Le scandale de l’avion présidentiel dénommé «Albatros» continue de faire couler beaucoup d’encre douze ans après son déclenchement.
Au mois d’août 2016, le journaliste et écrivain Boris Bertolt a publié un livre sur cette affaire. Dans l’ouvrage intitulé «L’avion du président, enquête sur un scandale d’État», l’auteur raconte les méandres du processus d’acquisition de cet avion spécialement destiné aux voyages du Président Paul Biya. Après un premier voyage tourmenté à cause d’une panne technique, le Chef de l’État camerounais n’est plus monté à bord de cet avion.
Accusées d’avoir mis en danger la vie du président Paul Biya, presque toutes les personnalités impliquées dans le processus d’acquisition de l’Albatros sont incarcérées. Parmi elles, Yves Michel Fotso, Jean-Marie Atangana Mebara ou Marafa Hamidou Yaya. Après la lecture du livre de Boris Bertolt, le Directeur de publication de l’hebdomadaire Kalara, Christophe Bobiokono, a fait une note de lecture dans son journal pour accuser l’auteur du livre d’être à la solde du Ministre Marafa Hamidou Yaya et de l’ancien Administrateur Directeur Général de la Camair, Yves Michel Fotso. Le journaliste Boris Bertolt s’estimant accusé à tort a fait parvenir à notre rédaction, sa réaction ci-dessous.
RÉPONSE À CHRISTOPHE BOBIOKONO
Dans son édition n°169 en kiosque, le directeur de publication de Kalara, sous le prétexte d’une note de lecture qui cache en fait un acharnement malsain m’accuse d’être au service de Marafa Hamidou Yaya et Yves Michel Fotso…. Tout cela sous fond de mensonges et manipulations.
Lorsque j’ai pensé à écrire l’ouvrage «L’avion du Président», je ne voulais pas faire un livre pour moi, un livre pour mes amis, un livre pour faire étalage d’une quelconque érudition. J’ai voulu simplement écrire un livre sur une affaire grotesque, l’un des plus gros scandales du Cameroun, une affaire inimaginable dans un pays sérieux, une affaire qui révèle véritablement la nature de notre système politique. Comme je le dis dans l’ouvrage, «Je voulais juste écrire. Écrire sur mon pays. Écrire sur la République. Écrire pour l’Afrique. Écrire pour la postérité» (p24).
Lorsque l’on s’engage à traiter d’une affaire criminelle à l’instar de celle relative au scandale de l’avion présidentiel, il faut se méfier de tout préjugé, de tout à priori et se garder de toutes certitudes. C’est pourquoi en criminologie, la criminalité à col blanc (white color criminality) est l’une des plus complexes. Car, il ne s’agit pas simplement d’étudier la traçabilité des comptes bancaires, les déplacements, les amitiés supposées, il s’agit d’appréhender également des systèmes très opaques, des connexions, des réseaux. Comprendre le comment et le pourquoi. Autant d’éléments qui doivent amener tout observateur averti à avoir un regard dénué de toute animosité dans le dossier de l’avion présidentiel. Raison pour laquelle, j’ai pris soin de prévenir tout lecteur de mon livre en ces termes: «Si on les choisit individuellement et si on essaie de suivre ce qu’ils disent publiquement, on ne peut pas comprendre ce qui se joue. Il faut les regarder en interaction. Il faut se garder de tout à priori sur la couleur politique, l’amitié ou la répulsion que certains d’entre eux peuvent inspirer. Il faut se méfier des apparences. Appréhender le système dans sa globalité. Connaître l’environnement politique et économique dans lequel chaque acteur s’est déployé» (p22-23).
Malheureusement, ce que je craignais s’est produit. Sous le prétexte d’une «note de lecture» qui de manière rigoureuse est en fait un «lynchage», le journaliste Christophe Bobiokono, directeur de la publication du journal Kalara, ancien journaliste de Mutations, a pondu deux pages avec mention à la Une, «un journaliste au secours de Yves Michel Fotso» dans son édition n°169. Deux pages dans lesquelles de manière boiteuse, à travers une écriture qui au final laisse transparaître la haine qui l’anime, Christophe Bobiokono tente de décrédibiliser 5 années de travail, plus de 1000 pages de documents consultés, des centaines d’heures d’écritures, des dizaines d’heures passées dans les tribunaux.
