Il y avait foule devant les locaux de la brigade de gendarmerie de Bandjoun le matin du mardi 10 novembre 2015. Accourus en masse, les motos taximen informés par la rumeur, réclamaient «qu’on libère celui qui assassine nos collègues pour qu’on finisse avec lui », comme ils clamaient en masse. Tout est parti d’une information circulant dans la ville de Bandjoun, annonçant que les gendarmes avaient arrêté un individu, présenté comme un voleur de moto.
Au cours des deux semaines précédentes, il se trouve que desmotos taximen sont tombés dans des embuscades. Deux transporteurs par moto, ont été tués. Le premier égorgé, le second éventré. Les forces de l’ordre ont lancé une enquête. De leurs côté, les motos taximen se sont passés des signes et des mots pour accourir en masse lorsqu’un nouveau cas suspect sera dénoncé, afin de se mobiliser pour en découdre avec ces personnes qui créent la panique au sein de ce corps de métier informel.
Informés de bonne heure que des suspects avaient été arrêtés par la gendarmerie, ces transporteurs urbains parmoto de la ville de Bandjoun, se sont rués en ces lieux. «J’ai beau crier que nous n’avions pas de suspect arrêtés ici, ils ne voulaient pas me croire. Ils ont menacé avec de l’essence, demettre le feu ici pour qu’on laisse sortir celui qu’ils recherchaient », relate encore tout ému, l’adjoint au commandant de cette brigade. Appelant au secours sa hiérarchie, l’adjoint qui se trouvait en poste avec deux éléments dans cette brigade qui a moins d’une demi-douzaine de gendarmes opérationnels, s’apprêtait déjà à tirer sur la foule pour éviter qu’ils violent les locaux de ce service public de sécurité hautement stratégique, lorsque quelques secours sont arrivés.
Il s’agissait des éléments du commissariat de cette ville et ceux de la compagnie de gendarmerie du Koung-khi. Pour décourager la foule, le procureur de la république près des tribunaux du Koung-khi, a fait visiter les cellules à quelquesmotos taximen pour qu’ils s’assurent qu’il n’y avait pas de suspect douteux dans ces locaux. Par la suite, il a enregistré une dizaine de moto taximen, menaçant de les tenir pour responsables si le feu embrassait ce service public.Ce sont ces moyens drastiques employés, qui ont poussé la foule à libérer progressivement les lieux.
Selon une source policière bien introduite, un suspect a en effet été arrêté la veille avec une moto appartenant à l’un desmotos taximen assassiné. Mais, ce dernier qui avoue avoir juste acheté cette moto en présentant le certificat de vente avec le nom de son vendeur, a été exfiltré vers Bafoussam, où il est interrogé. La police s’emploie encore à savoir si c’est lui le bourreau, où s’il est un receleur.