Actualités of Tuesday, 21 November 2023

Source: Le Jour

Bain de sang au Cameroun : encore des morts lors du dernier affrontement

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Les échauffourées entre les camps rivaux, pour la prise du trône traditionnel de ce groupement des Bamboutos, virent à la tragédie.


Les décomptes varient selon les camps. Mais une chose est sûre : l’histoire de la succession à la tête de la chefferie Bagam s’écrira désormais en lettres de sang. Au moins deux personnes sont mortes au cours des affrontements qui ont eu lieu le jeudi 16 novembre 2023, sur la place de la chefferie, entre les partisans des deux chefs en lice selon les officiels, les populations et les forces de l’ordre, selon le camp du chef en prison. Ces derniers se prévalent d’ailleurs d’avoir mis en déroute les Fmo, en protégeant les cases sacrées de leur incursion et en séquestrant quelques affidés de Fongtendop Zossié. Le corps gisant sur la place du marché, dont l’image a fait le tour des réseaux sociaux, est celui de Bozo, un jeune dans la vingtaine, qui a pris des balles dans la poitrine. Un autre, du prénom de Philippe atteint par balle dans l’abdomen et référé à Mbouda par moto, a aussi succombé par la suite à ses blessures. Le cas d’un dernier dont une main était entièrement broyée par la même cause, au moment de son évacuation dans les mêmes conditions, fait polémique. Officiellement, le chef supérieur Bagam adoubé par l’administration, Fongtendop Zossié Dieudonné, effectuait une tournée dite de pacification de son groupement, soumis depuis deux semaines par certains à une opération « village mort », lorsque les partisans de l’autre chef dit autoproclamé, Mathurin Mouoyebe Zossié, actuellement en détention administrative à Bafoussam, se sont pris à lui et l’ont séquestré, entraînant un trouble généralisé dans le secteur. La gendarmerie serait intervenue sur réquisition du préfet des Bamboutos, pour rétablir l’ordre. Des partisans de Mathurin Mouoyebe Zossie auraient alors usé d’armes de fabrication traditionnelle et d’armes blanches, pour s’attaquer aux gendarmes, causant deux blessés graves et quatre blessés légers parmi lesquels un officier, endommageant un véhicule d’opération. Deux blessés graves auraient été enregistrés parmi les assaillants sur le lieu de l’affrontement, chez qui l’on a récupéré deux fusils artisanaux, un poignard, trois machettes. Instructions du Minat En face, l’on rétorque que le « chef des préfets » essayait ce 16 novembre de prendre de force possession de la chefferie Bagam, maintenant que son frère et rival est incarcéré à la prison centrale de Bafoussam, sur ordre du gouverneur de la région de l’Ouest, Awa Fonka Augustine.

Que des signes annonciateurs étaient perçus depuis sa tournée à Menfoung. Et la gendarmerie lui serait venue en aide, « dans une action de nettoyage des lieux », qui visait la réinstallation du chef approuvé par l’autorité administrative. Vers 11h30 donc, les gendarmes ont créé la panique générale sur la place du marché de Bagam, en tirant d’abord des bombes lacrymogènes, ensuite des balles réelles. Le deuil traditionnel improvisé autour de la dépouille sanglante de Bozo a laissé voir des Bagam plus que divisés autour du trône. Montés, les uns contre les autres. Et si rien n’est fait, d’autres échauffourées sont à craindre. Dans un message au peuple Bagam, au lendemain des événements qui ont endeuillé le village, Dieudonné Fongtendop Zossié assure que sa tournée à travers le groupement se poursuivra. « Ma pause d’hier, à la suite des incidents, était dictée par ma détermination à éviter tout affrontement irréparable ». Avant cela, il précise : « lors de mes précédentes étapes (dans les villages Mbekong-Magap, Khieneghang, Menfoung, ndlr), il n’y avait pas des forces de maintien de l’ordre pour prétendre que c’est l’administration qui m’impose. Je souligne avec force que l’intervention des Fmo hier, il me semble, n’a été que la résultante des renseignements sur ce qui se tramait et bien évidemment, les actes d’intimidation et de violence ourdis contre la très nombreuse population qui venait assister à la rencontre programmée». Selon lui, des enfants auraient été instrumentalisés, drogués et poussés à des réactions incontrôlées.