Une stratégie qui répond en fait à une logique ambiante dans la satrapie qu’est le Cameroun : la stratégie du «tous pourris». Un mécanisme de nivellement d’une société par le bas, visant à décrédibiliser tout ce qui pourrait susciter la moindre attention afin de créer un contexte de pénombre permanente. Dans ce noir généralisé qui affecte même les esprits supposés brillants, la réussite, la nouveauté, l’élévation sont perçues sous le prisme de catégories qui n’ont pour seuls objectifs que de masquer la part de l’individualisme méthodologique de l’acteur agissant. Ainsi, lorsque vous réussissez ou vous posez un acte, soit on vous trouve une appartenance sexuelle (homosexuelle), soit une tribu (parce c’est son frère qui est là), soit des réseaux (franc-maçon, etc), soit l’affairisme (il a été acheté). Dès lors, les textes comme ceux de Christophe Bobiokono, s’ils peuvent paraître «intéressants» ou «riches» pour celui qui n’a pas lu le livre, obéissent à toute une stratégie de gouvernance politique au Cameroun depuis 34 ans. Ce n’est pas pour rien que le sociologue Pierre Bourdieu disait que les journalistes sont au service de l’appareil dominant.
Ceci dit, dans le fond, Christophe Bobiokono se livre à la fois à un récit plein de contrevérités, dont la chronologie ne colle pas aux faits, à des interrogations qui intriguent et des conclusions qui permettent de se demander si ce dernier a véritablement lu comme il le prétend l’ouvrage sorti des éditions du Shabel en juillet 2016. À ce niveau, sa conscience reste son seul juge.
1- Sur le rappel des faits
Aussi séduisant que cela puisse paraître, Christophe Bobiokono commence son texte qui se veut une note de lecture par ce qu’il appelle lui-même un rappel des faits. Dans cette partie qui occupe d’ailleurs une bonne dose du texte, le journaliste fait étalage de toute sa maîtrise supposée du dossier de l’avion. Une manière pour lui de montrer au lecteur qu’il a lui même une parfaite connaissance du sujet. À aucun moment sur plus de 7000 signes, soit près d’une page et demie, il ne cite l’ouvrage qu’il prétende avoir lu ou encore décrit le style, la pagination, l’ordonnancement des chapitres, la mise en page, etc. Non. Il tient à prouver à ses lecteurs toute la densité de son savoir sur le sujet. Mais très vite les premières lacunes apparaissent.
- Il écrit: «Dès juillet 2001, le nouveau DG de la Camair saisit le constructeur aéronautique Boeing pour s’informer des conditions d’achat d’un appareil de marque Boeing (…). L’offre de Boeing reçue, Yves Michel Fotso négocie avec un tiers, la société américaine GIA International (…) Elle loue deux avions à la compagnie camerounaise de transport aérien». Cette dernière affirmation relève purement et simplement de l’affabulation et correspond à un discours savamment distillé dans l’opinion publique depuis 2008 y compris par Christophe Bobiokono quand il était encore journaliste à Mutations pour montrer la complicité de détournement entre GIA et Yves Michel Fotso.
En juillet 2001, GIA International ne loue aucun avion à la Camair. À la page 76 du livre, sur la base de documents obtenus à la police judiciaire, sur la base des déclarations de Russel Meek président de GIA devant la justice américaine, il apparaît que la 1re rencontre entre GIA et Yves Michel Fotso de la CAMAIR aura lieu à Johannesburg en Afrique du Sud le 12 juillet 2001. Ceci par l’intermédiaire de Jean Marie Assene Nkou actuellement en fuite qui lui était représentant régional de cette société. Les deux avions, dont Bobiokono fait allusion sont le 747-300 et le 767-200. Ce n’est que le 26 juillet 2001, à la suite d’un conseil d’administration tenu à Paris que Polycarpe Abah Abah et Étienne Ntsama donnent leur accord pour l’acquisition par la Camair de ces deux avions. Par la suite et c’est là où naît le scandale, ce sont les 29 millions de dollars virés à GIA les 23 et 24 août 2001 à partir de Paris par la SNH (page 94) qui vont permettre à cette société d’acheter ces deux avions et de les mettre en location à la Camair. Vu la chronologie et les éléments qui précèdent, il est dès lors impossible qu’en juillet 2001, GIA International louait déjà des avions à la Camair de Yves Michel Fotso.
