Actualités of Friday, 30 August 2024

Source: Le Jour

Audrey Clarisse Ekollo Ndome : la camerounaise qui a révolutionné la production et transformation de poissons

Audrey Clarisse Ekollo Ndome : celle qui a révolutionné la production et transformation de poissons Audrey Clarisse Ekollo Ndome : celle qui a révolutionné la production et transformation de poissons

Créée en 2021, Acquaki est spécialisée dans la production et transformation de poissons. Audrey au travers de son entreprise propose des poissons frais et fumés hors des marchés classiques répondant aux besoins de sécurité de la moyenne et la haute classe en termes de traçabilité, de qualité du procédé de production, de qualité du packaging et de facilité de préparation avec les poissons fumés déjà nettoyés et désarêtés. La seconde lauréate du Prix Pierre Castel 2024 nous raconte son parcours époustouflant.

Parcours scolaire : major du Littoral

« Je suis une jeune Camerounaise âgée de 29 ans, mariée et pas d’enfant pour l’instant. Je suis originaire de Dibombari, dans le département du Moungo (région du Littoral). Née dans la capitale économique, Douala, j’ai très tôt marqué un intérêt pour les affaires en vue de devenir une opératrice économique contribuant au développement de mon pays et mon continent. 2. Parlez-nous de votre parcours académique et professionnel. Je débute mon parcours scolaire à l’école maternelle et primaire Dora et Djemba. Ensuite, je fais mon secondaire au collège Libermann où j’apprends la rigueur, la discipline, la recherche constante de l’excellence et le respect de l’humain. Ainsi en 2012, j’obtiens mon baccalauréat littéraire et je bénéficie d’une Bourse de l’Excellence des Boissons du Cameroun en tant que Major de la région du Littoral ».

Une âme d’entrepreneure

Fortement convaincue déjà à cette année que ma vocation profonde est celle de devenir entrepreneure, je m’inscris en cycle licence à l’Université Catholique d’Afrique Centrale (UCAC), dont je ressortirai en 2017 munie d’un Master en Audit et Contrôle de gestion. Après l’Université, je cofonde la startup Tootree et dirige Tootree Cameroun pendant deux ans après une expérience de deux ans également dans la finance dans l’ONG World Wide Fund for Nature. Ma première expérience dans l’entrepreneuriat date de 2006, lorsque j’étais en classe de 5e. Deux de mes cousines et moi nous étions lancées dans la production de chips de plantains. Nous les faisions après les classes et les commercialisions dans les établissements scolaires avec une attention particulière sur le suivi de notre comptabilité ! Par la suite, je multiplie les expériences dans le domaine à l’Université, notamment en tant que Coordonnatrice générale de la junior entreprise de l’UCAC, le PRODEV, qui fonctionne comme un cabinet de prestations de services rendus par les étudiants à des entreprises et particuliers. C’est donc naturellement qu’au sortir de mes études, j’ai voulu m’engager dans l’entrepreneuriat pour contribuer au développement de mon pays, le Cameroun, et de l’Afrique. Plus précisément, m’engager dans un entrepreneuriat conciliant enjeux économiques et sociétaux.

Acquaki, un modèle d’économie sociale et solidaire

« C’est en 2020 que je décide de quitter ma zone de confort à Yaoundé et de rentrer sur la terre de mes ancêtres, Dibombari. Fortement touchée par la vulnérabilité et la grande précarité des jeunes, j’y implante le projet Acquaki et c’est le début d’une formidable aventure. Aujourd’hui, Acquaki est une SARL portée vers un modèle d’économie sociale et solidaire, et contribuant à l’autonomisation des femmes et des jeunes filles de la zone rurale au travers de la production et la transformation de poissons. Qu’est-ce qui justifie le choix de travailler sur le poisson ? Le poisson est la protéine animale la plus consommée au Cameroun et malheureusement l’offre locale de poissons reste encore fortement inférieure à la demande. Renforcer la production locale de poisson relève donc d’un enjeu de sécurité alimentaire crucial pour le développement du pays et j’ai voulu en faire mon cheval de bataille ».

Le processus de production

« Actuellement nous sommes spécialisés dans la production, la transformation et la commercialisation de poissons. Nous nous approvisionnons en alevins localement et les faisons grossir jusqu’à ce qu’ils atteignent leur taille adulte. Nous les vendons frais et fumés auprès des entreprises et particuliers. S’il nous a fallu un peu de temps pour faire maturer notre projet, aujourd’hui nous communiquons sur notre marque dans les points de vente et via les réseaux sociaux qui, pour les derniers, restent un moyen de communication plus abordable pour les jeunes entreprises à budget limité. Nos produits sont en demande constante et nous travaillons sur l’accroissement de notre capacité de production pour mieux satisfaire nos clients actuels et accroître davantage notre portefeuille client. Acquaki ambitionne détenir 20% du marché de la commercialisation de poissons frais et fumés dans les grandes et moyennes surfaces, les hôtels et les restaurants du Cameroun et exporter au moins 40% de notre production dans une période de 5 ans. Projet de développement : autonomisation des femmes et jeunes filles à travers la production et transformation de poissons dans la zone rurale de Dibombari ».

Patriotisme économique

« Selon moi, nous devons travailler fortement sur la notion de patriotisme économique qui vise à accroître la consommation des produits camerounais par les Camerounais. Les plus grandes économies du monde telles que les Etats-Unis, la Chine, la France ou l’Angleterre, sont passées par des périodes de protectionnisme avec pour principal effet la croissance des entreprises locales et qui dit croissance des entreprises locales dit également plus d’emplois, plus de pouvoir d’achat et une économie plus dynamique. Bien que l’ère soit rendue aujourd’hui à la mondialisation qui rend de ce fait les entreprises locales et les produits Made in Cameroon plus vulnérables face à l’offre étrangère, un regain du patriotisme économique et des politiques publiques et privées allant dans ce sens reste capitale. En outre, nous pouvons citer de manière non exhaustive la difficulté d’accès localement au packaging de qualité qui sont gages de confiance pour les clients et à des prix compétitifs ; ainsi que le poids de l’impôt qui peut limiter la capacité de croissance des opérateurs du Made in Cameroon et maintenir plusieurs dans l’informel ».

L’initiative du Prix Pierre Castel

« Une initiative incroyable tant son impact est grand dans la sphère de l’agribusiness et dans le développement des projets de ses bénéficiaires. L’agriculture, l’agroalimentaire, l’agritech sont des enjeux de développement majeurs et critiques pour le Cameroun et l’Afrique. Souvenez-vous que le secteur agricole emploie plus de 60% de la population mondiale ! En outre, les enjeux de préservation de l’environnement, de création de valeur auprès des communautés, d’emploi des jeunes et des femmes relèvent des grandes urgences de notre siècle. Je ne saurais démontrer suffisamment magratitude à l’équipe de la Fondation Pierre Castel et celle des Brasseries pour cette formidable opportunité qui m’est donnée en tant que lauréate de ce Prix. Continuer à m’investir sur ces enjeux et renforcer l’impact du projet Acquaki restent ma priorité ».