Le 21ème roi des Bamougoum Moumbé Fotso Miterrand est officiellement sorti du lâ’kam en présence de hautes personnalités et d’une foule nombreuse, ce samedi 25 novembre 2017.
La place du marché de la chefferie Bamougoum a connu une effervescence particulière samedi dernier. Moumbé Fotso Miterrand se présentant à son peuple a dévoilé sa feuille de route devant de nombreuses hautes personnalités, parmi lesquelles : le président du sénat, Marcel Niat Njifenji, le gouverneur de la région de l’Ouest, Awa Fonka, le sous-préfet de Bafoussam rural, le Maire de Bafoussam 3ème et des responsables religieux, (l’évêque du diocèse Bafoussam Dieudonné Watio), les chefs traditionnels et une foule immense.
En effet, après le décès de son père, Fotso Kankeu Jacques, le 26 juillet dernier, l’initiation du nouveau chef Bamougoum a commencé le samedi 12 août. Après 72 jours au lâ’kam, le futur chef a fait sa première apparition, le long du bois sacré, pour venir s’asseoir dans la chefferie, entouré des notables. C’est la sortie rituelle, annoncée par le seul bouche à oreille, et la ruse à un but précis : que les gens du village soient les seuls concernés, sans officiels et sans discours. Cela permet au régent de faire une sortie discrète.
Samedi dernier, au cours d’une sortie officielle, très colorée, organisée et financée par le directeur général de Congelcam, Sylvestre Ngouchinghe, un mouvement de foule a annoncé son arrivé au-lieu des cérémonies. Porté sur une chaise royale par des notables. Les personnes à qui son défunt père avait secrètement annoncé sa désignation comme son successeur au trône.
Les festivités ont débuté peu avant 10h par l’exécution en français et en anglais de l’hymne nationale du Cameroun, suivie d’un chant de ralliement de la communauté Bamougoum, chanté en langue locale par les élèves du lycée de Kena, suivi de quelques allocutions dont celle de sa majesté Moumbé Fotso Miterrand.
Un extrait du discours du roi des Bamougoum a particulièrement a soulevé des valses d’applaudissements, venant notamment des femmes. Morceaux choisis : « Vous les veuves de mon père –et celles de mon grand-père – bien que je sois devenu roi, je demeure votre fils, votre enfant de toujours. Vous êtes toutes mes mères, et comme le veut la tradition, vous êtes toutes mes femmes. Essuyez vos larmes, car votre mari est revenu : Je serai le mari de toutes les femmes du palais, leur partageant équitablement la viande et l’huile… »
Se tournant vers la noblesse, Moumbé Fotso Miterrand a réaffirmé son attachement aux institutions traditionnelles, mais a posé en même temps la problématique de sa modernité. «Les temps changent et Bamougoum doit aussi changer. Un peuple qui ne s’adapte pas, qui n’est pas attentif aux grandes mouvances du monde, qui ne s’arrime pas à la modernité, est un peuple attardé, voué à la sclérose et à la disparition, je crois qu’il est grand temps d’adapter davantage nos coutumes aux réalités de notre ère, de notre temps. Ainsi, entre autres pratiques, les rites du veuvage féminin devraient être révisés dans l’esprit de soulager la souffrance des veuves déjà éprouvées par le décès de leurs époux», a-t-il expliqué.
Il a conclu son propos en invitant les Bamougoum à être des parents responsables : «Envoyons nos enfants à l’école, achetons leurs fournitures scolaires, suivons et encadrons les sans relâche. J’invite tout le monde à accorder une place de choix à l’éducation des enfants. Car, une bonne fortune, un meilleur héritage qu’un parent peut léguer à sa progéniture c’est l’éducation»
Après le départ des hautes personnalités des lieux de cérémonies vers 16 heures, les danses traditionnelles et les réjouissances populaires ont continué jusqu’à l’aube. Il en sera encore ainsi pendant de longues semaines, puisque de nombreux chefs traditionnels vont continuer à défiler à la chefferie Bamougoum, les samedis, pour des cérémonies de funérailles en hommage à l’illustre disparu et réconforter et conseiller le nouveau roi.