Des mois d'interrogatoires d'Ayaba Cho Lucas ont permis à la police norvégienne d'apprendre d'énormes informations sur la guerre anglophone au Cameroun. Mais ce qui a permis d'avoir les informations les plus précieuses, ce sont les renseignements tirés du téléphone et des ordinateurs portables du sécessionniste camerounais.

Selon le journaliste camerounais vivant en Norvège, Michel Biem Tong, le 10 mars 2025, le Oslo tingrett (tribunal de district d’Oslo, capitale de Norvège 🇳🇴) a prorogé de 8 mois la détention provisoire du leader séparatiste Ayaba Cho Lucas. C’est le 24 septembre dernier que Kripos (la police criminelle) a interpellé le président de l’Ambazonia Governing Council et commandant-en-chef du groupe armé Ambazonia Defence Forces (ADF).

Placé en détention provisoire (varetektsfengsling) le lendemain, ladite détention a subi jusqu’au 10 mars dernier des prorogations de 4 mois. Rappelons que depuis 2017, l’armée camerounaise affronte dans le Cameroun anglophone des groupes armés qui revendiquent la restauration du Southern Cameroons, puis, la reconnaissance de son indépendance sous l’appellation Ambazonia.

Selon la décision rendue lundi dernier par le juge Sondre Andreas Berg Paulsen, la prorogation de 8 mois de la détention de Cho Ayaba se justifie par le plan qu’avait, avant son arrestation, ce dernier de s’établir en Angleterre 🏴󠁧󠁢󠁥󠁮󠁧󠁿, où son épouse, ses enfants et lui ont obtenu des permis de séjour. Kripos a, d’après la décision de justice, fait cette découverte après un traçage de son ordinateur-portable, lequel a permis l’accès à ses mails. Le juge Andreas Berg a également souligné qu’Ayaba Cho et sa famille avait un lien assez faible avec la Norvège car naturalisés allemands.

La justice norvégienne a inculpé Ayaba Cho d’incitation à la commission des crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans le Cameroun. Notamment les enlèvements, les kidnappings contre rançons, les massacres des civils et autres assassinats ciblés. De sources dignes de foi, les enquêtes de la police norvégienne ont permis de découvrir des connexions entre le leader séparatiste et des dignitaires et suppôts du régime Biya. Notamment le ministre de l’Intérieur, Paul Atanga Nji, le commandant de la Division de la Sécurité Militaire, colonel Bamkoui Emile Joel, le groupe d’affaires Mukete et l’activiste anti-ambazonien basé en Angleterre, Nkonda Titus.

Dans une récente publication sur son compte YouTube, Capo Daniel, ex-porte-parole du groupe armé d’Ayaba, ADF, a révélé que des officiers de l’armée camerounaise livraient armes et munitions audit groupe armé.