L'arrestation récente en Norvège d'Ayaba Cho, figure emblématique du mouvement séparatiste anglophone au Cameroun, a mis en lumière le bilan sanglant du conflit qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (NoSo) depuis plusieurs années. Le leader séparatiste, aujourd'hui aux arrêts, a revendiqué plusieurs assassinats d'autorités administratives et traditionnelles, laissant derrière lui un triste bilan humain qui pèse désormais sur sa conscience et son avenir judiciaire.
Selon les informations recueillies par diverses sources, dont le journal Week Info, la liste des victimes attribuées aux actions d'Ayaba Cho est longue et peut-être même non exhaustive. Après son arrestation, on dénombre au moins deux sous-préfets tués, quatre maires assassinés, et neuf chefs traditionnels exécutés sous ses ordres. Ces crimes, que Cho aurait revendiqués lors de diffusions en direct sur Facebook, témoignent de la violence extrême qui caractérise ce conflit dans les régions anglophones du Cameroun.
Le cas de M. Namata, sous-préfet de Batibo, illustre tragiquement cette violence. Il fut la première autorité administrative victime de ce conflit, enlevé sur la place des fêtes de Batibo le 11 février 2018. Son sort resta incertain jusqu'à ce que l'on apprenne sa brutale exécution par ses ravisseurs. Ce jeune administrateur civil devint ainsi le symbole des dangers auxquels font face les représentants de l'État dans les zones de conflit.
Les attaques contre les autorités se sont multipliées au fil des années. En mars 2023, le cortège d'un autre sous-préfet a sauté sur une bombe artisanale dans un village de l'arrondissement d'Ekondotiti, causant la mort de l'autorité administrative et de plusieurs de ses collaborateurs. Les élus locaux n'ont pas été épargnés : le 11 mai 2020, M. Ojong, maire de Mamfe dans le département de la Manyu, a été abattu par des séparatistes. Le 20 mai 2024, c'est le maire de Belo qui a connu un sort similaire, tué non loin de la place des fêtes de sa commune.
Les chefs traditionnels, figures respectées dans leurs communautés, ont également payé un lourd tribut. L'assassinat de Chief Ngale Ikome, chef du village Dibanda près de Buea, le 13 décembre 2020, n'est qu'un exemple parmi d'autres du ciblage systématique des autorités traditionnelles par les groupes armés séparatistes.
Ayaba Cho, arrêté fin septembre en Norvège, fait face à des accusations basées sur ses diverses expressions sur les médias sociaux. Son arrestation pourrait marquer un tournant dans le conflit. Un fonctionnaire camerounais a déclaré à la BBC que la Norvège et le Cameroun avaient conclu un accord de sécurité qui pourrait permettre l'extradition de Cho dans les prochains jours, ouvrant la voie à un possible procès au Cameroun.
Cette arrestation soulève des questions sur l'avenir du mouvement séparatiste anglophone, dont Cho est une figure influente. Le mouvement, qui milite pour l'indépendance des régions anglophones du Cameroun, a plongé le Nord-Ouest et le Sud-Ouest dans une spirale de violence depuis plusieurs années. Les autorités camerounaises espèrent que l'arrestation d'Ayaba Cho contribuera à réduire la violence dans ces régions et ouvrira peut-être la voie à un dialogue pour une résolution pacifique du conflit.
Alors que le bilan humain continue de s'alourdir, l'arrestation d'Ayaba Cho rappelle le coût élevé de ce conflit en termes de vies humaines et de stabilité régionale. Elle met également en lumière les défis auxquels le Cameroun est confronté pour restaurer la paix et la sécurité dans ses régions anglophones, tout en soulevant des questions sur la possibilité d'une résolution politique à long terme de cette crise séparatiste.