Lors de la 3ème audience de l'affaire qui oppose Célestine Ketcha Courtès aux journalistes Alain Ndanga et Gérôme Narcisse Sobzé, diverses factions du parti au pouvoir dans cette localité, ont assailli le palais de justice.
Les opérations de renouvellement des organes de base du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), n'ont visiblement pas contribué à ramener la paix entre les militants de ce parti politique; notamment dans la section Ndé-nord. Mieux, elles semblent plutôt avoir attisé les tensions.
En effet, pendant le processus électoral à l'issue duquel, elle avait rempilé à la tête de la section Ofrdpc, Célestine Ketcha Courtès en outre maire de Bangangté, avait fait adresser une citation directe aux journalistes Alain Ndanga, directeur de publication de l'hebdomadaire Productive; à Gérôme Narcisse Sobzé, directeur de publication du journal le Ndé, par ailleurs correspondant de chaine de télévision privée Equinoxe Tv dans le département du Ndé ; ainsi qu'à Jean Paul Kemtcham, ancien conseiller municipal Rdpc à la commune de Bangangté.
L'édile accuse ces trois personnes, de diffamation et d'injures. Ces délits auraient été commis dans l'une des parutions de ces journaux. Loin d'avoir ramené l'accalmie, la démarche de la plaignante semble avoir davantage mis le feu aux poudres dans la formation politique dont elle est l'un des hauts responsables dans le Ndé. Et l'existence des factions antagonistes s'est dévoilée ostentatoirement le mercredi 10 février dernier, lors de la troisième audience de cette affaire. Aux premières heures de la matinée, une cinquantaine de femmes vêtues aux couleurs du parti au pouvoir ont pris d'assaut le palais de justice de Bangangté.
Priées à quitter la salle d'audience pour que le procès puisse s'ouvrir, ces femmes se sont certes pliées à cette injonction, mais sont revenues quelques minutes après, cette fois-là, toute arborant des foulards jaunes. De nos investigations, il en ressort qu'elles y étaient non pas pour soutenir leur maire, mais en solidarité aux prévenus. L'un des avocats de l'accusation a d'ailleurs interpellé le président du tribunal à ne pas se laisser intimider par ce qu'il a qualifié de «forme de pression»
Ne pas sortir le procès de son contexte
Sur le sens de leur action, ces femmes apprennent sous cape, qu'elles veulent simplement situer le procès dans son contexte : celui des élections. Les avocats des prévenus ont d'ailleurs insisté sur cet aspect dans les exceptions soulevées. Pour eux, la citation directe a été servie en violation de la Loi qui voudrait qu'en période électorale, qu'elle soit faite dans un délai de 24 heures.
Or la citation directe est délivrée longtemps après la parution du journal dans lequel sont publiés les articles querellés. Cette violation, arguent-ils, entraine de fait, la forclusion de l'action. Cet argument a été battu en brèche par les avocats de la plaignante pour qui, les joutes électorales qui se passent à l'intérieur d'un parti politique n'engagent pas toute la nation. In fine « les élections internes au Rdpc n'ont aucun effet sur la Loi », se sont-ils défendus.
Et d'attirer l'attention du Président du Tribunal de ne pas «tomber dans le piège visant à le pousser à rendre un jugement avant-dire droit». Ils ont été rejoints dans cette posture par le ministère public. Après son réquisitoire, le procureur de la République a ordonné l'ouverture des débats.
Au bout de plus de 6 heures d'échanges houleux, les avocats de la défense qui ont dit ne plus ne se sentir en sécurité avec leurs clients, ont introduit une requête pour récuser la collégialité. En attendant la réaction du président de la cour d'appel de l'Ouest, l'affaire a été renvoyée au 9 mars prochain.