Hier dimanche 22 octobre 2023 s'est tenu dans la salle Bella à Argenteuil, la très attendu soirée caritative en l'honneur des prisonnier politiques au Cameroun. Plusieurs Camerounais de la diaspora et des cadres du MRC dont Wilfried Ekanga ont pris part à la soirée.

La soirée, malgré les initiatives de boycott de la part de Aissatou Bouba Dalil et d'autres cadres du MRC a eu lieu et a permis de collecter des fonds pour "venir en aide aux prisonniers de tous les partis arrêtés dans le cadre des manifestations au Cameroun.

La raquette de Bibou et autres objets vendus aux enchères

Au cours de la soirée, plusieurs objets apparentant à des prisonniers politiques au Cameroun ont été vendus aux enchères. La raquette de Olivier Bibou Nissack, le porte-parole du président du MRC a été vendu à 1 500 euros, soit environ 1 millions de FCFA.

Ci-dessous un compte-rendu de Wilfried Ekanga sur les objets vendus aux enchères lors de la soirée caritative.


"Parfois, on se dit que même les morts ont tort de ne pas être présents à certains événements ; hier soir, à Argenteuil, mes yeux ont vu de drôles de choses : des Camerounais mobilisés comme jamais autour d'une cause. Des gens prêts à dépenser des sommes faramineuses pour des enjeux autrement plus nobles que le Petrus et le Dom Pérignon, et à sacrifier leur plaisir personnel sur l'autel du bien-être collectif. Certains détails vous font reprendre confiance en l'être humain ; certaines séquences vous font croire à nouveau qu'un avenir est possible pour notre peuple, secoué depuis 41 ans par une horde de malfrats sans la moindre compassion humaine.

Parfois, on se dit qu'on a bien fait de venir à certains événements auxquels presque personne ne croît, jusqu'à ce que le résultat du terrain leur démontre que l'initiative était bonne, et que la seule condition était… d'oser. Hier soir, j'ai découvert le t-shirt le plus cher de toute l'histoire de Kondengui : adjugé à 2400 euros, il fut le Maillot Jaune de la sublimissime vente aux enchères qui a illuminé la soirée. Alain Fogue nous a appris une leçon depuis 2018 : ne jamais oublier ! À l'instar de l'écrivain américain Georges Santayana qui disait en 1905 : « Celui qui ne se souvient pas de son passé est condamné à le revivre », notre Che national veille depuis 5 ans à ce que nous gardions en mémoire le caractère fourbe et foncièrement malhonnête de la clique à Biya. C'est un régime qui ment et triche comme il respire ; un cartel pour qui la vérité est illégale. Et même lorsqu'il sera éjecté du trône demain et remplacé par des gens plus vertueux, nous n'oublierons jamais que le Biyayisme fut un cauchemar qui ne doit en aucun cas se reproduire.

Parfois, on se dit que les évènements enseignent plus que les cours et les paroles. Quand on pense naïvement que seuls les métaux précieux ont de la valeur, on se retrouve face à... un pilon. Oui, un simple pilon de bois, certainement acheté il y a plusieurs années à 200 francs CFA ; et adjugé hier à 1 600 euros, soit plus d'1 million de CFA. C'est aussi le pilon le plus cher de l'histoire du Cameroun ; et le pilon de bois le plus cher d'Afrique, tout simplement ! Il n'a pas acquis sa valeur dans la matière qui le compose, mais dans le puissant symbole qu'en a fait une femme d'exception, Thérèse Assomo. Celle-ci aura passé deux ans de sa vie dans les prisons de Biya, homme sans galanterie, juste pour avoir clamé son désir de piller à jamais la gouvernance carnassière qu'il a instaurée, et pour avoir exigé des conditions économiques potables pour le grand nombre. C'est évident, dans un régime de voyous les femmes intègres sont en prison, mais l'histoire sait se souvenir de ses héroïnes.

Parfois, on se dit qu'on est dépassé par les évènements, quand on voit le vieux short d'un vieil homme vendu à 500 euros. Mais ce n'est pas le short d'un pervers comme Grégoire Owona, ni d'un assassin comme Amougou Belinga ; ni celui d'un policier tribaliste et corrompu qui a transpiré à force de torturer un prisonnier ; c'est le short d'un homme qui a passé des heures, des jours et des mois assis aux côtés de son leader dans leur cellule, et qui n'a eu de cesse de le rassurer que la souffrance qu'ils enduraient pour le peuple camerounais était noble, même si ce peuple là ne comprenait pas toujours qui étaient ses véritables ennemis. Et parce que l'histoire se souvient de ses héros, nous avons eu droit au short le plus cher de l'histoire du pays. Il n'est ni neuf, ni de grand marque, mais ô combien précieux. Le Cameroun de demain en conservera dans son musée national, et son histoire sera contée aux générations, jeunes et vieilles.

Parfois, on se dit que l'événement de l'année, c'est la finale Federer-Nadal, jusqu'au jour où Olivier Bibou Nissack se retrouve en prison pour... en fait, on ne sait pas. Même ceux qui l'ont condamné pour 7 ans ne sauraient vous dire ce qu'il fait là. Quoiqu'il en soit, ce n'est pas parce que vous trébuchez que c'est la fin pour vous, car la fin n'intervient que si vous ne vous relevez pas. Or, Bibou Nissack n'est pas de la race de ceux qui chutent et se couchent. Au contraire, il se relève avant même d'être tombé ! Il garde la tête haute, car conscient que les injustices et les épreuves sont le rite spirituel qui feront de lui le grand homme que l'histoire a prévu. Et c'est par cette mentalité qu'il a pu, dans son lieu de capture, soulever le trophée de son tournoi de tennis il y a deux ans. Ce n'est donc plus une surprise si la raquette victorieuse de ce challenge fut adjugée ce samedi soir à... 1500 euros ! Au pays d'Ossende Afana, ça aussi, ça n'a jamais eu lieu !

Parfois, on se dit que la solitude, c'est l'absence d'autrui. Mais comment ressentir la solitude quand on a des livres ? Comment s'ennuyer quand on peut voyager sans bouger de son siège ? Comment s'attrister quand son quotidien est une invitation permanente à la réflexion ? Pendant que d'aucuns passent leur nuit à fomenter des plans pour assassiner Martinez Zogo ', d'autres passent leurs nuits à apprendre auprès des plus grands, et à nourrir encore plus leur idéal de construction sociale, pour savoir quoi faire quand ils seront aux commandes. Maurice Kamto a choisi pour mentor Nelson Mandela. Et son livre de chevet : « Un long chemin vers la liberté » a terminé sa course hier à... 2200 euros.

Que celui qui n'a pas compris demande à son voisin de banc.

Ces événements se déroulent entre 20 heures et 6 heures du matin. Et on peut dire comme Jules César lorsqu'il a vaincu le roi Pharnace II en l'an 47 avant notre ère : « Veni Vidi, Vici » ; (« Nous sommes venus, on a vu, on a vaincu »)".