Les premiers cours du trimestre ont eu lieu dans la section francophone de quelques établissements du Nord Ouest.
L’ambiance n’a pas beaucoup évolué dans la plupart des établissements scolaires de la région du Nord Ouest. Depuis lundi, le scénario est classique : les responsables administratifs ouvrent le matin, quelques enseignants viennent et tournent dans le campus jusqu’à une certaine heure et rentrent, apparemment désoeuvrés.
Ici et là, de nombreux personnels sont annoncés comme étant en permission. Lundi et mardi, le reporter du Jour a rencontré de nombreux enseignants de la région, très loin des localités où ils exercent. La majorité avait des préoccupations liées à la sécurité. Beaucoup disent avoir été nommément interpellés dans des messages reçus dans leurs téléphones et ne veulent pas servir de cobaye dans le bras de fer initié par le gouvernement.
Sur place même, la peur règne aussi bien chez les parents que les enseignants. Même si quelques uns bravent la menace des grévistes pour envoyer les enfants à l’école. Depuis lundi, certains rejoignent leurs établissements en cachant leurs tenues dans les cartables. Quelques jeunes téméraires bravent les regards suspicieux dans la rue pour se rendre à l’école. « Ce sont les anglophones qui ont des problèmes. Nous, on ne voit pas ce que l’Office du Baccalauréat va faire pour nos enfants », justifie un parent, en service au palais de justice de Bamenda.
Jusqu’à lors, les actes d?agression redoutés n’ont pas eu lieu. Aux lycées bilingues de Bamenda, de Down Town ou de Bamendakwe par exemple, les cours ont pu reprendre dans la section francophone. De 50 élèves le premier jour, l’un d’eux affichait près de 300 en classe hier. Par contre, d’autres établissements du même genre pointent zéro au compteur. Des enseignants viennent, parfois nombreux et ne trouvent pas d’élèves. Dans les établissements qui dispensent une éducation typiquement anglo-saxonne, les cours n’ont pas repris.
Jusque dans les célèbres collèges missionnaires qui attirent du beau monde à Bamenda, c’est le statu quo. Mercredi, 25 janvier 2017, l’un d’eux dépendant de l’oeuvre éducative de la Presbyterian Church et réputé contenir un millier d’élèves originaires de 13 nationalités différentes autour du Cameroun n’avait pas repris. Hier, la troisième journée de solidarité décrétée par les grévistes n’a pas connu le même enthousiasme que les jours précédents. Des taxis circulaient de plus en plus et certaines boutiques ont été ouvertes dans les zones sécurisées.
A l’Université de Bamenda, les cours n’ont toujours pas repris. Les enseignants pointent de plus en plus présents. Pas les étudiants qui rôdent pour voir.