Une page politique vient de se tourner au Ghana et une autre a été ouverte. La nouvelle page est blanche, il faudra désormais la remplir en tenant les nombreuses promesses faites au peuple au moment de se faire élire. John Dramani Mahama est le nouveau président choisi par les électeurs.

C’est désormais officiel, après que le Ghana a achevé samedi soir le scrutin pour aborder une nouvelle étape de sa vie sociopolitique, nous sommes en mesure de confirmer que John Dramani Mahama est le vainqueur. Ce n’était presque pas un secret, la victoire se jouait entre lui et le vice-président sortant et candidat du Nouveau parti patriotique (NPP), Mahamudu Bawumia.

Les élections présidentielles et législatives ont été organisées dans le pays dans un contexte particulièrement difficile où les habitants étaient exaspérés de la gestion de l’État et des conséquences de cette gouvernance jugée en deçà des attentes.

John Dramani Mahama est maintenant attendu pour redresser la barre et redonner au peuple ghanéen l’espoir d’un lendemain meilleur, avec des conditions de vie davantage améliorées sur le court et le moyen terme.

Mahamudu Bawumia très fair-play

Le vice-président du Ghana, Mahamudu Bawumia a accepté de façpn fair-play sa défaite aux élections et a tenu a félicité le vainqueur : « Le peuple a voté pour le changement », a-t-il dit.

Mahamudu Bawumia, homme d’État né le 7 octobre 1963 à Tamale, a fait savoir que les résultats montraient sans l’ombre d’un doute que John Dramani Mahama avait gagné de manière décisive, tandis que le Congrès national démocratique (NDC), parti de l’opposition, a aussi remporté les élections parlementaires.

Ce sont en tout 18,7 millions d’électeurs qui se sont inscrits sur les liste électorales. Ils ont eu à choisir entre 12 candidats à la présidentielle. Le vice-président sortant Mahamudu Bawumia s’est heurté à plus fort que lui.

La page Nana Akufo-Addo tournée

Le président sortant Nana Akufo-Addo a eu l’idée d’annoncer sa démission après avoir atteint la limite officielle de deux mandats. Bawumia a été désigné comme son remplaçant naturel.

Le passage de Nana a été marqué par des périodes bonnes et moins bonnes. William Addo Dankwa Akufo-Addo, de son nom complet, est né à Accra, issu d’une importante famille de la royauté et de la politique ghanéenne. L’homme politique commence ses études primaires à l’école de garçons du Gouvernement à Adabraka et ensuite à l'école anciennement appelée Rowe Road avant de s’envoler au Royaume-Uni pour l’obtention de son O-level et son A-level. Son cours de philosophie, politique et d'économie, il l’a commencé au New College à Oxford en 1962. Il est rentré au Ghana en 1962 pour enseigner à l’Accra Academy, avant d'étudier l'économie à l'université du Ghana en 1964. Le 10 octobre 2022 plus précisément, il est fait Docteur Honoris Causa par l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne.

Quid de John Dramani Mahama ?

Le nouvel homme fort du Ghana est né le 29 novembre 1958 à Damongo. Il est aujourd’hui âgé de 66 ans. Il était déjà président de la République du Ghana, du 24 juillet 2012 au 7 janvier 2017. Lui, il a fait ses études primaires à l'école expérimentale Newtown d'Accra avant d’aller au pensionnat de l’école primaire d’Achimota. C’est à l’école secondaire de Tamale qu’il a terminé ses études secondaires, allant ensuite poursuivre ses études à l’université du Ghana, à Legon, où il a obtenu une licence en histoire en 1981 et un diplôme de troisième cycle en études de communication en 1986.

Il fut député à partir de 1997, ministre de la Communication du président Jerry Rawlings de 1998 à 2001 et élu vice-président de la République le 28 décembre 2008 aux côtés de John Atta Mills. Le 24 juillet 2012, Mahama a remplacé John Atta Mills qui est mort à l’âge de 68 ans à la suite d’une courte et brutale maladie. En décembre 2012, lors de l’élection présidentielle3, il a été réélu et investi dans ses fonctions le 7 janvier 2013 malgré une opposition très contestataire. L’homme est donc un habitué de la maison dont il connait les rouages.

Pourquoi Mahama est-il l’homme de la situation ?

Le contexte brièvement effleuré est tel que le Ghana était pressé de trouver un successeur au président Nana Akufo-Addo. Les populations ont voté dans le calme, la plupart d’elles faisaient clairement savoir qu’elles voulaient du changement parce que la situation économique est très difficile.

Le Ghana, pourtant premier producteur d’or d’Afrique, est plongé dans une crise étouffante qui a nécessité un prêt de 3 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI). Depuis vendredi soir, le gouvernement a fait fermer de façon temporaire toutes les frontières terrestres jusqu’à la journée du dimanche pour « assurer l'intégrité du vote », a indiqué le ministère de l’Intérieur dans un communiqué rendu public.

Au Ghana dont la population est estimée à plus de 34 millions en 2023, le Nouveau parti patriotique (NPP) et le Congrès national démocratique (NDC) se sont partagé le pouvoir depuis 1992. Le slogan de campagne de Mahamudu Bawumia était "Break the 8", faisant référence à la limite de deux mandats de 4 ans du président sortant, choisi pour casser la dynamique populaire consistant à être rigide sur le nombre de mandat à faire avant de laisser sa place.

Au cours des derniers mois, comme l’indique France 24, l’inflation dans le pays est passée de 54 % à environ 23 % et « d’autres indicateurs économiques se sont stabilisés. Mais de nombreux Ghanéens restent préoccupés par le coût de la vie et le chômage ». Ce sont les véritables problèmes que pointent les citoyens.

Cela a certainement fait pencher la balance du côté de John Mahama, le nouveau visage, en tout cas plus nouveau que Mahamudu qui n’est perçu que la continuité de Nana Akufo-Addo. Le nouveau président a promis de « réinitialiser » le Ghana et d’introduire une « économie de 24 heures » en prolongeant les heures d’ouverture des industries pour créer des emplois et augmenter la production. Son second passage à la tête du pays sera-t-il plus réussi que le premier ? Rendez-vous dans 4 ans pour le bilan.