Depuis quelques semaines, les hommes politiques issus du RDPC, le parti au pouvoir, invitent à travers des «Appels», le président Paul Biya a briguer un nouveau mandat lors des élections présidentielle de 2018. Ces appels, selon Hubert Mono Ndzana, révèlent d’une culture démocratique traditionnelle.
«Chaque mouvement politique se mobilise pour positionner le candidat de son choix, l’encourager à se positionner en tant que candidat plus tard. C’est tout à fait normal et cela montre de la vitalité de notre démocratie. Un groupe ne saurait empêcher un autre de faire appel à son candidat», a-t-il déclaré, dans une interview accordée au quotidien le Jour, parution du mardi 26 janvier 2016.
L’œuvre des courtisans Pour ceux qui y verraient un stratagème initié par Paul Biya lui-même pour justifier un nouveau mandat, Hubert Mono Ndzana pense que c’est l’œuvre de ses courtisans, qui sont obligés d’être engagés au regard de leur bon traitement par lui. «Je n’ai pas été bien traité par Paul Biya, donc je ne peux pas me lancer dans ce genre de choses. Quand il est élu, il accumule les avantages sur un certain nombre de personnes. Or, nous avons jeté un seul bulletin dans l’urne pour son élection.
La bonne gouvernance souhaiterait que les avantages soient équitablement répartis lorsqu’il est porté au pouvoir. Il ne faut pas qu’il accumule les avantages sur certains laissant d’autres. Quand on regarde ces appels, on constate que c’est ceux qui ont eu la part du lion qui se mobilisent dans ces appels», affirme le Chevalier de l'ordre de la Valeur du mérite camerounais. Paul Biya pourrait également dire non à ces appels selon le philosophe. Il a beaucoup travaillé, pense Mono Ndzana: «33 ans au pouvoir, c’est l’âge de Jésus Christ.
Un homme ne peut pas ne pas être fatigué à 83 ans. S’il écoute bien son corps, il doit déjà se sentir usé. Maintenant, si la majorité l’oblige à rester, il ne partira pas. Cependant, je le vois disant non, car, à l’heure actuelle, il bénéficie d’un état de grace parce qu’il a su maintenir la paix dans un continent où certains pays sont ébranlé dans des conflits».
Paul Biya dans la médiation internationale «J’avais déjà dit une fois que je souhaitais son départ pour ne pas l’assommer au travail, pour qu’on ne le tue pas avec nos motions. Il faut qu’il se retire parce qu’il a rendu de grands services qui plaident pour ce qu’il se retire dans la gloire, au lieu que des blessures injustes ternissent son image.
Moi je le vois bien dans la médiation internationale, dans la résolution des conflits par la rédaction des mémoires. Son expérience sera édifiante pour les générations montantes. De plus, son cas ferait école. J’ai vu des hommes politiques faire des chutes sur les escaliers. Ce n’est pas un beau spectacle à voir et je ne souhaiterais pas qu’il arrive pareille chose au président de la République», conclut Hubert Mono Ndzana. Onana N. Aaron