Actualités of Wednesday, 6 December 2023

Source: Terre promise

Autoroute Yaoundé-Nsimalen : une nouvelle polémique enfle

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Après de longues années d’attente, on reparle de la section urbaine de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen. Une infrastructure dont la réalisation requiert la rondelette somme de plus de 379 milliards de FCFA.



Ce projet part certainement d’une bonne intention : moderniser la capitale du Cameroun. Il prend naissance àAhala pour se terminer à la sous-préfecture de Tsinga en passant par la Nouvelle route Bastos,sur 12,4 km. Il pourrait, avec la construction des 13 échangeurs et autres ouvrages prévus sur son tracé, aider à améliorer le trafic à Yaoundé. Cependant, tout le problème est dans sa réalisation qui suscite desinterrogations, inquiétudes et appréhensions. D’abord la pertinence de la construction en plein centre urbain d’une autoroute qui, par définition, est une voie de circulation rapide. Les experts que nous avons consultés trouvent cela tout simplement incongru.


Mieux, au moment où la voirie urbaine de Yaoundé est complètement dégradée, obligeant les autorités municipales à procéder à desreplâtrages approximatifs, alors que l’éclairage public est insuffisant, et le problème de l’enlèvement des ordurestoujours pas définitivement résolu, nombreux sont ceux qui estiment que cet argent, s’il existe, devrait être utilisé à bon escient pour au moins réhabiliter la voirie urbaine de la capitale. Par ailleurs, le projet peut être mis en concurrence avec la construction de la Voie de Contournement de Yaoundé (VCY) dont on nous a parlé il y a plusieurs mois, et qui est depuis ce temps dans les oubliettes, probablement en raison du coût jugé très élevé (1200 milliards de FCFA). Ce projet, pour lequel des bailleurs de fonds internationaux, l’Union européenne, la Banque européenne d’investissement (BEI), la Banque africaine de développement (BAD), ont semblé manifester un certain intérêt lors de sa présentation au Mont Febe Hôtel de Yaoundé, nous semble plus utile, et donc plus urgent à réaliser, en ce qu’il pourrait véritablement décongestionner la ville tout en lui ouvrant de bonnes perspectives de développement économique


Trop cher

On pourrait aussi évoquer l’autoroute Yaoundé-Douala dont l’importance stratégique et économique ne souffre d’aucun doute, mais dont le chantier est abandonné après la construction des 50 premiers kilomètres, à cause du manque de financement. Il y a donc clairement ici un problème de priorité à établir. Il y a ensuite le coût même du projet: 379,5 milliards de FCFA dans un contexte de marasme économique, où le pays en plus fait face à une demande sociale de plus en plus forte et difficile à satisfaire. Le projet est visiblement trop cher pour un impact incertain. Par ailleurs, quand on prend en compte le fait que la section rase campagne, qui part de Ahala à Nsimalen, certes plus longue mais présentant en principe le moins de problèmes poursa mise en œuvre, a pris sept ans pour sa réalisation, il y a lieu de se demander ce qu’il en sera de la partie urbaine au vu des difficultés de tous ordres que sa réalisation pourrait rencontrer. La mise en œuvre d’un tel projet suppose, cela va sans dire, des préalables parmi lesquels la démolition d’importants édifices situés le long du trajet, compte tenu de son emprise, et l’indemnisation de leurs propriétaires. Ce qui n’est pas, dans le contexte économique actuel, une mince affaire, surtout quand on sait tout le mal que les autorités compétentes ont souvent à gérer ce genre de dossier. Il faut donc s’attendre à des grincements de dents. Ensuite, on imagine la difficulté qu’il y aura à déplacer les réseaux d’eau, de téléphone et d’électricité et les désagréments que cela pourrait causer. Il faut ajouter à cela que la réalisation de cet ouvrage, qui coupe Yaoundé en deux, de part en part, devrait prendre plusieurs années. Elle est susceptible de provoquer d’importants désagréments – le mot est faible - en ce qui concerne la mobilité des populations. Il faut en effet s’attendre à ce que ce chantier gêne considérablement la circulation sur un axe qui constitue le nerf central du trafic dans la ville. Or, on l’a constaté, chaque fois qu’il est fermé, d’interminables bouchonsse créentsur toutesles autres artères. Comment va-t-on pouvoir gérer tous ces problèmes dans une ville qui, en temps normal, donne déjà l’impression d’étouffer?