Le président a annoncé samedi que le groupe islamiste avait été chassé de son dernier bastion, mais des doutes demeurent sur la prétendue faiblesse du mouvement.
Plus de 3 000 habitants du nord-est du Nigeria, qui avaient été contraints de fuir en raison des violences du groupe islamiste Boko Haram, ont regagné leur ville à la suite de la réouverture des principaux axes routiers de la région, a annoncé mardi 27 décembre l’armée nigériane.
La localité de Damasak, dans le nord-ouest de Borno, l’Etat qui a été le plus touché par l’insurrection de Boko Haram, avait été conquise par les islamistes fin 2014, alors que le groupe intégriste contrôlait une superficie équivalant à celle de la Belgique. Les insurgés en ont été chassés par l’armée régulière en juillet.
Le président nigérian, Muhammadu Buhari, a annoncé samedi que l’armée s’était emparée du principal camp de Boko Haram dans son grand repaire, la forêt de Sambisa. « Le chef d’état-major de l’armée m’a appris que le camp était tombé le vendredi 22 décembre et que les terroristes étaient en fuite, n’ayant nulle part où aller », a dit le président, exhortant les soldats à « les poursuivre » et à « les traduire devant la justice ».
Dimanche, le gouvernement a fait état de la réouverture de deux routes entre Maiduguri, capitale de l’Etat de Borno, et les villes de Damasak et de Baga.
Depuis plusieurs semaines, les militaires étaient engagés dans une vaste offensive (opération « Lafiya Dole ») destinée à éradiquer les islamistes de cette zone de l’Etat de Borno (nord-est), qui, à l’époque coloniale, abritait une réserve animalière. Des lycéennes de Chibok, enlevées en avril 2014, et pour certaines toujours retenues en otages, y auraient été détenues dans la plus stricte clandestinité.
Désertion de 31 nigériens
De l’autre côté de la frontière, une trentaine de combattants de Boko Haram de la région de Diffa (sud-est du Niger) se sont rendus aux autorités nigériennes, a annoncé mardi Bazoum Mohamed, le ministre nigérien de l’Intérieur. « Trente-et-un jeunes de Diffa enrôlés il y a quelques années dans les effectifs de Boko Haram ont fait reddition », a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux.
C’est la première fois que les autorités nigériennes font état de désertion de ressortissants nigériens des rangs de Boko Haram, qui mène des attaques meurtrières depuis février 2015 contre le Niger.
Capacité de résilience
Bien qu’ayant été repoussée par l’offensive des armées nigériane, tchadienne et nigérienne en cours depuis plusieurs mois, l’organisation Boko Haram est toujours en mesure de commettre des attentats suicide dans le nord-est du Nigeria de même qu’au Niger et dans le nord du Cameroun. Sa défaite a déjà été annoncée, à tort, à de multiples reprises.
Selon des spécialistes des questions de sécurité, Boko Haram s’est scindé en deux cette année, avec une faction dirigée par Abubakar Shekau, qui opère dans la forêt de Sambisa, et l’autre, alliée à l’Etat islamique et dirigée par Abu Musab al Barnawi, qui est basée dans le bassin du lac Tchad.
En sept ans d’insurrection armée, les islamistes du mouvement fondé en 2002 par Mohamed Yusuf, partisans de l’instauration d’un califat et farouchement hostiles à l’éducation occidentale, ont tué pas moins de 15 000 personnes et contraint plus de 2 millions d’autres à fuir, précise le quotidien anglais The Independant.