Âgée de 18 ans, Akombom Marie Claire porte une grosse de six mois. Et sa sœur cadette, Brenda Nyingmah, 14 ans, porte elle aussi une grosse, mais de trois mois. L’auteur de ces deux grosses est le Pasteur Kokhi Emmanuel, âgé de 29 ans. Ces trois personnes ont été présentées à la presse le mercredi 24 aout 2016 par la brigade de gendarmerie du quartier Kedjom Kekuh.

Les hommes en tenue les avaient interpellés suite à une plainte déposée par Tsibuh Toh Grace, la génitrice des deux filles. Selon les déclarations recueillies de part et d’autre par la gendarmerie, l’histoire commence depuis environ cinq ans quand, contre l’avis de leur mère, les deux enfants sont enrôlés à «The Crosse Over Ministry», l’une de nombreuses églises de réveil qu’on dénombre dans notre pays. À peine arrivées, les deux adolescentes sont devenues les conquêtes d’Emmanuel Kokih, qui exerce dans cette congrégation comme pasteur.

Soupçonnant une relation insidieuse entre le jeune Pasteur et ses enfants, Grace Tsibuh Toh dit avoir tenté en vain de récupérer ses progénitures. «Regardez mes enfants, le pasteur les a détruits. C’est depuis quatre ans que je cherche à sortir mes enfants de cette église. Parce que le comportement de ce pasteur me faisait toujours croire qu’il n’est pas bien. Ma famille et moi sommes allez porter plainte dans les services de la Sous-préfecture et à la gendarmerie. Mais, plusieurs fois, le Pasteur a été arrêté puis relâché. Les gens du village ont même violenté le Pasteur pour qu’on le fasse partir d’ici. Rien n’a été fait pas les autorités. Quand ma première fille est tombée enceinte, elle a caché qui était le père de sa grossesse parce qu’elle subissait les menaces du Pasteur. C’est ma deuxième fille qui a eu courage de tout déballer quand j’ai constaté qu’elle était aussi enceinte. C’est devant les gendarmes que sa grande sœur a aussi déclaré que le même Pasteur est celui qui l’a engrossé. Voilà, si les autorités nous avaient écoutés, on n’en serait pas là» s’insurge Grace Tsibuh face à la presse.

L’accusé ne nie pas les faits ! Pis, il estime qu’il a mis en pratique une exigence divine. «J’ai obéi à une volonté de Dieu. C’est une chose spirituelle qui est derrière cet acte, si je vous explique cette bataille spirituelle vous n’allez pas comprendre. Mais, j’accepte prendre en charge ces deux sœurs et des enfants qu’elles vont accoucher» a-t-il déclaré.

Emmanuel Kokhi qui a la réputation d’un coureur de jupons, est le prototype de «Bonbon Pasteur», personnage d’une musique ivoirienne. Depuis trois jours, il médite sur son sort dans les cellules de la gendarmerie en attentant une éventuelle incarcération à la prison de Bamenda.