- Par la suite, il décrit la réunion ayant eu lieu à la présidence de la République entre Marafa Hamidou Yaya, Benae Mpecke, Justin Mitlassou, Michel Meva’a m’Eboutou et Yves Michel Fotso. S’il prend la peine de dire qu’il s’agissait de la réunion de lancement du projet Boeing Business Jet 2 et de rappeler que Marafa et Fotso ont présenté le projet, il oublie de mentionner deux éléments capitaux pour la compréhension du dossier. Tout d’abord la Camair et la SBLC. Des éléments qui sont déterminants pour la suite. Car, au départ, la Camair doit simplement intervenir comme partenaire technique s’assurant que l’avion respecte les exigences de l’État du Cameroun. Mais c’est au cours de la réunion que Michel Meva’a M’Eboutou, ministre des Finances à l’époque, décide de faire acheter l’avion par la Camair. Dans sa déposition à la police judiciaire contenue dans l’ouvrage (pages 85-86), il souligne : « Pour ne pas donner l’impression de narguer nos partenaires au développement, en l’occurrence le FMI et la Banque Mondiale, tout en exécutant la décision du gouvernement d’acquérir cet avion, il fallait bloquer l’avion très provisoirement au profit de la Camair, les opérations d’immatriculation dudit avion au nom de l’Etat du Cameroun ne devant poser aucun problème par la suite. Également, il ne fallait pas laisser transparaître la moindre écriture dont cet avion a été acquis par l’Etat directement. C’est à cette fin que devait être utilisé le nom de la Camair».
Sur la SBLC qui permettait de garantir la sécurité de l’argent du Cameroun, elle a également été abordée au cours de cette réunion. Mais notre « spécialiste » n’y voit pas d’intérêt. Pourtant c’est encore le ministre des Finances, Michel Meva’a M’Eboutou qui s’oppose à l’émission d’une SBLC. Lui-même déclare au juge d’instruction (page 87) « «J’étais dès le départ contre le principe de la lettre de crédit. J’ai décidé qu’il fallait acheter cet avion au comptant pour ne pas passer par ces banquiers. Ça ne fait pas sérieux». Ces éléments ne sont pas importants pour notre cher Bobiokono.
- Christophe Bobiokono poursuit un long exposé sur Jean Marie Atangana où il n’évoque les pas les deux autres reports de livraison de l’avion du président Biya après celui de mars 2002, il ne parle pas de la création par Yves Michel Fotso de la société AVIPRO FINANCE pour couper les loyers des avions de GIA afin de livrer le BBJII du chef de l’État. Il ne parle pas du conflit ouvert au sein de l’appareil de l’État entre Jean Marie Atangana Mebara et Yves Michel Fotso dont le début de l’illustration se situe au chapitre intitulé : « la rencontre de Genève » (pages 143-151). Il ne parle pas non plus de ses amis de APM (pages 193-214), qui au même moment où l’on se bat pour offrir un avion au chef de l’État manœuvrent non seulement pour la prise de contrôle de la Camair, mais également veulent offrir un autre avion au chef de l’État. Y compris celui d’un prince saoudien. Ces éléments ont tous échappé à ce spécialiste autoproclamé de l’avion du président. Il oublie de mentionner qu’en septembre 2003, soit quelques jours avant qu’il ne soit débarqué de la Camair, Yves Michel Fotso contacte Boeing et leur dit qu’il arrive dans les prochains jours payer CASH l’avion du président (page 182). La présidence de la République refusa. Chez Bobiokono ce n’est pas un évènement important… Il préfère parler de la décision de Paul Biya de prendre l’Albatros sans également ajouter que tous les rapports émettaient des réserves sur l’avion (pages 175-192). Que dire de cette lettre de Arnold Schumacher, directeur des ventes Europe/Afrique de la division BBJII au directeur de la Camair avant l’acquisition du BBJII qui met en garde l’État du Cameroun sur l’Albatros. Que chacun aille lire et se faire sa propre idée (pages 191-192).
