Au cours de la cérémonie de présentation des vœuxde lundi dernier, le patron de la Défense a indiqué que le haut commandement ne tolèrera plus les revendications des hommes en treillis en dehors des canaux règlementaires.
Animé par le désir de remettre de l’ordre dans le corps de l’armée, le ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense (Mindef) a saisi, le 11 janvier dernier, l’occasion de la traditionnelle cérémonie de présentation des vœux de Nouvel an pour appeler, une fois de plus, les militaires à plus d’engagement et de détermination dans la préservation de l’intégrité territoriale du pays, mais surtout à plus de discipline.
Sur ce dernier point, Joseph BetiAssomon’a pas fait dans la langue de bois pour mettre en garde ceux des hommes de troupe qui vont contre l’honneur et l’éthique de l’armée,choisissant d’autres canaux pour faire entendre leurs revendications.Le chef des armées, Paul Biya ne saurait, a-t-il martelé,tolérer toute autre forme de protestation au moment même où les soldats font face aux incursions sanglantes de la secte islamiste BokoHaram dans le Nord du pays, et à la menace sécuritaire au niveau de la frontière de l’Est avec la République centrafricaine, pays voisin secoué par la guerre civile entretenue par des bandes armées. Dans ces deux fronts, l’exécutif camerounais compte d’abord sur son armée. Convaincu que seule la discipline peut amener une armée en guerre à vaincre l’ennemi, Joseph BetiAssomoa déclaré que toute insurrectionétaitainsi proscrite.
Casques bleus camerounais. Le ton ferme utilisé par le Mindef ne saurait surprendre. Il vient, sans doute,rappeler l’affaire des 200 militaires ayant battu le pavé, le 9 septembre dernier pour revendiquer le paiement de leurs primes onusiennes. Une situation qui avait amené Paul Biya àdébloquer une importante somme pour désamorcer la tension des Casques bleus camerounais,qui selon d’autres analyses étaient manifestement mus par d’autres desseins. Afin de ramener la sérénité dans les rangs, le chef des Armées avaitalors instruit le ministre-secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand NgohNgoh, afin de faire procéder au paiement immédiat des arriérés de primes réclamés, à hauteur de 6 milliards de Fcfa.
Au-delà de la mesure présidentielle, une commission d’enquête avait été mise sur pied pour identifier les causes, les meneurs et les complices de cette grogne inédite. Aujourd’hui sur la table du chef de l’État, le rapport de cette commission ne tardera pas à livrer ses résultats. On parle notamment de sanctions statutaires à l’encontre des militaires grévistes, tel que prévu dans le décret n°2001/188 du 25 juillet 2001 portant statut particulier du corps des officiers d’active des forces de défense (article 20) : radiation des tableaux d’avancement d’échelon, de grade et de concours pour les ordres nationaux, le retrait d’emploi par la mise en non activité, la radiation des cadres. Il n’est non plus exclu que les instigateurs de ce mouvement d’humeur soient traduits devant le tribunal militaire.
L’article 22 dudécret du 25 juillet 2001 renseigne, par ailleurs, sur les infractions pouvant conduire à une radiation de l’armée camerounaise. Celle-ci peut être prononcée de plein droit «à l’encontre des officiers s’étant rendus coupables d’assassinat, de viol, de vol aggravé, de détention et d’utilisation illégale d’armes de guerre, de participation active à une insurrection, de sabotage ou de destruction de matériel de guerre, d’une condamnation définitive privative de liberté égale ou supérieure à six mois sans sursis, d’atteinte à la sûreté de l’État, d’actes de grand banditisme, de désertion pour une période égale ou supérieure à trente jours». Aux abris !