La décision du gouverneur Midjiyawa Bakari d’interdire la circulation de gros porteurs sur ce tronçon fait jaser les populations et les camionneurs.
Depuis le 5 août dernier, une note adressée par le gouverneur de l’Extrême-Nord, Midjiyawa Bakari, aux préfets du Logone et Chari et du Mayo-Sava suspend la circulation de gros porteurs sur le tronçon Mora-Kousséri. «Face à la dégradation avancée de la route nationale numéro 1, tronçon Mora-Kousséri, ce qui se justifie par cette période d’abondantes précipitations dans la région de l’Extrême-Nord, j’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir bien prendre les dispositions urgentes, chacun en ce qui le concerne dans son unité de commandement, afin de suspendre jusqu’à nouvel ordre, la circulation de gros porteurs sur cet important axe routier qui relie le Grand Sud au Grand Nord ainsi que toute la sous-région», écrit le gouverneur. Il indique qu’il s’agit précisément de gros porteurs en provenance du Nigeria dont les charges surpassent le plus souvent les normes. «L’objectif étant de protéger notre patrimoine routier de la ruine et de maintenir la circulation », précise-t-il.
Plusieurs semaines après, cette décision du gouverneur suscite déjà de l’indignation chez les populations du Logone et Chari. Elles indiquent en chœur qu’elles commencent déjà à subir des difficultés à se ravitailler et surtout le renchérissement des produits dans les marchés du département. Ali Ousman, membre de la société civile en fait partie. «Kousséri et même tout le département du Logone et Chari sont secoués par la vie chère depuis les derniers conflits intercommunautaires. A cela vient s’ajouter la flambée généralisée des produits de première nécessité. Comme si cela ne suffisait pas, le gouverneur interdit la circulation de gros porteur jusqu’à la fin de la saison des pluies prévue dans deux mois. Et c’est par ce seul axe que Kousséri est ravitaillé. Subitement, tout est cher sur le marché. On mange une seule fois par jour dans certaines familles. La situation est lamentable », se plaint-il. Les complaintes se sont de plus en plus amplifiées sur les réseaux sociaux et chacun y va de son commentaire.
Les camionneurs qui ont leurs habitudes sur le tronçon interdit de circulation ne savent plus à quel saint se vouer face à cette décision qu’ils qualifient de contreproductive. Ahmed Oumaté pense pour sa part que cette décision du gouverneur est purement et simplement maladroite. « Il nous a simplement mis au chômage pour au moins deux mois. Il ne pleut pas quand même chaque jour à l’ExtrêmeNord. L’Etat pouvait traiter les points critiques sur la route le jour qu’il ne pleut pas afin de parer au plus pressé et sauver la maigre économie qui se meurt de jour en jour faute de routes. C’est un aveu d’échec de l’Etat, c’est tout », s’indigne-t-il. L’opération «moteur mort » imposée par le mauvais état de la route court jusqu’à nouvel ordre. Entre temps, populations et camionneurs continuent de trinquer.