2- Zones d’ombre
Puis vient la partie que notre cher spécialiste appelle les zones d’ombre. S’érigeant en procureur de l’opinion publique, il écrit parlant des pages de l’ouvrage: «elles ne permettent pas d’éclaircir de nombreuses zones d’ombre de l’affaire». Il poursuit s’agissant de la SBLC: «Marafa Hamidou Yaya a toujours déclaré que la décision de Meva’a M’Eboutou (de virer l’argent) avait été prise à son insu et en violation du mécanisme validé par ses soins (à savoir la SBLC) (..) Tout au long de son ouvrage, comme en page 88, Boris Bertolt embrasse cette thèse sans la moindre réserve pourtant, il évoque lui-même dans son livre le contrat signé entre Camair et Gia le 14 août 200, c'est-à-dire une semaine avant le déblocage des fonds. Ce contrat prévoit bien que la Camair paye 31 millions de dollars (…) il n’y est mentionné nulle part la SBLC »…Mr Bobiokono, un journaliste n’est pas un prêtre, un catéchiste, un pape ou un imam qui peut parler à ses fidèles tous les jours de Dieu sans jamais savoir où il se trouve. Un journaliste c’est un historien du présent. Il travaille sur des faits qui peuvent être des déclarations écrites ou verbales faites dans des circonstances ; des documents ; et autres…
Primo, Michel Meva’a M’Eboutou a toujours admis s’être opposé à la SBLC. Il était ministre des Finances. Dans son audition du 25 septembre 2008 devant le juge d’instruction (pp85-86), il déclare: «Une lettre de crédit n’est pas un contrat d’adhésion. Nous aurions surpris tout le monde en tant que hauts commis de l’État en agissant de la sorte. J’étais contre
cette idée et j’ai proposé le paiement au comptant» (page 87). Dans sa lettre au chef de l’État du 23 février 2010, Yves Michel Fotso écrit: « «Le ministre de l’Économie et des Finances n’était pas favorable à l’émission d’une telle lettre de crédit (Sblc) pour des raisons relatives à la bonne conduite du programme d’ajustement structurel. Il préférait verser directement à GIA International les fonds nécessaires pour le financement partiel de l’acquisition du Boeing 737 BBJII» (page 87). Christophe Bobiokono se croit certainement plus crédible que Michel Meva’a M’Eboutou devant un juge d’instruction ou Yves Michel Fotso devant le chef de l’État. Ça se passe de tous commentaires.
Par la suite, il justifie le fait que Michel Meva’a M’Eboutou ait viré les 31 millions de dollars sans garantie parce que le contrat ne prévoyait pas la SBLC. Dans sa roublardise intellectuelle, Bobiokono refuse de préciser que moi également j’indique que la SBLC n’y figure pas, et je vais même plus loin en soulignant: «Le prix d’acquisition de l’avion est fixé à 49 millions de dollars, auxquels s’ajouteraient 16 millions de dollars, soit près de 8 milliards de F CFA pour l’habillage intérieur de l’appareil. Pour être en mesure de financer cette acquisition, GIA International requiert auprès de Yves Michel Fotso un dépôt d’arrhes appelé («Committment fee») de 31 millions de dollars avant le 24 août 2001. Mais cela devait se faire sur la base d’une SBLC. Or, sur cet aspect, l’entreprise américaine ne donne aucune précision sur les modalités de son émission. Elle n’en parle même pas. Par contre, on peut déjà remarquer que l’offre de GIA International est de 10 millions de dollars US supérieurs à celle de Boeing présentée quelques jours auparavant» (p89). Une manière déjà de dire que du point de vue financier le contrat de GIA pose déjà un problème.
Quelques lignes plus tard, voilà ce qui est écrit dans le livre: « Les responsables de Gia International sont également informés que le ministre de l’Économie et des Finances s’oppose à l’émission d’une Sblc. Or, toutes les négociations avec l’entreprise américaine reposent sur l’émission de ce document qui doit permettre de sécuriser les fonds débloqués par l’État du Cameroun. Pour faciliter l’opération qui se déroule clandestinement, Russell Meek propose d’associer Yves Michel Fotso dans le contrôle des fonds qui seront virés» (p91). Notre journaliste n’en parle pas. Plus ces évènements se déroulent le 19 août et les 29 millions de dollars n’ont pas encore été virés.
