectacle qui n’avait pour seul objectif que d’humilier des hauts commis en disgrâce. Dès la naissance du Tribunal criminel spécial (14 décembre 2011), la spectacularisation avait déjà commencé à s’estomper. Seules les influences de la chancellerie étaient restées intactes.
Et ce n’est certainement pas l’ex-secrétaire général du ministère de la Communication qui aura les épaules assez larges pour les réduire en faisant preuve d’impartialité. Du moins, pas tant que le ministre de la Justice, garde des sceaux, aura cette primauté qui voudrait qu’il soit le seul à juger de l’opportunité d’ordonner l’arrêt des poursuites engagées contre un gestionnaire indélicat lorsqu’il a remboursé le corps du délit.