Actualités of Monday, 21 April 2025
Source: Le Zénith n°539 du 21 avril 2025
Un document attribué au Groupe d’action financière (GAFI), fait le buzz depuis le 11 avril dernier, sur les réseaux sociaux. Il met en cause plusieurs figures du pouvoir au Cameroun, sur fond de blanchiment d’argent et de détournements. Pourtant…
Selon de sources internes source, « tous les rapports officiels du GAFI sont publiés sur son site web ; si un rapport n’y figure pas, il n ’émane probablement pas de l’institution ». Cette mise au point jette une sérieuse incertitude sur la légitimité du document en question, dont ni la forme ni le fond ne respectent les standards habituels du « GAFI ». La journée du 11 avril 2025 a été marquée par un vif émoi sur les réseaux sociaux au Cameroun, après la diffusion d’un document présenté comme un rapport officiel du Groupe d’action financière (GAFI). Intitulé « Lutte contre le blanchiment des capitaux et financement du terrorisme 2024 », ce simili rapport accuse plusieurs personnalités camerounaises d’être impliquées dans des activités de blanchiment d’argent et de détournement de fonds publics.
Parmi les personnes nommément citées figurent Louis Paul Motaze, ministre des Finances ; Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence de la République ; ainsi que les hommes d’affaires Paul Fokam Kammogne et tout le saint-Frusquin. Tous apparaissent dans ce faux document comme figurant sur une apparente « liste noire » du « GAFI ». Des allégations explosives, qui ont illico presto hissé des subodores sur l’authenticité du rapport.
Mise en page
Une vérification égrillarde, faite sur le site officiel du GAFI (www.fatf-gafi.org) suffit à lever le voile : aucun document de ce type n’a été publié nouvellement. Le dernier rapport disponible date de l’année précédente. Qui plus est, la mise en page du faux document, son champ lexical approximatif et la pratique inhabituelle de nommer des individus dans ce genre de publications officielles trahissent une tentative de manipulation. Assurément et faisant foi à nos informations, le GAFI (organisation intergouvernementale chargée de la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, NDLR) ne publie jamais de listes nominales de personnalités dans ses rapports publics. Une source au sein de l’institution, a été d’une précision chirurgicale : « Tous les rapports du GAFI sont systématiquement publiés sur notre site web. Si un document n’y est pas, c’est qu’il n’est pas authentique ». Cette déclaration vient conforter les entrevois déjà exprimés par plusieurs observateurs sur la droiture du document, d’autant que celui-ci n’est accompagné d’aucune référence de session, de mission ou de pays évaluateur, contradictoirement aux procédures strictes du GAFI.
Communiqué officiel
Face à l’enivrement médiatique, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, a, de but en blanc, réagi. Dans un communiqué officiel, il a infirmé une opération d’intoxication et appelé à la prudence : « les utilisateurs des réseaux sociaux ne doivent accorder aucun crédit aux allégations diffusées dans ce document falsifié, qui présente de nombreuses anomalies, notamment une mise en page douteuse, une manipulation erronée des données, et la publication d’une liste nominative de personnalités, ce qui ne correspond en rien aux usages du GAFI (sic) ». Il a, par la même occasion, convié les citoyens à consulter immédiatement les rapports authentifies sur le site officiel de l’organisation (www.fatf-gafi.org), question d’esquiver de se laisser berner par des histoires cousues de fil blanc. À tout prendre, la publication de document ressemble à s’y méprendre à des règlements de compte, dans un contexte politique très tendu. D’où la vigilance de tous les instants, pour ne pas tomber dans le traquenard des tireurs de ficelles dans l’ombre.