Les jeunes du comité de vigilance ont poussé trois des quatre kamikazes, à exploser loin des zones à forte concentration humaine. Bilan, 9 morts dont quatre terroristes.
N’eût été la vigilance des éléments de l’auto défense du petit village de Leymarie à Fotokol, le bilan du quadruple attaque kamikaze qui s’est produit dans le groupement de Fotokol dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun aurait eu un bilan plus lourd. On n’aurait pas seulement compté les 9 morts et la dizaine de blessés graves qui constituent le bilan provisoire de cette attaque.
Selon des informations, après l’explosion du premier kamikaze, une jeune fille d’environ quinze ans dans chefferie du village Leymarie, explosion qui a couté la vie au chef du village et à quatre membres de sa famille, les membres de l’auto-défense alertés ont commencé à fouiller tous ceux qu’ils apercevaient autour de la chefferie.
Pendant cet exercice de routine, ces derniers ont découvert les trois autres kamikazes présents dans les parages et se sont aussitôt mis à leur poursuite. Le faisant, ils ont également alertés les militaires camerounais basés dans la zone. Informés de la situation, ces derniers venus à la rescousse ont tiré des coups de feu dans l’air pour obliger les terroristes à s’arrêter. Mais les kamikazes, toutes des jeunes filles d’une quinzaine d’années, ont préféré se suicider en déclenchant leur charge explosive pendant leur course. Blessant grièvement au passage des villageois se trouvant dans la zone. Cette action héroïque des responsables de l’auto défense de Fotokol a été saluée par le ministre de la Communication, Issa Tchiroma, joint au téléphone hier dimanche par Rfi:
«pour la première fois, des jeunes filles se sont attaquées à un chef traditionnel qui est de ceux-là qui organisent les comités de défense. Boko Haram redoute désormais les groupes d’auto défense et les comités de vigilance. C’est avec les équipements mis à leur disposition par le gouvernement camerounais qu’ils mettent en difficulté Boko Haram. Parce qu’ils les empêchent d’atteindre leur cible que sont les marchés, les écoles, les mosquées les attroupements», a déclaré le ministre de la Communication. Celui-ci pense d’ailleurs qu’avec ces nouvelles formes d’attaques, le gouvernement camerounais de concert avec les comités de vigilance doit changer de stratégie pour mettre en déroute la secte terroriste qui sème la terreur dans cette partie du pays.
Le film du drame
Tout a commencé autour de 13h. Selon le gouverneur de la région de l'Extrême-Nord, Midjiyawa Bakari, «une première femme kamikaze a actionné sa charge explosive dans la maison du chef traditionnel de Leymarie, petit village camerounais situé en périphérie de Fotokol, tout près de la frontière avec le Nigeria, le tuant sur le coup avec quatre membres de sa famille. Dans les minutes qui ont suivi, trois autres femmes kamikazes ont déclenché leurs explosifs à proximité de la chefferie sans faire de dégâts», a déclaré le gouverneur. Une source militaire rapporte que les trois kamikazes qui ont explosé après la première, avançaient à l’intérieur de la ville lorsqu’elles ont été repérées par les hommes du comité de vigilance. Elles ont explosés en blessant plus d’une dizaine de personnes. Ces dernières ont directement été prises en charge par les responsables administratifs descendus sur les lieux du drame. Le corps du chef traditionnel de Leymarie et les membres de sa famille ont été déposés dans la morgue de la place.
Une enquête a été ouverte. Peu après l’incident, les militaires ont sécurisé la ville. Des patrouilles pour la recherche d’éventuel terroristes ont été multipliées. Il faut dire que la ville de Fotokol, la toute première à connaitre les attaques terroristes par kamikaze au Cameroun, est de plus en plus agressée. Depuis le début de la guerre contre Boko Haram, elle a déjà connu près de 6 attaques terroristes dont trois durant le seul mois de novembre 2015. Le 9 novembre 2015 dernier, trois civils avaient été tués au cours de l'attentat-suicide menée par deux femmes près d'une mosquée à Fotokol. L’on pointe du doigt sa proximité avec la ville nigériane de Gambaru, ville prise d’assaut par les terroristes de Boko Haram.