Actualités of Thursday, 26 November 2015

Source: carmer.be

Boko Haram : une minute de silence en mémoire des victimes

Photo utilisée juste à titre d'illustration Photo utilisée juste à titre d'illustration

Le vendredi 27 novembre à 12h. C’est ce que propose un collectif de journalistes, acteurs de la société civile et autres leaders d’opinion d’ici et de la diaspora.

« vendredi 27 novembre 2015 : une minute de silence citoyenne chacun là ou il se trouve pour nos compatriotes et frères victimes de Boko Haram à 12h 00 ». C’est l’appel lancé par un collectif de journalistes, acteurs de la société civile, humoristes, hommes d'affaires, informaticiens, acteurs du showbiz, etc. Sous le Slogan « ne banalisons pas nos morts », ce groupe entend rappeler « les responsabilités » de chacun dans le devoir de mémoire des victimes des actes de la secte Boko Haram. Dans ce plaidoyer, le collectif rappelle que « nos morts valent plus que cela. Nos morts sont nos compatriotes, nos frères, nos collègues ». Avant d’en appeler à l’humanisme et à la sensibilité de chacun de nous : « ces morts auraient pu être nous ou nos proches !!! Nos morts ont de l’importance pour nous. Prenons donc nos responsabilités, c’est le moins que nous puissions faire ».

En criant « non à la banalisation des pertes humaines, un compatriote, une vie en moins c'est déjà trop », les signataires de l’appel - une cinquantaine – veulent opérer un réveil des consciences. Difficile de ne pas mettre cet appel en parallèle avec le mouvement de solidarité et d’émotion qui a traversé le monde après les attentats du 13 novembre à Paris, et qui a mis en lumière, non seulement une solidarité à double vitesse, mais aussi qui a divisé l’opinion camerounaise elle aussi confrontéé aux attaques terroristes. Boris Bertolt, journaliste, auteur et chercheur à l’université de Lille III, et signataires de l’appel, s’en défend : « Cela n'a rien avoir avec les événements de Paris qui sont par ailleurs très tragiques. Depuis plusieurs mois l'opinion nationale demande au chef de l'Etat de se rendre dans l'Extrême nord. C’est un acte fort puissant et digne d'un chef de guerre souligne Boris Berthot.

Indifférence institutionnalisée

Samedi dernier une vague d’attentats frappait une fois de plus la petite ville de Fotokol dans la région de l’Extrême-nord. Une dizaine de morts et des blessés enregistrés. 24 heures plus tard, la nation vibrait à l’unisson au stade omnisports de Yaoundé, à l’occasion de la coupe du Cameroun de football. Autour du chef de l’Etat Paul Biya, la République au complet. Mais c’est avec effarement que le public constatait qu’aucun signe, au cours de la rencontre et des cérémonies, n’a été fait à la mémoire des victimes. Pas une minute de silence, ni un brassard noir en signe de deuil pour les joueurs. Egal à lui-même, le président Paul Biya a présidé la rencontre de bout en bout sans émotion. Sur les réseaux sociaux, l’attitude des autorités avait choqué plus d’un.

Pour le professeur Claude Abe, sociologue, il existe un « danger de la démobilisation », qui remet en cause la « dynamique du vivre ensemble », car les populations touchées pourraient se sentir délaissées, marginalisées, et ostracisées. L’universitaire met en garde contre le fait « que les gens arrivent à s’habituer à l’agressivité de Boko Haram, à rendre tout cela ordinaire ». Il conseille d’ailleurs que « les uns et les autres se sentent davantage concernés […] de manière à ce que la solidarité nationale, que l’on a ressentie au début se remette en mouvement ». Le collectif cité supra annonce déjà d’autres actions, tels les regroupements silencieux pour la mémoire des victimes. L’unité nationale avec laquelle on nous bassine les oreilles dans les discours, c’est aussi cela.