Si un contrat n’est pas un ordre de virement. À moins que chez Bobiokono les mots aient perdu leurs sens. Qui a donc donné l’ordre à Michel Meva’a M’Eboutou de payer à GIA sans garantie. Une chose est certaine, ce n’est ni Marafa Hamidou Yaya, ni Yves Michel Fotso et encore moins Jean Marie Atangana Mebara. Interrogé au Tribunal de Grande Instance du Mfoundi, le livre vous donne une idée : « Après plusieurs hésitations, refusant même parfois de répondre, Michel Meva’a se plie aux injonctions du président de la collégialité Gilbert Schlick et répond: «C’est une dépense publique, c’est le rôle du Minefi de la payer. Il n’y a qu’une personne qui peut ordonner une telle dépense ». Marafa Hamidou Yaya, qui mène lui-même le contre-interrogatoire ce 26 juillet 2012, revient à la charge et pose une seconde question: «Qui est donc cette personne?» Michel Meva’a M’Eboutou refuse catégoriquement de répondre. Pour qui connait les mécanismes de déblocage des fonds publics d’une telle envergure, cette personne ne peut être que Paul Biya. Sans oublier que les deux se connaissent bien» (page 96).
Au vu de tout ce qui précède, je m’en voudrais personnellement de continuer à démontrer ce manque de rigueur de «boby», l’absence de professionnalisme sur ce dossier, le travail bâclé de celui que je considère comme un aîné, un ami et que j’appelle et je continuerais à appeler affectueusement « grand frère ». Croyez-moi, ce ne sont pas les manquements qui n’existent pas. Comme son invitation à faire parler dans l’ouvrage Otélé Essomba, Françis Nana, ou encore Pascal Magnaguemabé alors que tous interviennent d’une manière ou d’une autre manière dans l’ouvrage. Parfois sous anonymat. Ahhhh, j’oubliais ce dernier aspect, l’anonymat dans l’écriture. D’après lui, il s’agit d’une stratégie pour «faire des affirmations favorables à Yves Michel Fotso et Marafa Hamidou Yaya»… Vous pouvez dès lors à travers ces propos lire le positionnement psychologique d’un journaliste en post-colonie. S’appuyant sur l’utilisation des anonymats dans une écriture il tire directement la conclusion d’un acteur au service des intérêts. Pour lui, ce style ne peut pas relever du choix de son auteur, en dépit de toutes ses qualifications. Ce discours répond à la stratégie du « tous pourri», la logique du nivellement par le bas. Un soutien objectif à l’oppresseur. Un mépris pour la création et le progrès.
Cher Christophe, je termine ces lignes en t’invitant à beaucoup de distance, de recul, d’objectivité dans le traitement de cette affaire. Moi également j’aurais pu sombrer dans ton état. Je comprends que la proximité que nous pouvons avoir avec certains puisse guider nos choix. Parfois la haine fait perdre la lucidité. Il faut beaucoup de courage. Moi ma distance sur cette affaire, et tu le sais, je la dois, à mon éditeur qui s’est donné corps et âme afin que nous puissions avoir un travail qui servira le peuple et non les rancœurs de deux ou trois individus. C’est à cela que je t’invite.
Je ne suis certainement pas un bon journaliste. Mais anciens patrons Haman Mana ou encore Xavier Messe doivent le savoir. Mes anciens collègues et amis dans la presse: Romuald Nkonlak, Claude Tadjon, Jean Bruno Tagne, Cabral Libi, Roger Kiek De Kiki, George Alain Boyomo, Yannick Yemga, Rodrigue Ntongue ou encore Serge Lionel Nnanga vous diront certainement des choses les plus incroyables sur moi. Mais la seule chose à laquelle j’ai tenu à travers «l’avion du président», c’était de rester professionnel. Il fallait écrire un livre qui permette d’avoir un regard plus large, plus dynamique, sans toutefois avoir la prétention de dire la vérité. Car personne ne sait où se trouve la vérité. «Je ne suis pas certain d’avoir démêlé l’écheveau de cette affaire. Je ne suis pas certain de tout connaître. Peut-être ai-je été manipulé, car personne ne peut maîtriser jusqu’où la manipulation peut aller,mais il existe des instants, des hasards, des situations où l’on redevient soi-même. Ce sont ces instants que j’ai exploités dans cet ouvrage. Ces zones d’ombre qui créent la confusion. Ces décisions prises, dont les explications ne tiennent pas la route» (page 22).
Boris Bertolt
Auteur de l’ouvrage, L’avion du président, Éditions du Shabel, Yaoundé, 2016, 247p.