Alors que les populations de la ville de Bamenda quadrillée par des forces de l’ordre restent pour la plupart terrées dans leurs domiciles et que le gouvernement fait face au radicalisme des grévistes, le Président de la République explorerait la piste menant vers les « vrais » auteurs du memorandum des anglophones.
La spirale des violences dans les villes majoritairement constituées des personnes d’expression anglaise ou anglophones commence à inquiéter au plus haut sommet de l’Etat. A ce niveau, on cherche à savoir comment une revendication des avocats portant sur la traduction du textes Ohada en anglais à Buéa s’est transformée à des scènes de violence par des populations à Bamenda, autre ville anglophone, qui scandaient des slogans sur le fédéralisme, la chasse aux francophones, la demande des infrastructures, etc.
Les personnes favorables au mouvement d’humeur actuel soutiennent que les anglophones sont fâchés parce que « le problème anglophone » est minoré par le président de la République. Comme certains leaders de cette partie du pays, elles soutiennent que le Président Biya devrait rencontrer les anglophones pour trouver une solution. Y’a t-il un problème appélé « problème anglophone » que le Cameroun trainerait depuis des années sans y trouver une solution? Si oui, est-ce un problème des camerounais d’expression anglaise (anglophones) ou des deux régions qui parlent le plus l’anglais?
De prime abord, les avis divergent sur la définition de l’anglophonie, étant donné que beaucoup de francophones s’expriment autant parfaitement en anglais, ce qui fait d’eux des anglophones. D’ailleurs, les limites géographiques de l’anglophonie s’étendent de plus en plus avec des francophones qui parlent parfaitement l’anglais sur l’ensemble du territoire national. Si le problème anglophone était lié à la langue, il concernerait des anglophones et des francophones-anglophones.
Ce qui amène à se pencher sur l’aspect régional du problème. Ainsi, on pourrait dire que le problème anglophone est plutôt lié aux problèmes que rencontrent les deux régions du pays où l’anglais est le plus parlé. Autrement dit, le sud ouest et le Nord Ouest seraient marginalisés ou discriminés par le régime Biya. Si tel était le cas, la question est de savoir si les problèmes de dévéloppement( absence de routes, d’hôpitaux, d’écoles, etc) du sud ouest et du Nord Ouest ne sont pas les mêmes qu’ailleurs sinon pires? A l’analyse, on comprend que la majorité des Camerounais – pas seulement ceux du sud ouest et du Nord ouest- souffrent des abus, des injustices et de l’absence des infrastructures. Si le sud ouest et le Nord Ouest parlent de marginalisation, la région de l’Est, pourvoyeuse de richesses énormes, qui est plongé dans un enclavement alarmant parlera donc de malédiction!
Les sécessionnistes en ligne de mire
En réalité, les revendications en cours dans les villes de Bamenda et Buéa participent du positionnement des ressortissants de cette ère géographique en vue d’une alternance au pouvoir. comment pouvaient-ils restés à l’écart dans un contexte marqué par une vague de memoranda des élites du Mfoundi, des élites de Ngaoundéré, des élites du Nord ou de la campagne de soutien à certains prisonniers de luxe pressentis pour remplacer Paul Biya? Les problèmes que soulèvent les grévistes et autres manifestants sont pour la plupart légitimes et visibles sur d’autres coins du Cameroun.
Toutefois, il faut reconnaitre que certaines revendications collent purement et simplement à l’actualité, la coupe d’Afrique des nations féminine qui offre une opportunité idoine de se faire entendre par qui de droit. Il en est ainsi des étudiants et des enseignants qui pensent que le moment est propice pour résoudre de force les problèmes qui cherchent solution depuis longtemps.
Le temps des revendications a également profité aux sécessionnistes qui veulent la division du pays en deux. Dès les premières manifestations des avocats à Buéa, des informations faisaient état des manifestants qui avaient été approchés par le mouvement sécessionniste. Peut-être que la revendication des sécessionnistes est ce qui se cache derrière le problème appélé « problème anglophone ».
Selon nos informations, alors que le gouvernement fait des pieds et des mains pour ramener les manifestants à la raison, Paul Biya s’emploierait à démasquer les « vrais » auteurs du soulèvement populaire de Bamenda et Buéa. La piste menant aux sécessionnistes serait prise au sérieux, à en croire nos sources.