Actualités of Monday, 3 June 2024

Source: www.camerounweb.com

‘Biya serait mort en Suisse’-Jeune Afrique revient sur l’affaire qui a secoué le Cameroun il y a 20 ans

Paul Biya Paul Biya

Le 3 juin 2004, une rumeur incroyable s'est propagée comme une traînée de poudre : le président camerounais, Paul Biya, serait mort en Suisse. Cette rumeur, qui a été relayée par des sites internet et des réseaux sociaux, a été démentie par les autorités camerounaises, mais elle a continué à circuler pendant plusieurs jours, semant la confusion et l'inquiétude dans le pays et à l'étranger.

Dans un article publié dans Jeune Afrique en juin 2004, François Soudan a raconté les coulisses de cette folle rumeur, qui a révélé les dessous de la politique camerounaise et les limites de la communication gouvernementale.

Tout a commencé le 20 mai 2004, lorsque Paul Biya a assisté au défilé civil et militaire à l'occasion de la fête nationale camerounaise. Le président, qui venait d'avoir 71 ans et ne souffrait d'aucune maladie grave, selon son entourage, paraissait en forme et a serré des mains avant de s'éclipser.

Six jours plus tard, le 26 mai, Paul Biya a signé les décrets renouvelant en partie les onze membres de l'Observatoire national des élections, un organe essentiel pour la supervision de la présidentielle d'octobre, à laquelle le président camerounais devait se présenter.

Le 29 mai, Paul Biya s'est envolé pour un séjour privé en Suisse, où son épouse Chantal l'a rejoint. Les collaborateurs du premier cercle savaient que ce repos serait de courte durée, car le président devait coprésider, avec son homologue tchadien Idriss Déby, l'inauguration officielle du terminal de l'oléoduc Doba-Kribi, en présence de plusieurs chefs d'État d'Afrique centrale et de l'Ouest.

C'est alors que la rumeur de la mort de Paul Biya a commencé à circuler sur internet, lancée par des opposants camerounais exilés aux États-Unis. Le 4 juin, la rumeur a pris de l'ampleur et a commencé à sortir du réseau, touchant toutes les villes du Cameroun et les capitales étrangères où résidaient des communautés camerounaises.

Le scénario était toujours le même : Paul Biya aurait été victime d'un malaise cardiaque à Yaoundé et aurait été transporté d'urgence dans une clinique genevoise, où il aurait été opéré et serait décédé dans la nuit de vendredi à samedi, ou serait dans un coma profond.

Les autorités camerounaises ont démenti la rumeur, mais elle a continué à circuler, alimentée par des informations contradictoires et des spéculations en tous genres. Le 6 juin, la rumeur a atteint son paroxysme, poussant même le président français Jacques Chirac à s'en inquiéter et à demander des informations.

Ce n'est que le 9 juin, lorsque Paul Biya est réapparu en public à Yaoundé, que la rumeur s'est éteinte. Le président camerounais, qui avait donné rendez-vous à ses détracteurs deux décennies plus tard pour ses obsèques, a ironisé sur la rumeur et a remercié ses soutiens.

Cette folle rumeur a révélé les limites de la communication gouvernementale au Cameroun, où le pouvoir est souvent opaque et cloisonné. Elle a aussi montré la puissance des réseaux sociaux et des sites internet, qui peuvent propager des informations