Le verdict très attendu dans l’affaire de l’assassinat de Boris Formbor, l’ancien copain de l’actuelle épouse de Bruno Bidjang, a été renvoyé à une date ultérieure à cause de la non comparution des accusés détenus à la prison centrale de Yaoundé Kondengui. Une situation qui vient raviver un climat de suspicion et de controverse autour de ce procès.
Où est passé le mandat d’extraction que le parquet près le Tribunal de grande instance(TGI) du Mfoundi dit avoir émis pour permettre aux coaccusés de Catherine Ivana Obama Essomba, l’actuelle épouse de Bruno Bidjang de comparaître? Le mandat d’extraction dont il s’agit, a-t-il été vraiment émis comme le soutient le représentant du parquet qui n’a fait aucun commentaire public sur la question à l’audience du 31 mai 2023? Il faut être devin pour répondre avec exactitude à cette question qui suscite encore les débats et la controverse autour du procès de l’assassinat de Bryan Formbor Fabo.
De toutes les façons, il faudrait encore attendre le 21 juin 2023 pour être fixé sur le dénouement de cette affaire qui a fait couler beaucoup de salive au sein de l’opinion indignée par l’atrocité du crime. Le Tribunal de grande instance(TGI) du Mfoundi qui connaît du dossier a pris cette décision le 31 mai dernier après avoir constaté l’absence injustifiée des accusés en détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé Kondengui. Seule, Catherine Ivana Obama Essomba qui comparaît libre, a répondu présente à la convocation du tribunal. Ce renvoi inattendu vient rallonger la liste des curiosités qui suscitent la controverse dans ce procès.
Avant d’évoquer ces curiosités, il est important de rappeler les faits à l’origine de l’actuelle procédure. On se souvient que dans la nuit du 4 au 5 juin 2020, le jeune Boris Bryan Formbor Fabo avait brutalement été arraché à la vie à l’âge de 28 ans à la suite d’un assassinat au poignard au lieudit Texaco Omnisport à Yaoundé. Suspectés, Catherine Ivana Obama Essomba, André Agladala, M. Djingui Djamo, Maxime Nailengari, Salomon Hamada, Patrick Nde Mouaffo, Gustave Martial Mbida et Armel Amborira avaient été interpellés, inculpés et renvoyés en jugement devant le TGI du Mfoundi pour assassinat en coaction. L’accusation a toujours soutenu que Boris Bryan Formbor Fabo avait été victime d’un complot savamment monté à son encontre par des personnes qui avaient des comptes à lui régler. Pour le ministère public, cet assassinat avait été prémédité par l’accusée principale, Ivana Obama Essomba et exécuté par les autres mis en cause. Le magistrat du parquet s’était appuyé sur le procès-verbal des enquêtes préliminaires, les listings des appels effectués par Mme Obama Essomba la nuit du 4 au 5 juin 2020 et sur les images de la caméra de surveillance de la police installée sur le lieu du crime pour asseoir l’accusation. A l’audience du 26 avril 2023, il avait demandé au collège des juges de déclarer tous les accusés coupables des faits d’assassinat en coaction. Cet argumentaire a été soutenu par Me Mbem, l’avocate des Ayants-droit de M. Formbor Fabo.
Les accusés, ont quant à eux, nié avoir une quelconque implication dans cet assassinat. Ils ont déclaré qu’ils ne se connaissaient pas avant le forfait et ne s’étaient jamais concertés pour organiser l’assassinat de Boris Formbor Fabo. Dans le but d’affaiblir l’accusation, les mis en cause ont affirmé que les images de la caméra de surveillance étaient floues et ne pouvaient pas établir la responsabilité des accusés. Pour les avocats de la défense, leurs clients ne pas les auteurs de cet assassinat. Ils ont demandé leur acquittement pur et simple. Si au terme des débats, la question de savoir qui a commandité et tué Boris Formbor Fabo reste entière, l’affaire qui s’achemine vers son épilogue regorge de curiosités.
Les premières curiosités viennent de l’accusation. Elles tiennent de ce que tous les témoins annoncés qui sont des fonctionnaires de police et auxiliaires du ministère public, ont refusé de comparaître dans une affaire aussi grave. Ensuite, le parquet qui dispose de la force publique n’a pas pu obtenir de la police les images claires dans lesquelles on pouvait identifier chaque accusé sur le champ du crime posant les actes ayant conduit à l’assassinat du jeune Boris Formbor Fabo. Et pour tout couronner, le mandat d’extraction des détenus a curieusement fait problème le jour même où le tribunal doit prononcer son verdict.
Par ailleurs, certains observateurs des milieux judiciaires questionnent le traitement de faveur accordé à Mme Obama Essomba qui comparaît libre après avoir obtenu une remise en liberté alors que tous les autres accusés croupissent en prison. L’accusation note aussi que contrairement aux déclarations des accusés qui disent ne pas se connaître, André Agladala, M. Djingui Djamo et Salomon Hamada résidaient tous dans une maison inhabitée, non loin de la résidence de Mme Obama Essomba. Elle ajoute que certaines personnes abondamment citées dans l’affaire et dont les témoignages auraient davantage édifié le tribunal ont été écartées du procès. Il s’agit, notamment, du vigile qui gardait le domicile de la principale accusée et du vendeur qui déclarait avoir vécu la scène de la moto qui s’avançait vers le véhicule de Boris Formbor Fabo. Toutes ces zones d’ombre qui n’ont pas été élucidé pendant les débats, ne contribuent pas à la manifestation de la vérité dans cette odieuse affaire où un être humain a perdu la vie comme un chien. Les regards sont maintenant tournés vers le collège des juges chargés de l’examen de l’épineux dossier. Le 21 juin prochain les accusés seront fixés sur leur sort.