Tout est allé très vite vendredi 13 janvier 2017. Alors que les travaux se déroulent sans anicroche depuis 9h dans la salle de conférence des services du gouverneur à Up Station, une information relayée sur les réseaux sociaux autour de 19h30 fait état de ce que les leaders syndicaux ont été pris en otage par les membres du gouvernement.
Bien plus cette information précise que non seulement on est en train de contraindre ces leaders syndicaux à signer un document, pis encore, on les aurait ligotés. Du coup, une panique s’empare de la ville de Bamenda. Des conducteurs de mototaxis et autres se mettent en branle en direction du quartier administratif à up station. Ils sont bloqués au pied de la montagne à Finance Junction, par les forces de l’ordre. Seuls quelques rares piétons peuvent passer, après avoir montré patte blanche.
Ces conducteurs de moto taxi, décident d’emprunter la nouvelle pénétrante de Bamenda pour up-station. Ils sont également bloqués au carrefour qui mène à GRA. Pendant que certains empruntent la route qui mène vers Cenajes pour se retrouver vers le poste de douane à up-station, d’autres contournent par Mendankwe. En un laps de temps, l’entrée du Club 58 en face des services du gouverneur est envahie par ces derniers. Leur objectif, disent-ils, est de libérer les leaders syndicaux. Ils entonnent des chants religieux de ralliement et même des prières.
D’une articulation à l’autre, ils lancent même des invectives à l’endroit des forces mixtes de la police et de la gendarmerie. Ces bruits parviennent à la salle de réunion. Le chef de cabinet des services du gouverneur va aux nouvelles. Lorsqu’il retourne, il rend compte à sa hiérarchie. Suffisant pour le président du comité ad-hoc après concertation avec le gouverneur d’envoyer autour de 20h30mn, les leaders syndicaux apaiser les manifestants à l’extérieur. Et c’est au Dr Neba Fontem qu’accompagnaient les autres syndicalistes, qu’est revenue la responsabilité d’apporter des clarifications sur cette fausse nouvelle entretenue par les réseaux sociaux « J’aimerais vous remercier pour tout l’intérêt que vous accordez à ce problème. Nous sommes venus vous rassurer que les discussions se poursuivre et que personne ne nous a pris en otage. Personne ne nous as forcés de signer un quelconque document camer.be. Nous sommes conscients des principes que nous avons pris dès le départ et nous essayerons de faire des consultations nécessaires avant d’engager toute étape. Je vous prie d’être patients et évitez de poser tout acte qui va conduire à la violence ; évitez de poser tout acte qui va engendrer des destructions. Je vous en prie, personne ne doit être blessé cette nuit. Au moment où nous retournons en salle poursuivre les discussions, chercher un endroit et rester calmes. Vous pouvez chanter mais évitez tout clash ou altercation avec la police ».
Il ajoute « nous voulons vous rassurer que nous sommes en salle avec les parents, les autres enseignants et autres membres de la société civile, nous allons donner une conférence de presse cette nuit ou demain (samedi Ndlr)».
La douane pillée
Entre temps en ville, les boutiques et autres buvettes se ferment. Les taxis garent. Chacun se précipite à regagner son domicile avant tout impair. Par endroit notamment à Travellers, Hospital Round-about, City Chemist Round-about, Veterinary Junction, Mulang Road, les rues sont barricadées par des manifestants. En un laps de temps, les rues sont désertes. Certains brigands profitent de la nuit noire pour se rendre au secteur des Douanes du Nord-Ouest à Sonac Street.
Ils escaladent la clôture, pillent les marchandises frauduleuses, saisies il y a quelques jours par la douane. Et comme si cela ne suffisait pas, ils incendient trois véhicules pick-up, dont deux appartenant à Elecam (NW 840A0 et châssis 074564) et à la douane (CA 8428B). Il est à noter que les services de douane partagent le même enseigne que ceux d’Elecam (Mezam et Bamenda II) ainsi que le Minmap. Ces derniers ont même cassé la porte centrale en vitre qui débouche au couloir donnant accès aux bureaux d’Elecam.
A l’extérieur, un passant a vu sa moto calcinée par ces manifestants. De source policière, un magasin d’articles électroniques a été aussi pillé à l’avenue commerciale.
John Fru Ndi
Mis aux parfums, John Fru Ndi leader du Sdf, débarque autour de 22h50mn aux services du gouverneur. « Mr le gouverneur, je ne pouvais pas apprendre que la ville est en flammes et ne pas venir te voir » laisse-t-il entendre. La suite de leur conversation se passe à huis-clos dans le bureau du numéro 1 de la région. Vers 23h58mn la concertation du comité ad-hoc prend fin. Les protagonistes se donnent rendezvous pour mercredi prochain 18 janvier 2017, afin de poursuivre le dialogue.
Les syndicalistes annoncent dans la foulée que la grève n’est pas levée ni suspendue et qu’ils vont accorder une conférence de presse samedi à 11 h au lieu-dit Church Centre. Quatre personnes apprend-on dont un malade mental ont été malmenées par les forces de l’ordre à Ntarinkon. Une a reçu coup de cross à la tête, deux autres ont été atteintes par balles aux pieds et la dernière au niveau de la poitrine. Transportés à l’hôpital régional de Bamenda, ils ont été mis sous soins. Leur vie n’est pas en danger, renseigne notre source.
© Source : Le Messager : Donat SUFFO