Dans un contexte politique déjà tendu à l'approche de l'élection présidentielle de 2025, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) fait face à ce qui apparaît comme une nouvelle manœuvre de l'administration Biya visant à entraver sa campagne électorale. Le blocage soudain de leur compte Mobile Money MTN dédié à la collecte des fonds de campagne soulève des interrogations sur une possible stratégie gouvernementale plus large.
Le vendredi 31 janvier 2025, le MRC a été confronté à une situation sans précédent : le blocage sans préavis de sa puce MTN destinée à la collecte des fonds de campagne. Cette mesure, survenue à 10h26 précises, n'a été accompagnée d'aucune notification officielle ni justification légale. Les tentatives du parti pour obtenir des explications auprès de l'opérateur MTN sont restées jusqu'à présent sans réponse.
Cette action administrative intervient dans un contexte où le pouvoir en place semble redoubler de vigilance concernant les circuits de financement de l'opposition. Selon plusieurs observateurs de la scène politique camerounaise, cette surveillance accrue pourrait préfigurer des accusations plus graves à l'encontre du MRC. Le spectre du blanchiment d'argent et du financement du terrorisme, accusations régulièrement utilisées pour déstabiliser les opposants politiques en Afrique, plane désormais sur le parti de Maurice Kamto.
Cette situation rappelle les méthodes déjà employées par le régime de Paul Biya pour affaiblir ses opposants. Le timing de ce blocage, en pleine période de préparation de la campagne présidentielle, fait croire à une volonté délibérée d'entraver la capacité du MRC à mobiliser des ressources financières essentielles pour sa campagne électorale.
Face à cette situation, Maurice Kamto, président national du MRC et candidat à l'élection présidentielle de 2025, a appelé ses militants à la sérénité. Le parti a rapidement réagi en rappelant l'existence de comptes bancaires alternatifs auprès d'UBA, Afriland First Bank et NFC Bank, permettant ainsi aux sympathisants de poursuivre leurs contributions financières à la campagne.
Des implications préoccupantes pour la démocratie
Cette situation soulève des inquiétudes légitimes quant au respect du pluralisme politique au Cameroun. L'utilisation d'outils administratifs et financiers pour contraindre l'opposition représente une menace sérieuse pour le processus démocratique, particulièrement à l'approche d'une échéance électorale majeure.
La communauté internationale et les observateurs de la vie politique camerounaise devront suivre avec attention l'évolution de cette situation. La possibilité que le pouvoir en place utilise des accusations de blanchiment d'argent ou de financement du terrorisme comme outils de répression politique constitue un précédent dangereux qui pourrait significativement affecter la qualité du débat démocratique dans le pays.
L'avenir proche dira si ces craintes sont fondées, mais l'histoire du régime de Paul Biya laisse peu de place au doute quant à sa capacité à utiliser l'appareil d'État pour maintenir son emprise sur le pouvoir, au détriment du jeu démocratique.