C’est à travers une mise au point à toute fin de clarification signée à Bafoussam ce 27 mars 2023 que deux plénipotentiaires de cette association ont mis au-devant de la scène « les usages confus et désordonnés » de ce patronyme au sein de la diaspora.
Jean Claude Shanda Tonme et Sindjoun Pokam sont les deux signataires du document de protestation des usages abusifs du patronyme Laakam. Ils dénoncent « les auteurs de la confusion, dont certaines manières de faire et de se présenter, mêlent la peur, l’ignorance, la profanation, la tricherie la légèreté et la lâcheté » qui ont jeté leur dévolu sur cette association du peuple Bamiléké pour mener des actions à des fins inavouées. Ils précisent à ce sujet que depuis un certain temps, « des personnes non identifiées pour la plupart, agissant avec des masques ou se présentant sous des pseudonymes, au Cameroun et à l’étranger, usent et abusent, en dépit de nos multiples rappels à l’ordre directs et indirects, du nom associatif Laakam pour mener des activités plurielles, commettre des communiqués et s’étaler sur les réseaux sociaux » . Pour preuve, en date du 24 mars 2023, certains de ces acteurs ont proclamé la ville de Washington, capitale des Etats unis, comme lieu de conception, d’élaboration et de diffusion des tracts. Ils revenaient précisément sur la question du « génocide Bamiléké » suite à la constitution de la Commission d’histoire par la France en vue de faire la lumière sur le passé colonial entre les deux pays. Dans sa mise au point, le Bureau exécutif de Laakam déploie les arguments liés à la forme autant qu’à la forme. Sur la forme, les plénipotentiaires indiquent que le nom de cette association émane d’un processus et d’une maturation, longs et profonds, des chefs supérieurs Bamilékés réunis en assemblée mensuelle à Bangan en 1991. Les emblèmes, la devise ainsi que la profession de foi de Laakam sont de ce fait connues et étables. En plus, ils précisent que Laakam « apprécie grandement et se réjouit, de la prolifération des organisations « Po’o Laa », « Po’o Grafi » et « Binam » au sein de la diaspora et suit par conséquent méthodiquement leurs activités, loue leur sens d’organisation, de solidarité et de rassemblement, leur référence permanente au terroir, leur attachement aux valeurs, traditions, coutumes et rites de la communauté ». Pour finir sur ce chapitre de la forme, les plénipotentiaires confient que l’appartenance à la Communauté Bamiléké ne confère pas l’autorisation automatique d’user du nom de l’association Laakam, laquelle est une appellation protégée. C’est donc loisible de constater, indique les responsables de Laakam, que « les auteurs de l’usage désordonné du nom de l’Association, commettent un véritable sacrilège, une profanation et une dérive d’autant plus grave qu’ils font appel comme sur le dernier communiqué du 24 mars, aux emblèmes de la royauté européenne et judéo-chrétienne. Ces blagues infantiles et irresponsables sont très loin des traditions africaines authentiques de sacralisation et de représentation imagée de la souveraineté royale ».
Sur le fond en ce qui concerne Laakam
En premier lieu, Laakam affirme que « la question du génocide Bamiléké » est un grand sujet d’histoire, mais il concerne aussi bien le Bassa qui a vécu une même fureur du corps expéditionnaire et des parachutistes colonialistes que d’autres. Cette question s’intègre dans l’histoire du Cameroun en général. En deuxième lieu, on apprend que Laakam salue et prend en considération de nombreux travaux sur lesquels elle s’inspire et qui mettent en exergue le martyr du peuple camerounais en général, « par-delà et au-delà des constatations cruelles d’un colonel colonialiste nommé Lamberton, et faisant des Bamilékés un caillou dans une chaussure », avec comme opérationnalisation stratégique dans la gouvernance contemporaine, une discrimination ciblée et outrancière. Parmi ces nombreux travaux, il est indiqué ceux du Père Angelbert Mveng, d’Achille Bembé, de Mongo Béti, de Jacob Tatsita, de Daniel Abwa, de Jean Philippe Guiffo, de Michel Sindjoun Pokam et d’autres. Dans la même veine, Laakam, précise la mise au point, « n’est pas et ne saurait être ni un parti politique, ni un refuge des frustrations qui se manifestent sporadiquement de manière anonyme par certains individus qui auraient des choses à se reprocher, ni un instrument de cabales vexatoires à un titre ou à un autre pour diviser nos compatriotes ». Bien plus, les responsables de Laakam indiquent que cette association est et demeure une structure ouverte, « obéissant aux chefs supérieurs bamilékés, travaillant pour rassembler et promouvoir la solidarité des filles et des fils de la communauté, préservant nos valeurs et traditions, soucieux de l’unité, de l’intégration et de la cohésion nationales dans l’ensemble territorial, étatique et républicain camerounais, unique et indivisible ». Pour finir, Laakam affirme qu’elle avait déjà pris acte positivement de la déclaration faite par le président français François Hollande lors de sa brève visite d’Etat au Cameroun, où il reconnaissait « l’existence de graves fautes/crimes/dérives de son pays ». C’est pourquoi les responsables de Laakam concluent que la suite ne mérite point d’inutiles intrigues et inquisitions. Ce passé douloureux, ajoutent-ils, aura au contraire enrichi et renforcé ses fils, particulièrement dans la conviction de la célébration du travail, de l’unité, de la solidarité et de la paix comme valeurs cardinales pour la réussite et le triomphe dans la société.