Adjoint de Samuel Eboua, Bello Bouba Maïgari se trouve en désaccord avec son supérieur, une divergence qui attire l'attention de Paul Biya. Son origine nordique, en plus de cette rivalité, devient un atout stratégique pour maintenir l'équilibre géographique entre le Sud et le Nord au sein du gouvernement de Biya. Malgré le fait qu'il n'était pas le premier choix du président, Maïgari est finalement nommé Premier ministre, tandis qu'Eboua prend la tête du ministère de l'Agriculture.
Cependant, en août 1983, Luc Ayang remplace Maïgari en tant que Premier ministre. La situation politique est tendue à Yaoundé entre les partisans d'Ahmadou Ahidjo et ceux de Paul Biya. Sentant qu'il est mis à l'écart et estimant que sa sécurité est menacée, Maïgari choisit l'exil. En avril 1984, alors que Biya échappe à un coup d'État, Maïgari se trouve au Nigeria, à Kaduna, bénéficiant du soutien financier du président nigérian Muhammadu Buhari.
À cette époque, Maïgari est en compagnie du fils d'Ahidjo et de son gendre à Paris. En mai 1990, depuis la France, il annonce la création de l'Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) avec l'avènement du multipartisme au Cameroun, et un an plus tard, le parti est légalisé. En dépit de son éloignement au Nigeria, Samuel Eboua tente de prendre le contrôle de l'UNDP en 1992, mais Maïgari remporte le duel lors du congrès du parti.
Président de l'UNDP, Maïgari est désigné candidat à la présidentielle de 1992. Bien qu'arrivant derrière Paul Biya et John Fru Ndi, il devient un acteur clé. Plutôt que de contester les résultats, il approuve l'élection de Biya, renforçant ainsi sa position dans les négociations pour former un gouvernement d'union nationale. Cependant, Biya trahit Maïgari en lançant des négociations secrètes avec deux membres de l'UNDP, Issa Tchiroma Bakary et Hamadou Moustapha.
Connaissant les aspirations de Maïgari pour la direction du groupe parlementaire et le leadership d'une région précise, Biya persuade Tchiroma et Moustapha de prendre des postes ministériels. En novembre 1992, Moustapha est nommé vice-Premier ministre et Tchiroma ministre des Transports, tandis que Maïgari reste en dehors du gouvernement. Furieux, il demande la démission des deux dissidents, en vain. Pendant ce temps, ils travaillent en coulisses pour prendre le contrôle de l'UNDP, mais échouent, créant finalement l'Alliance nationale pour la démocratie et le progrès (ANDP).
Aux législatives de 1997, l'UNDP perd de son influence, passant de 68 à 13 députés. Maïgari, en perte de popularité, décide également de boycotter la présidentielle de la même année, scellant ainsi une période tumultueuse de trahisons politiques.
Jeune Afrique, par ses révélations, dévoile les coulisses des choix politiques de Bello Bouba Maïgari, contribuant ainsi à la compréhension des complexités de la scène politique camerounaise.