Ce mercredi 31 mai s’ouvre un dialogue national dans la capitale sénégalaise, Dakar, dans un contexte de tension. Initié par le président Macky Sall, la rencontre a pour objectif d’aborder les questions clés qui affectent la nation afin « d’asseoir la paix et la stabilité sociale », selon M. Sall.
Le dialogue national verra la participation des « représentants des acteurs politiques, économiques, sociaux, culturels, des chefs religieux et coutumiers, des jeunes et des femmes, afin d’échanger et de bâtir des consensus durables sur des questions majeures relatives à la vie nationale, et à l’avenir du pays », informe le communiqué rendu public par le gouvernement sénégalais.
Cependant, plusieurs membres de l’opposition ont annoncé leur intention de boycotter l’événement.
Depuis l’annonce de Macky Sall de vouloir organiser un dialogue national qui va réunir toutes les forces vives de la nation, l’opposition sénégalaise s’est divisée sur la question de savoir s’il faut répondre ou non à cet appel.
Le dialogue national a d’ailleurs créé une dissension au sein de la coalition de l’opposition Yewwi Askan wi. Si des partis comme Pastef-les patriotes d’Ousmane Sonko ont catégoriquement refusé de participer au dialogue national, d’autres comme le mouvement Taxawu Senegaal ont accepté la main tendue du chef de l’Etat. Taxawu Senegaal a par ailleurs dressé une liste de points à aborder lors de ce dialogue national, dont une non-candidature de Macky Sall pour briguer un troisième mandat à la tête du Sénégal.
Le président sénégalais n'a pas encore annoncé ou démenti officiellement son éventuelle candidature aux élections de 2024.
Un dialogue sous tension
Le lancement du dialogue national se tient dans un contexte de tension ambiante dans le pays. En effet, l’un des farouches opposants au président Sall, Ousmane Sonko, dénonce ce qu’il appelle une séquestration. Empêtré dans des affaires judiciaires, le leader du parti Pastef attend le verdict de son procès pour viol et menaces de mort, qui sera connu ce jeudi 1er juin 2023.Plusieurs heurts ont d’ailleurs éclaté au lendemain (lundi 29 mai) du transfert de M. Sonko dont « la caravane de la liberté » a été interrompue par les forces de l’ordre. L’opposant a été par la suite conduit à son domicile à Dakar, quadrillé par les forces de sécurité.
Ceci a déclenché la colère de ses partisans qui veulent « enlever les barricades illégales » qui les tiennent loin de leur leader.
Plusieurs domiciles de leaders politiques, aussi bien du pouvoir que de l’opposition, ont été pris pour cible, dont celui de Barthélémy Dias de Taxawu Senegaal. M. Dias, par ailleurs, maire de Dakar, a affirmé avoir sollicité la tenue d’un dialogue national afin de décrisper la situation tendue du pays.
Une tradition de dialogue et de boycott
Le président Sall a déjà initié un dialogue national en 2016 sur les réformes politiques, la gestion du pétrole et du gaz découverts au Sénégal, la sécurité, la recherche de la paix en Casamance, l’éducation et la santé, deux secteurs confrontés à des grèves à répétition.Si plusieurs acteurs avaient répondu favorablement à l’appel du président Sall, des leaders de l’opposition tels que Idrissa Seck avaient refusé d’y prendre part.
En 2019, Le Parti démocratique sénégalais (PDS), l'ex-parti au pouvoir, a également refusé de prendre part au dialogue national. Le Front de résistance nationale, coalition de l'opposition, estimait qu'il y avait une crise de confiance entre le pouvoir et l'opposition.
En 2023, plusieurs partis de l’opposition ont préféré décliner l’invitation du président Sall à un dialogue national.