Actualités Régionales of Sunday, 17 October 2021

Source: Mutations

'Benae s’est agenouillé dans mon bureau comme un enfant. Il pleurait devant moi'

Grégoire Mba Mba, député RDPC à Kribi Grégoire Mba Mba, député RDPC à Kribi

Les deux parlementaires, fils du département de l’Océan, s’étripent depuis quelques jours sur les réseaux sociaux.

Ce n’est plus le grand amour entre Grégoire Mba Mba et Serge Benae. Le torchon brûle entre les deux parlementaires, fils de Kribi dans le chef-lieu du département de l’Océan (région du Sud). Depuis quelques jours, à travers les réseaux sociaux, les deux se livrent à des insultes allant jusqu’à exposer au grand public leurs accords secrets conclus par le passé pour contrôler cité balnéaire. Respectivement sénateur et député, ils n’ont plus de limites.

« Tout Kribi, et même tout le Cameroun, sait que c’est moi qui ai fait élire Serge Benae. J’ai des témoins. Il s’est agenouillé dans mon bureau comme un enfant. Il pleurait devant moi disant qu’il veut la retraite parlementaire. Le ministre Ndongo Jules Doret voulait positionner Piado. Je me suis opposé. J’ai dit non, laissons-le faire son troisième mandat pour avoir une retraite parlementaire. Et j’ai fait marcher 2000 militants pour le soutenir. J’ai, jusqu’à présent dans mon téléphone, des remerciements venant de lui », déclare le sénateur Grégoire Mba Mba dans une interview accordée à la presse. Il réitère par la suite sa déclaration à travers un élément sonore qui a circulé dans les plateformes du réseau social WhatsApp.

Le député Serge Benae n’a pas tardé à réagir par le même canal, un forum local dénommé “Océan infos”. « Monsieur Mba Mba ne doit pas avoir la mémoire courte. Il a bien fallu que des personnalités le soutiennent aussi pour être maire à l’époque et sénateur aujourd’hui.

S’il avait fait marcher des gens en son temps pour me soutenir (encore faudrait-il nous rafraichir la mémoire sur ces marches), c’est une bassesse de sa part de venir l’indiquer ici. Mais ça frise le ridicule et c’est injurieux à l’endroit des militants qui m’ont voté au suffrage universel direct dans tous les arrondissements de l’Océan », écrit-il.

Violence
Cette déchirure, il faut le dire, naît du fait de la manifestation des populations contre les scènes de violence perpétrées par le sénateur Grégoire Mba Mba pendant les opérations de renouvellement des bureaux des organes de base du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) dans la section Kribi II où il s’était déclaré candidat bien qu’étant sous le coup d’une sanction disciplinaire.

Dans la ville balnéaire, l’homme est reconnu pour son agressivité et son caractère violent, surtout quand ses intérêts sont menacés. Pour cette raison, beaucoup arguent que le comité central du Rdpc n’aurait pas dû accepter sa candidature.

« Un candidat qui avait reçu un blâme, avec plusieurs poursuites judiciaires ; qui donne des coups de tête (les images sont disponibles), qui ordonne que des militants soient brutalisés, qui se fait gifler par une citoyenne dans un marché, ne saurait voir sa candidature prospérer. Le parti et son chef ont été trahis.

Paul Biya doit être mis au courant de tout cela et décider en dernier ressort avant la fin définitive de ces opérations de renouvellement », indique un haut commis de l’État originaire du Littoral, membre titulaire du comité central, en séjour à Kribi. « Est-ce que les sénateurs aimeraient avoir un collègue boxeur ? », ajoute-t-il.

En effet, le déclic de tout ce qui précède c’est le coup de gueule du sénateur, quelques minutes après son élection en qualité de président de section. Il a fait une sortie pour narguer tous ceux qui ont manifesté contre lui et son barbarisme.

« Je suis un véritable chef de file. J’ai prouvé ma force. J’ai gagné malgré les complots et la coalition faits contre moi. Je prends mon petit frère Serge Benae à partie parce qu’il a autorisé la marche contre moi. Il était là il applaudissait. Mais me voici, j’ai gagné. Serge Benae tu es un enfant devant moi. Tu as gagné avec combien de voix ? 45 de plus seulement. Moi J’ai la force de mobilisation. Je l’ai prouvé ». Telle était la toute première réaction de Mba Mba.

Le lendemain, une riposte musclée du député a circulé dans tous les forums de la ville. « Je suis vraiment surpris de tels propos tenus par le sénateur à mon endroit. Tout d’abord, je salue sa victoire à la section Rdpc Kribi 2, obtenue à l’arrachée. Je suis d’autant désabusé qu’il s’en est sorti de son combat suicidaire contre les militants de Kribi 2 ou contre son alter égo que je suis.

Vous vous moquez de ma victoire, soit disant 45 voix de plus seulement. Je crains que vous ne soyez atteint de myopie. Ma liste a obtenu une avance de plus de 1124 voix sur un collège électoral de plus de 3890 voix. Alors que vous vous gagnez de seulement de 300 voix en plus sur un collège électoral de 2400 voix », écrit Serge Benae.

Sanctions
Au sujet de son soutien à la marche, le député répond : « Il se plaint du fait que j’autorise une marche des militants. Vous vouliez que je reste insensible à ces militants qui exprimaient leur courroux face à une attitude d’agressivité de votre part à leur endroit par des coups et blessures ? Vous vous êtes donné en spectacle au point de faire descendre à Kribi le ministre d’Etat Fame Ndongo et sa délégation, venus vous faire signer un gentleman agreement. Non, monsieur Mba Mba doit se respecter ! Les militants ne sont pas la chasse gardée de qui que ce soit. »

C’est donc une bataille de longue haleine qui vient de s’ouvrir entre ces deux fils autochtones de l’Océan, parlementaires et membres du comité central. Chacun des deux est président de section à Kribi. Mais tous se regardent désormais en chiens de faïence. Ce ne sera donc pas un petit combat quand on sait que chacun appartient à des cercles et lobbys.

Cela ne contribuera pas à développer Kribi, mais à l’enfoncer. Le comité central devrait faire preuve de neutralité et marquer sa crédibilité en punissant sévèrement tous ceux qui s’opposent à sa discipline. Il n’est pas question de faire deux poids et deux mesures ou faire des concessions à l’endroit de ceux qui prétendent « ne craindre personne d’autre que Paul Biya et Dieu ».

De comportements ignobles qui trainent le parti dans la boue doivent être sanctionnés. L’excès de laxisme de la hiérarchie du Rdpc constitue à détruire son président national. Dans les normes, des sanctions post-élections doivent tomber. Afin de montrer à la face du monde que le Rdpc n’est la chasse gardée de personne d’autre que de son créateur, Paul Biya.