Telle est l’interrogation que soulève la déclaration des ministres suite à leur passage devant la Commission des Finances du budget de la Chambre basse pour défendre leur budget 2023.
Trois ans déjà que la Stratégie nationale pour le développement (Snd) qui couvre la période 2020-2030 a vu le jour. Ce nouveau gouvernail de l’émergence du gouvernement de la République, initié suite à l’échec du précédent, le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce) de 2010 à 2020, suscite déjà des questionnements dans son implémentation à l’écoute des acteurs de premier plan à la manette. Bien sûr ce n’est pas devant la presse que le gouvernement va étaler toutes ses stratégies de développement, c’est une ritournelle bien connue. Si le Cameroun a opté de corriger le Dsce, n’est-il pas de bon ton que dans la pratique, il y ait un changement radical, en passant d’une volonté de gestion quasi opaque voire mystique des deniers publics (bien que combattue par la justice) à une transparence affirmée, qui va avec des sanctions idoines de la moindre déviance de gestion ? D’emblée, on se rend compte qu’après le passage devant la Commission dirigée par l'honorable Moutymbo Rosette Epse Ayayi, la majorité de l’équipe gouvernementale s’est illustrée devant la presse par des propos généralement très aériens, déconnectés des attentes concrètes, des réalités de terrain en 2023. Bien sûr, le budget de l’Etat dans son pan investissement est de ce point de vue intéressant à scruter. Dans le cadre de la Snd30, il est prescrit que de consacrer 40% des dépenses de l’Etat à l’investissement contre 30% dans le cadre du Dsce. N’est-il pas temps que les différents ministres soient plus concrets dans leur chapitre réalisations en dissertant sur leurs dépenses ? Par exemple, on aimerait bien sûr entendre les ministres discourir sur les nouvelles infrastructures qui seront en chantier en 2023. A l’écoute, il y a très peu de choses à mettre sous la dent. Les ministres ont bien entendu pour beaucoup parler devant les micros et les cameras sur une glorification des réalisations de l’exercice antérieur (2022) sans toutefois être ni explicites ni convaincants. Pour dire simple, on se demande à quel moment, ou précisément en quelle année, on va commencer à percevoir la Snd30 dans sa phase effective, en rupture avec les pratiques qui avaient cours dans le cadre du Dsce. Il urge que la fondation des grands chantiers de l’émergence en 2035 à défaut d’être visible doit être au moins annoncée par ceux qui tiennent la truelle au pied du mur de l’emergence. Quelle est la part visible de la Snd30 perceptible dans le Budget 2023 ? Les ministères au premier plan tels que les travaux publics ; la santé publique ; l’Education de base ; les Enseignements secondaires ; l’Enseignement supérieur ; l’Habitat et du développement urbain ; l’Eau et de l’énergie ; des Mines, de l’industrie et du développement technologique et bien d’autres devraient être précis en terme de réalisations, de fondation dans un court terme précis, des objectifs réalisables. Plus que 7 ans et rien de concret dans le Snd30 au niveau national, au niveau global et rien n’est perceptible. Il va sans dire que le budget 2023 a connu pour la première fois une prescription de produire un rapport annuel sur les risques budgétaires. Une innovation majeure dans la documentation budgétaire qui devrait permettre un meilleur suivi de l’exécution du budget et des risques y afférents. Pour autant, suffirait-il à donner plus de visibilité au Snd30 ? A quand nos ministres feront-ils des chiffres et des statistiques leur dada dans leur communication ?