Dans une interview exclusive accordée à Jeune Afrique, le rappeur camerounais en exil n’a pas hésité à faire le lien entre l’assassinat de Martinez Zogo et la guerre de succession de Paul Biya.
Pensez-vous que l’affaire Zogo puisse se lire à l’aune de la guerre des clans qui se déroule à Yaoundé dans la perspective de la succession de Paul Biya ? A cette question, le rappeur répondu sans détour.
« Qu’un même homme passe quarante ans au pouvoir et que la suite se décide loin du peuple est infiniment triste. Ce devrait être aux Camerounais de décider. Le seul fait que cette guerre des clans existe est la preuve d’une faillite de l’État. La guerre des clans, ça n’existe qu’au sein d’une mafia.Tout cela n’augure rien de bon pour le Cameroun. Ce seront des moments difficiles, des gens vont souffrir, des gens vont mourir, c’est tout ce que cela nous apportera. Je me moque, moi, de l’arbitrer, de dire qui a raison ou qui a tort. La seule question qui mérite d’être posée, c’est : le peuple sera-t-il impliqué dans l’alternance ou se contentera-t-il d’être spectateur de sa propre histoire ? » , se demande-t-il.
« Pendant quarante ans, on a détricoté l’opposition au Cameroun, il n’en reste plus rien. En outre, ce ne sont pas les formations politiques qui peuvent apporter le changement, c’est le peuple. Les partis ne sont là que pour accompagner ce dernier.Regardez ce qui s’est passé avec le Sénat : lors de l’élection, le parti au pouvoir [Rassemblement démocratique du peuple camerounais, RDPC] a remporté 100 % des 70 sièges en jeu. Paul Biya a nommé ceux qui allaient occuper les 30 autres, dont certains appartiennent à ce que lui appelle l’opposition. Convenez que l’on ne peut pas parler de véritable opposition dans un contexte comme celui-là ! », a-t-il précisé quant au rôle que pourrait jouer l’opposition.