Après avoir dénoncé les actes inamicaux du Cameroun dans l’affaire Savannah Energy, le Tchad passe à la vitesse supérieure avec la création d'une société anonyme dénommée Tchad Petrolium Company (TPC). L’annonce a été à l’issue du conseil extraordinaire des ministres tenu ce 24 avril 2023.
A la lecture du communiqué sanctionnant cette réunion de haut niveau, il ressort que la création de cette nouvelle société s’inscrit dans la droite ligne de nationalisation par le Tchad des actifs et tous les droits d’Esso Tchad, filiale de la société américaine Exxon Mobile.
« Il s'agit en effet de créer une entité permettant de rassurer les ex employés d'Esso des Tchadiens formés qualifiés et expérimentés ainsi qu'aux ex sous-traitant qui assurent la continuité de la production et la gestion du pipeline permettant ainsi de combler le vide juridique crée par le départ de Esso du Tchad », indique le communiqué qui poursuit : « Cette société , Tchad Petroleum Company (TCP) sera un opérateur des champs pétroliers et du pipeline à la différence de la société des hydrocarbures du Tchad qui est membre du consortium. Etant une nouvelle entité, elle pourra faire recours pour son développement à des sociétés tchadiennes ou étrangères ».
Le Tchad s’oppose au rachat des parts d’Exxon Mobile par Savanna Energy et refuse de participer à l’Assemblée générale et au conseil d’administration de COTCO qui se tient ce jour en France. Les autorités tchadiennes reprochent au Cameroun de ne pas jouer franc jeu en rachetant 10% des parts de la « nébuleuse » Savanna Energy.
Au Cameroun, le gouvernement ne s’est pas prononcé sur le sujet mais des cardes du parti au pouvoir montre la voie.
« L’entreprenariat est libre. Les gens qui détiennent les actions sont libres de les vendre à qui ils veulent. C’est le principe… C’est ce qui se passe aujourd’hui entre l’Etat du Tchad et Savannah qui n’est pas une nébuleuse. Exxonmobil au bout d’une vingtaine d’années d’exploitation se rend compte aujourd’hui qu’il ne trouve plus son intérêt dans cette affaire. Donc, il peut vendre. Et il vend au plus offrant. Dans le cas d’espace, c’est Savannah. Et dans cette opération, ça nous (Cameroun) permet également de solidifier notre participation à Cotco au Cameroun où nous étions fort minoritaires et nous achetons donc dix pour cent. Je crois que le fait de se retrouver dans un schéma comme celui-là inquiète le Tchad», a déclaré Samuel Moth, député du RDPC.