Alors que tous les regards étaient tournés vers l’audition des journalistes Xavier Messe et Zephirin Koloko ce 21 février 2023 au Secrétariat d’Etat à la Défense chargé de la gendarmerie (SED), un évènement important a quasiment échappé aux projecteurs de la presse.

Selon des sources concordantes, le lieutenant-colonel Justin Danwe a été confronté ce mardi à un gendarme à qui il aurait demandé d’éliminer Martinez Zogo. Cet épisode serait complètement ignoré du public si le gendarme en question n’avait pas décidé de saisir les autorités compétentes. Justin Danwé à en croire les sources aurait demandé au militaire de supprimer leurs conversations qui comportaient des éléments compromettants. Au lieu de s’exécuter celui-ci à conserver les messages et s’est confié à sa hiérarchie, d’où son audition ce mardi.

« Justin Danwe avait demandé au gendarme de tuer Martinez. Après donc il envoie le message au gendarme pour lui dire que la police est sur le dossier que le gars supprime des messages WhatsApp. C'est comme ça que le gendarme est allé le dénoncer auprès de sa hiérarchie », rapporte une source proche du dossier.

Justin Danwe des les premières auditions a reconnu son implication dans l’enlèvement du journaliste Martinez Zogo dont la dépouille en décomposition a été découverte 5 jours après. Selon son avocat, il n’a jamais cité le nom du ministre de la justice Laurent Esso parmi les commanditaires de l’assassinat de Martinez Zogo.

Bien que Amougou Belinga reconnait sa proximité avec Justin Danwe, il nie catégoriquement avoir donné l’ordre ce dernier d’éliminer l’animateur de l’émission célèbre « Embouteillage ». Si Amougou Belinga fait partie des premiers suspects c’est parce qu’en plus d’être cité par Justin Danwé, il avait de sérieux mobile pour en finir avec le journaliste. En effet avant sa mort Martinez Zogo enquêtait sur d’éventuelles cas de détournement au ministère de l’économie et à la présidence de la République. Le nom d’Amougou Belinga revenait régulièrement dans les dossiers en possession du journaliste.

SED : Xavier Messe n’a pas dit toute la vérité

On n’apprendra rien de plus de l’audition des journalistes Xavier Messe et Zephirin Koloko. Le premier avait pourtant déclaré sur une radio privée camerounaise avoir appris l’assassinat de Martinez Zogo le lendemain de son enlèvement. La dépouille de l’animateur de l’émission « Embouteillages » sera finalement découverte 5 jours après. Des sources indiquent que les révélations de Xavier Messe concordent point par point avec les premiers résultats des enquêteurs.

Et pourtant lors de sa dernière audition, l’enseignant en journalisme reviendra sur ses déclarations précédentes en affirmant avoir menti. Messe aurait donc inventé de toute pièce ses révélations qui concordent étrangement avec les éléments qui seraient en possession des enquêteurs.

Dans l’opinion, ce revirement passe mal. Certains Camerounais sont convaincus que le journaliste protège une source qui en sait davantage sur ce crime crapuleux. Xavier Messe n’a d’ailleurs jamais eu l’intention de dire la vérité aux enquêteurs puisqu’au cours de sa précédente audition il avait mis les gendarmes et policiers sur une fausse piste en indexant nommément son confrère Zephirin Koloko. La confrontation entre les deux journalistes a permis de découvrir que Xavier Messe ne disait pas la vérité.

Comment un enseignant d’une si grande renommée peut-il verser dans le buzz alors qu’on parle d’assassinat d’un journaliste ? Au micro des confrères de RFI, le doyen dit avoir été harcelé.

« Je suis donc libre. J’ai ma liberté grâce à une caution morale. On m’a demandé d’écrire une lettre d’excuse; j’avais dit des choses qui étaient inexactes. C’était ou j’écrivais cette lettre là ou j’allais en prison c’est tout. Les autorités ont estimé que j’en savais trop et qu’il fallait dire la source de mes informations par rapport à la mort de Martinez Zogo. Franchement, j’ai tout fait pour rassurer, que j’avais pas de source à cacher, mais que tout ce que je savais, tous les camerounais le savaient déjà grâce au réseaux sociaux; mais elles n’étaient pas convaincues. J’ai été vraiment harcelé, physiquement, moralement. Pour ce dossier, je pense que ça relève désormais du passé », a-t-il déclaré.

« Xavier Messé a ramené le journalisme là où il ne fallait pas. Ne désacralisez pas ce métier », a écrit le journaliste Dr Pierre Nka.

« Xavier Messe doit présenter des excuses publiques à la presse, à la famille du regretté Martinez Zogo et aux Camerounais. A la lumière de certains faits récents, en tant que journaliste, je ne m’explique pas les propos de cet enseignant de journalisme sur les antennes de Balafon Fm. Cependant, en tant que humain, je comprends qu’un être peut céder à certaines faiblesses. Il est temps de tourner, de la façon la plus honorable possible, une page qui n’aurait jamais due être écrite , pour mieux se consacrer à l’essentiel, à savoir exiger la vérité sur l’assassinat de Martinez Zogo. Cher aîné Xavier Messe, la balle est dans ton camp« , a préconise le journaliste Thierry Djoussi.