Souvenez-vous : à l’échéance présidentielle d ’ octobre 2018, une bourde suspecte fut commise d’interdire les meetings populaires aux équipes du parti de la flamme, privilégiant le porte-à-porte. Trouvaille géniale, s’il en fut. L’objectif masqué de ce grossier stratagème en étant de libérer l’espace public aux concurrents bruyants du Rdpc et de faire entendre de lui comme un silence de mort. On dit qu’il a fallu un regain d’âme du rusé homme-lion lui-même, pour étouffer cette roublardise calculée.
Aujourd’hui, la matoiserie repose sur un endormissement des militants du Rdpc, à l’idée d’avoir mis hors-jeu Maurice Kamto. Il se susurre, en effet, qu’à l’approche des législatives et autres élections locales advenant après son échec à la présidentielle de 2018, le tireur de penalties fut convié à une réunion secrète (dévoilée ?) tenue dans une ville de la région de l’Ouest, autour d’un très haut commis de l’Etat, grand militant du Rdpc.
L’enjeu y était de l’induire à ne point présenter de candidat de son parti, le MouveS ment pour la renaissance du Cameroun (Mrc), aux dits scrutins. Ce, contre la somme mirobolante de 1 milliard de Fcfa, rassemblés par les opérateurs économiques de la région en question, soucieux de sauvegarder leurs intérêts économiques. L’on murmure que 500 millions de Fcfa lui furent versés séance tenante, le reste attendant de voir l’abstention de son parti à ces échéances. Vrai ou faux ? Et comme « un tiens » vaut mieux que « deux tu l’auras », le gars ne cracha pas sur le pactole et tint parole. Nul démenti n’a été entendu à ce sujet.
Subséquemment, les déchirements de son parti se firent entendre. Les chantres du Rdpc, espérant avoir ainsi muselé un de leurs adversaires le plus redoutable chantèrent, dansèrent et s’assoupirent. Le gros piège s’ouvrit ainsi à leurs pieds, auquel ils ne risquaient pas d’échapper, puisqu’habilement tendu par un des leurs, parmi les plus calibrés. Car, profitant de leur assoupissement dogmatique, Maurice Kamto peut désormais s’engouffrer dans la voie régalienne de la conquête du pouvoir politique. Il n’a pas dit son dernier mot. Pour sûr, une élection présidentielle est individuelle et non celle d’un parti politique. Il n’a donc pas besoin d’être le candidat du Mrc. D’autres voies légales s’offrent à lui.
EGOTISME OUTRANCIER
Notre loi électorale autorise des candidatures indépendantes à l’élection présidentielle, à la condition d’être soutenues par des élus du peuple, à raison de 10 signatures de soutien dans chaque région. Ce chemin ressemble à une aporie pour le tireur de penalties, étant donné la connotation politique actuelle du parlement et des autres représentations locales. Il est vrai, dans la pratique politique, la trahison n’est jamais à exclure de la part des acteurs. Qui sait ? Maurice Kamto, en prévision à cette hypothèse peut avoir géré son butin avec parcimonie, envisageant de s’acheter des âmes de damnés ciblés d’avance… dans la foulée des réunions du dimanche. Une telle voie demeure difficultueuse, certes. Alors il lui en reste une, béante, balisée par l’égotisme outrancier des apparatchiks du régime. Et cupides et malhonnêtes. Arrogants et méprisants, prétentieux itou. Comme sortis tous de la cuisse de Jupiter !
Kamto recrutera son électorat dans ce petit peuple meurtri et aigri. Outré dans son amour propre et dans sa dignité et dont le rêve le plus profond est de se débarrasser de l’engeance au pouvoir, avec tous les siens, à qui il impute son mal-être, à tort ou à raison. Tout y passe : le délitement du tissu social, avec des indicateurs criards contre lesquels les explications sulfureuses des dirigeants sont de nul effet. Le petit peuple les mesure à son vécu quotidien : la famine dans les ménages, la vie chère, de plus en plus chère ; les pénuries d’eau et d’électricité ; le chômage des jeunes avec toutes ses conséquences incalculables ; la prolifération des églises réveillées : bruyantes mais assoupissantes (Karl Marx n’a-t-il pas dit que la religion est l’opium du peuple ?) ; la recrudescence des agressions dans les quartiers et les faubourgs urbains ; les crimes dits rituels ; l’insalubrité des grandes agglomérations qui ploient sous des immondices ; les catastrophes naturelles mortelles à répétition ; la défectuosité des voies de communication ; la récurrence des accidents mortels de circulation ; les exactions des élites sur les populations villageoises, à savoir des représailles violentes sur celles soupçonnées seulement d’avoir osé penser, l’accaparement de leurs terres dans l’arrière-pays contre presque rien …
Déjà, des réseaux sociaux, créés à dessein, cristallisent résolument dans des articles tendancieux, cette haine écumée et préparent les esprits à une implosion sociale. Ces griefs, tout ce mécontentement sourd des populations, créé et entretenu par des individus suffisants, opulents et radins, Maurice Kamto peut le mettre à profit dans le cadre de sa campagne électorale.
DEAL
De quels moyens efficaces dispose alors le tireur de penalties pour postuler à la magistrature suprême à la toute prochaine échéance ? Il lui suffira de brandir, par exemple, une somme de 100 millions de Fcfa à l’un des présidents dont les formations sont représentées au parlement, pour que l’un d’entre eux accepte de porter sa candidature. L’on peut présumer que d’aucuns parmi ces dirigeants politiques n’ont jamais vu autant d’argent à la fois. Et pourquoi le refuseraient-ils, eux à qui le Rdpc n’a donné que des coups !
Et si, en sus, Kamto propose à icelui, en cas de victoire à l’élection, un poste de Premier ministre et quelques entrées au gouvernement pour quelques-uns de ses militants truculents, qui dédaignerait un tel deal ? Alors Kamto, de son côté aura beau jeu de surfer sur son ouverture politique démocratique. Mais qui, qui donc dans le Rdpc, en dehors de l’homme-lion lui-même aurait assez d’influence pour fédérer les énergies, afin de faire pièce à une telle bourrasque ? Un Rdpc laminé par des batailles intestines de positionnement en vue de la succession au trône ! Le retrait de la scène politique de l’homme-lion (secrètement souhaité par les tartuffes) y sonnerait la nuit des couteaux. Je vous salue !