Actualités of Thursday, 8 June 2017

Source: cameroon-info.net

Biya rendra compte de sa gouvernance à Dieu – Cardinal Tumi [RELECTURE]

Cardinal Christian Tumi Cardinal Christian Tumi

A 86 ans, le Cardinal Christian Tumi n’a pas changé. Ses positions sur la gestion du Cameroun restent les mêmes. L’ancien archevêque de Douala, aujourd’hui à la retraite les a étalées dans les colonnes du journal Germinal (N°092).

Dans l’interview également publiée sur le site www.germinalnewspaper.com, le cardinal aborde des questions liées au rôle de l’Eglise dans la sphère politique, le thème du Fédéralisme, la démocratie ou encore l’alternance. Morceaux choisis.


Sur l’évolution de l’Eglise catholique au Cameroun au cours des 50 dernières années

« L’Église qui se trouve au Cameroun travaille pour le bien et la paix, malgré les difficultés humaines qu’elle rencontre et qui jonchent son chemin. Nous ne devons jamais oublier que l’Église est aussi humaine. Mais, les attitudes des prêtres qui prêchent devant les fidèles laissent souvent à désirer. C’est donc grâce à Dieu que cette Eglise évolue, et non à cause de nos vertus. Jésus a bien dit qu’il sera avec son Église jusqu’à la fin des temps. Quelles que soient les difficultés rencontrées au sein de l’Église, Jésus nous a dit dans l’évangile selon Saint Jean que: « N’ayez pas peur j’ai vaincu le monde et ses obstacles ».



Sur le Fédéralisme

«Personnellement, je pense qu’il faudrait évoluer vers le fédéralisme, avec plusieurs États fédérés. C’est d’ailleurs le point de vue de plusieurs Camerounais. Nous pouvons bien modifier notre constitution et ériger les 10 régions que compte le Cameroun en 10 États fédérés. Il sera difficile pour nous d’éviter d’aller vers le fédéralisme. Avoir 10 Etats fédérés ne signifie pas que le Cameroun ne sera pas un pays uni. Les États unis comptent 52 États fédérés, le Nigeria en compte une cinquantaine avec des gouverneurs élus. Chaque fois qu’on évoque la question du fédéralisme au Cameroun, on est tout de suite accusé de vouloir diviser le pays. Ce qui n’est pas vrai…

Le fédéralisme suppose une autorité centrale. Lorsque vous êtes au Nigeria par exemple, vous vous rendez compte que le fédéralisme a été un facteur de développement, et vous pouvez faire la différence entre le développement des États fédérés et celui impulsé par l’autorité centrale de l’État fédéral. Alors que chez nous les gouverneurs des régions sont nommées et ne tirent pas leur pouvoir de la base. Les choses sont claires. Nous n’avons pas besoin d’avoir fait des études en sciences politiques pour les comprendre. »


Sur l’alternance politique

« À vrai dire, la solution semble être d’envisager une période de transition de trois ans, avec pour condition que le chef de l’État de la transition élu, ne se présente pas à l’élection présidentielle au terme de son mandat. Pendant cette période les institutions démocratiques solides seront mises en place avant l’organisation d’élections libres, transparentes et justes, élections au cours desquelles chaque candidat ou chaque parti politique présentera sa philosophie politique, ou son projet de société aux Camerounais qui porteront au pouvoir un président de la République légitime et démocratiquement élu. Comme cela s’est fait au Burkina Faso et en République centrafricaine. »



Sur l’impossible révolution au Cameroun

Les Camerounais n’ont pas ce courage. Si les Camerounais étaient des révolutionnaires, c’est depuis longtemps que nous aurions connu des mouvements sociaux ou des revendications d’une certaine envergure. J’ai rencontré des observateurs africains qui me disaient que si les situations que nous vivons se produisaient dans leur pays, ils seraient entrés dans la guerre civile et qu’au Cameroun, tout se passe comme si tout allait pour le mieux.

En passant je dois vous dire que je suis en train d’écrire un bouquin sur la morale naturelle, la morale humaine. Dieu nous a donné la loi qui nous gouverne à partir de nos cœurs et qui fait défaut aux autres créatures. « Fais le bien, évite le mal », telle est l’enseignement que l’on devrait donner aux enfants afin qu’ils intègrent cela dans leur manière d’être, pour leur bien et celui du pays.

Pour ceux qui ont le pouvoir, qu’ils sachent qu’ils rendront compte à Dieu, car ils gouvernent le peuple créé par Dieu.

Pour le Cameroun, que le chef de l’Etat sache qu’il rendra compte de sa gouvernance devant Dieu. Par exemple, Dieu lui demandera, ‘’comment avez-vous gouverné les Camerounais que je vous ai confiés ?’’.